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Ferroviaire: la concurrence fait bien augmenter l'usage du train en France

Tous les opérateurs ont connu une augmentation de vente de billets entre fin décembre et fin août selon une étude réalisée pour Trainline. Et les prix ont (un peu) baissé sur les lignes concernées.

Une bonne nouvelle pour les voyageurs et une bonne nouvelle pour la planète. L'arrivée, certes encore très timide, de la concurrence dans le ferroviaire à grande vitesse a eu comme effet de faire grossir la part du train dans les déplacements des Français. Et de faire baisser les prix.

Selon une étude de Trainline, tous les opérateurs ont connu une augmentation de vente de billets entre fin décembre et fin août: +18% pour les TGV, +57% pour OUIGO et surtout +176% pour Trenitalia, le premier concurrent de la SNCF sur la ligne à grande vitesse Paris-Lyon-Milan.

Trainline constate ainsi une augmentation moyenne totale de 58% sur la ligne Paris-Lyon, "montrant que tout le monde est gagnant dans un marché concurrentiel".

Côté tarifs, la plateforme d'achats de billets souligne que le prix moyen d’un trajet Paris-Lyon, tous trains confondus (TGV, OUIGO, Frecciarossa/Trenitalia) est passé de 45 euros en moyenne à 42 euros depuis l'ouverture à la concurrence, soit une baisse d’environ 7%.

Une concurrence identifiée mais timide

"Nous avons également constaté que cet été, certains jours, les voyageurs pouvaient économiser jusqu'à 43 euros sur leur trajet Paris-Lyon en comparant les compagnies de train disponibles, ce qui n'aurait pas été le cas s'il n'y avait eu qu'un seul opérateur sur cette ligne. Une très bonne nouvelle pour les voyageurs français!", commente Christopher Michau, directeur des relations des opérateurs Europe chez Trainline.

Dans une étude menée par OpinionWay, il apparaît que la concurrence est désormais clairement identifiée. Trenitalia est ainsi connu par 40% des Français, suivi de Transdev à 38% et Railcoop à 14%. Au total, 54% des personnes interrogées connaissent au moins un des acteurs qui se sont positionnés comme des challengers de la SNCF depuis l’ouverture à la concurrence en 2021. Et les deux tiers en connaissent les modalités (trains concernés, quel type de lignes…).

Par ailleurs, 34% des Français mais surtout 64% des 18-24 ans estiment que la fin du monopole de la SNCF constitue un facteur incitatif à prendre le train. Du pain béni pour la SNCF notamment qui espère doubler le nombre de voyageurs d'ici quelques années.

Concurrence: "la France à la traîne", selon le régulateur

La société nationale entend donc renforcer son offre avec notamment le développement des trains de nuit, le lancement de lignes transfrontalières, la relance de certaines petites lignes et le renouvellement prochain de ses TGV. Convaincue que cette tendance durera. De son côté, Trenitalia souhaite monter en puissance en France, l'espagnol Renfe devrait se lancer tandis que des acteurs plus locaux comme LeTrain affichent de belles ambitions même si les financements ne sont pas bouclés.

Mais si la SNCF reconnaît bien volontiers que la concurrence fait grossir le gâteau, elle défend également bec et ongles son pré carré et mettrait des bâtons dans les roues de certains acteurs qui veulent se lancer. De quoi brider la concurrence sur le marché français estiment certains experts.

Car en défintive, à date, seul Trenitalia s'est lancé en France au niveau national. Dans les TER, si de nombreux appels d'offre ont eu lieu ou sont en cours, il faudra encore attendre quelques années pour voir des concurrents de la SNCF sur les rails.

Une stuation qui ne plaît guère à Bernard Roman, le président de l'Autorité de régulation des transports (ART). "L'ouverture a été une réalité dans certains pays il y a 30 ans, dans les années 1990. [...] On est parmi les derniers à ouvrir. On est plutôt à la traîne", déplore-t-il.

L'offre mais aussi la dimension écologique

Si l'arrivée de nouveaux acteurs est un levier, c'est aussi la dimension écologique du train qui fait office de catalyseur. D'où l'émergence du "train-bragging" et du "slow travel".

Ainsi, toujours selon l'étude de Trainline, 59% des Français déclarent être attentifs à l’impact écologique de leur mode de déplacement au moment de le choisir. Les jeunes de 18 à 24 ans sont 90% à intégrer ce critère dans leur choix au moment de décider de leur moyen de déplacement.

"Paradoxaux dans leur rapport à l’environnement, mais lucides à cet égard, les Français veulent voir dans l’ouverture à la concurrence un moyen de se détacher de leur dépendance à la voiture. Dès lors, cette évolution est pour la majorité d’entre eux une bonne nouvelle pour la lutte contre le changement climatique (68%)" peut-on lire.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business