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Voici le nouveau TGV M qui fera ses débuts vers le sud-est en 2024

Sur le site d’Alstom de La Rochelle, la nouvelle génération du train à grande vitesse a été dévoilée. Modulaire et économe, ce TGV de rupture doit être le bras armé de la SNCF pour doubler la part du train dans les transports en France.

"Un moment d’émotion", "le fruit de quatre ans de travail", "un fleuron révolutionnaire"... Les dirigeants de la SNCF ne manquaient pas d'adjectifs ce vendredi pour qualifier le TGV M. C'est en effet une étape industrielle importante qui vient d'être franchi ce vendredi avec la présentation au centre d’Alstom de La Rochelle d’une rame complète et fonctionnelle de ce modèle, à savoir la motrice et les voitures voyageurs.

Ce vendredi 09 septembre a été présenté à la Rochelle une rame complète du nouveau TGV M.
Ce vendredi 09 septembre a été présenté à la Rochelle une rame complète du nouveau TGV M. © Olivier Chicheportiche

Le TGV M n'est pas un TGV classique revu et corrigé, mais bien un tout nouveau train. Le constructeur Alstom est parti d’une page blanche à tous les niveaux.

Avec un investissement de 3,5 milliards d’euros pour l’acquisition de 115 rames (soit un tiers de la flotte actuelle), l’enjeu est stratégique pour la SNCF. Il doit "être le bras armé de la SNCF" pour atteindre un objectif clairement affiché par le groupe: doubler la part du train dans les transports en France.

"C’est un projet prioritaire pour la SNCF, insiste Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs. il va permettre à la SNCF de couvrir de nouveaux besoins et d’avoir une longueur d’avance sur la concurrence".

20% de capacités en plus mais surtout beaucoup de modularité

Comment? En s’appuyant sur les innovations de rupture de ce TGV développées par Alstom main dans la main avec la SNCF. La lettre "M" signifie d’abord modularité, avec la possibilité d’ajuster le nombre de voitures à la demande au plus près des besoins du marché en transformant un espace Première en seconde classe, en reconfigurant l’intérieur, en enlevant ou ajoutant des sièges, des espaces vélos ou bagages.

La motrice du TGV M est bien plus compacte que sur les précédentes générations de TGV et autorise donc 9 wagons au lieu de 8 sur les trains actuels.
La motrice du TGV M est bien plus compacte que sur les précédentes générations de TGV et autorise donc 9 wagons au lieu de 8 sur les trains actuels. © Olivier Chicheportiche

Surtout, ce train offre 20% de capacités en plus, soit 740 places maximum au lieu de 634 dans une rame classique à travers une voiture en plus (9 au lieu de 8) essentiellement grâce à une motrice bien plus compacte que les précédentes générations. Mais ce TGV pourra rouler avec 7, 8 ou 9 voitures, ce qui constitue également une première.

"C’est très important pour nous d’avoir le bon nombre de voitures, le bon nombre de voitures de Première, de Seconde, d’avoir un bar ou pas, en fonction des besoins des clients, des marchés et des destinations à la différence des TGV précédents où on était coincé avec trois voitures de Première et cinq de Seconde, on ne pouvait pas évoluer", explique à BFM Business, Alain Krakovitch, directeur TGV/Intercités à la SNCF.

Renforcer le succès du transfrontalier vers l’Italie

Ce TGV M a également vocation à rouler en Europe où les ambitions de la SNCF sont fortes, le groupe y générant déjà 30% de son chiffre d’affaires. Quinze des 115 rames commandées rouleront en effet sur des liaisons transfrontalières.

"Il va commencer à rouler vers l’Italie sur la ligne Paris-Milan, une ligne qui connaît un succès incroyable, dès 2026 au moment où les rames actuelles seront devenues obsolètes", ajoute Alain Krakovitch.

Une manière aussi de venir titiller l’italien Trenitalia qui concurrence désormais la SNCF sur cette liaison avec sa fameuse Flèche Rouge.

La SNCF met également en avant la sobriété énergétique de ce nouveau TGV "au coeur de nos travaux", insiste le dirigeant. Alors que les questions de consommation d’énergie sont aujourd’hui sur toutes les bouches (la SNCF est le premier consommateur industriel d’électricité en France), son nouveau design qui tranche avec les modèles existants avec un nez rallongé de 2,6 mètres pour plus d’aérodynamisme doit permettre aux futurs trains d'économiser 20% d'énergie et d’émettre 32% de CO2 en moins. "Mais aussi grâce aux nouveaux outils mis à la disposition des conducteurs pour optimiser la consommation d’énergie, ce qui compte c’est ce couple conducteur/matériel pour arriver à utiliser à fond toutes les capacités de ce train", souligne le responsable.

Ce vendredi 09 septembre a été présenté à la Rochelle une rame complète du nouveau TGV M.
Ce vendredi 09 septembre a été présenté à la Rochelle une rame complète du nouveau TGV M. © Olivier Chicheportiche

Des économies d’énergie et de maintenance cruciales pour la SNCF

Alstom ajoute que ces économies sont également rendues possibles par le renvoi d’énergie vers la caténaire lors du freinage et par des moteurs plus performants. Un argument de poids pour des voyageurs de plus en plus sensibles à ces questions mais aussi pour les coûts d’exploitation de l’opérateur. Tout comme les 30% de coûts de maintenance par rame en moins promis par Alstom (notamment grâce à une maintenance prédictive), un enjeu crucial pour la SNCF.

"C’est un levier important pour maintenir notre capacité d’investissement", souligne Alain Krakovitch.

Car pour le transporteur, il faudra adapter ses Technicentres mais également ses gares avec certaines modifications au niveau de la signalisation et des quais.

La SNCF a commandé 115 rames à Alstom du nouveau TGV M.
La SNCF a commandé 115 rames à Alstom du nouveau TGV M. © Olivier Chicheportiche

Quelles sont les prochaines étapes pour le TGV M? Après des premiers essais dynamiques en République tchèque dans les prochaines semaines, puis en France en 2023, débutera l’aménagement des voitures (il y a encore pas mal de travail sur les sièges) et l’installation d’une toute nouvelle voiture-bar qui s’annonce révolutionnaire, selon la SNCF.

Quant à l’exploitation commerciale, elle doit débuter en 2024 sur la liaison Sud-est, la ligne historique (et la plus rentable) du TGV. 12 rames par an seront livrées par Alstom.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business