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Présidentielle

Débat présidentiel: les forces et les faiblesses de Macron et de Le Pen

Marine Le Pen, les journalistes Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, Emmanuel Macron arrivent sur le plateau du débat télévision de l'entre-deux tours, à la Plaine-Saint-Denis (nord de Paris), le 3 mai 2017.

Marine Le Pen, les journalistes Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, Emmanuel Macron arrivent sur le plateau du débat télévision de l'entre-deux tours, à la Plaine-Saint-Denis (nord de Paris), le 3 mai 2017. - Eric FEFERBERG © 2019 AFP

Le président-candidat et la représentante du Rassemblement national ont chacun des atouts dans leur manche pour réussir le débat d'entre-deux-tours. Mais de sérieux handicaps peuvent également peser lourd dans la balance.

À quelques heures du match qui oppose les deux prétendants à l'Élysée, BFMTV.com vous propose une revue des atouts mais également des défauts d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen pour réussir cet exercice télévisuel très attendu.

Les forces de Marine Le Pen

Un programme maîtrisé: alors que la candidate était apparue parfois en difficulté sur certains points de son programme en 2017, l'entourage de Marine Le Pen promet une situation très différente. "Elle a beaucoup travaillé depuis 5 ans", a assuré Louis Aliot ce lundi sur France inter. "C'est le moment de sa vie", a encore avancé Jordan Bardella sur France 2 ce mercredi. Si son programme avait été principalement rédigé par son lieutenant de l'époque Florian Philippot, elle assure désormais en avoir validé chaque point, nourrie par le travail des Horaces, ce groupe de hauts fonctionnaires avec lequel elle travaille.

Un projet moins clivant: si les fondamentaux du parti restent présents dans le projet, à l'instar de la préférence nationale, plusieurs irritants ont été retirés. La sortie de l'euro n'est pas exemple plus citée, tout comme l'interdiction de la double nationalité pour les Français qui possèdent également un passeport extra-européen.

Une prestation mécaniquement plus réussie: "quoi qu'il se passe, elle ne pourra être que meilleure qu'en 2017", confiait un ministre à BFMTV.com. "Un échec c'est parfois un coup de pied aux fesses", a expliqué la candidate sur TF1 dimanche dernier.

Les faiblesses de Marine Le Pen

Ses revirements : Marine Le Pen a retropédalé sur l'interdiction du voile, pourtant contenue dans son programme. Après avoir assuré sur BFMTV vouloir mettre une amende aux femmes qui le portent dans la rue, "comme quand on ne mettait pas de masque", elle a changé d'avis. Après avoir été interpellé lors de son déplacement en Eure-et-Loir samedi dernier, elle évoque désormais un vote sur le sujet à l'Assemblée nationale. Cette mesure n'est d'ailleurs pas "une priorité", a assuré Jordan Bardella, le numéro un du parti ce mardi sur France info. La candidate du RN a également changé d'avis sur la retraite dont elle voulait rétablir l'âge de départ à 60 ans en 2017. Elle propose désormais de la maintenir à 62 ans, à l'exception des personnes qui ont travaillé avant l'âge de 20 ans. La députée du Pas-de-Calais qui défendait également la sortie de l'Union européenne a également changé d'avis. "Le Frexit n'est nullement notre projet. Nous voulons réformer l'Union européenne de l'intérieur", a-t-elle assuré lors d'une conférence de presse sur sa vision des relations internationales la semaine dernière.

Sa position sur la Russie: depuis le début de l'offensive russe en Ukraine le 24 février, la candidate est régulièrement questionnée sur ses liens avec la Russie. Face aux refus des établissements bancaires européens, une banque russe lui a prêté de l'argent pour financer sa campagne en 2017. Elle s'était également rendue à Moscou pendant sa précédente campagne pour rendre visite à Vladimir Poutine. Elle est également interdite de séjour à Kiev, depuis ses propos niant l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Pour désamorcer les critiques, la députée a assuré sur BFMTV le 13 avril dernier n'avoir "pas de raison" d'aller en Russie en cas de victoire, "tant que la guerre n'est pas terminée".

Les souvenirs de 2017: la prestation ratée de la candidate est restée dans tous les esprits. Mauvaise connaissance du dossier Alstom qu'elle a confondu avec celui de SFR, difficultés à justifier la sortie de l'euro, séquence lunaire des "envahisseurs"... Sa posture pendant le débat avait joué contre elle, creusant même l'écart le lendemain dans les sondages en repassant sous la barre des 40%.

Les forces d'Emmanuel Macron

Sa crédibilité et sa maîtrise des dossiers: le président sortant a dû affronter de nombreuses crises pendant son quinquennat, des Gilets jaunes fin 2019, à la guerre en Ukraine en passant par la pandémie de Covid-19. "On a un président qui a tenu, jusqu'au bout, malgré la fatigue, la pression. On peut penser ce qu'on veut de lui mais personne ne pourra lui retirer ça", assurait une ministre à BFMTV.com quelques jours avant le débat de l'entre-deux-tours. Après 5 ans au pouvoir et une présidence qui a arbitré tous les grands dossiers de la mandature, renvoyant parfois ses Premiers ministres au rang de "collaborateurs", Emmanuel Macron peut également se targuer d'avoir une excellente connaissance de tous les dossiers chauds du moment.

Son goût pour la confrontation: après une campagne de premier tour en demi-teinte, Emmanuel Macron est allé à la confrontation avec les Français, souvent sur des terres qui n'ont pas voté pour lui. À Denain, dans le Nord, qui a placé Marine Le Pen en tête le soir du premier tour, il a été interpellé à plusieurs reprises sur les retraites puis sur son "envie" "d'emmerder les Français". Au Havre, qui a plébiscité Jean-Luc Mélenchon, le candidat a eu de vifs échanges sur son projet pour l'Éducation nationale.

Ses résultats: Emmanuel Macron pourra mettre en avant la réalisation de grandes promesses de sa campagne, de la fin de la taxe d'habitation, à la réforme du bac, en passant par la baisse du chômage à 7%.

Les faiblesses d'Emmanuel Macron

Son bilan: alors que le futur locataire de l'Élysée s'était présenté comme un candidat "n'ayant jamais fait de politique avant", malgré son poste de secrétaire général adjoint aux côtés de François Hollande et son passage à Bercy, il devra désormais justifier de son bilan, notamment en matière de délinquance, l'un des points noirs de son quinquennat. Si les cambriolages ont nettement baissé, les atteintes à la personne et les incivilités ont augmenté en flèche. 64% des Français estiment se "sentir en insécurité", un chiffre en hausse de 10 points depuis l'automne dernier, d'après un sondage Fiducial-Odoxa pour Le Figaro publié en février dernier.

Ses "petites phrases": après des propos polémiques qui ont étayé tout son mandat- des "Français qui ne sont rien" au "pognon de dingue"-, Emmanuel Macron a reconnu "avoir blessé les gens" sur TF1 en décembre dernier. Quelques jours plus tard, il avançait pourtant avoir "très envie" "d'emmerder les non-vaccinés". De quoi alimenter le procès d'un président parfois considéré comme méprisant avec les Français.

Son attitude professorale: parfois jugé trop technocratique dans ses propos, comme lors de ses explications sur la réforme des retraites, "Emmanuel Macron doit à tout prix ne pas donner l'impression de faire des leçons de droit à Marine Le Pen", confiait un cadre de la majorité à BFMTV.com la semaine dernière. Pas question d'indiquer à la candidate du RN qu'elle se "trompe de fiche", comme il avait pu le faire en 2017.

Marie-Pierre Bourgeois