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Trains légers, Flexy... comment la SNCF veut vous faire prendre plus souvent le train

Avec l'ambition de doubler le nombre de voyageurs sur son réseau, la SNCF mise notamment sur l'innovation avec de nouveaux types de trains de proximité pour doper le report modal vers le rail. Panorama en images.

C'est un objectif clairement affiché par la SNCF: doubler le nombre de voyageurs en dix ans dans les trains et doubler la part du ferroviaire afin que le rail assure 20% des déplacements en France contre 10% aujourd'hui.

Pour parvenir à ce but ambitieux, l'opérateur actionne plusieurs leviers. Il y a d'abord la politique tarifaire qui a été revue et le lancement de nouvelles offres comme les Ouigo lents à prix cassés.

Mais c'est en s'appuyant sur l'innovation que la SNCF entend ramener les gens à bord de ses trains. "L'innovation est la réponse à notre ambition de faire fois deux, c'est une exigence climatique. Il faut rendre le choix du train évident", souligne Carole Desnost, directrice des technologies, innovation et projets groupe.

Sortir complètement du diesel en 2035

D'où la volonté très forte de faire rouler des trains propres sur les parties du réseau non électrifié (50% du total, 20% du trafic), essentiellement régional et local, avec des rames hybrides (diesel et électrique), à hydrogène ou alimentées en agrocarburants. Rappelons que l'enjeu est de sortir complètement du diesel en 2035 sans avoir à consentir de colossaux investissements pour électrifier des lignes.

Le train à hydrogène iLint d'Alstom
Le train à hydrogène iLint d'Alstom © OC

Ces trains, opérationnels, ont été commandés par plusieurs régions et rouleront dans les prochaines années (entre 2022 et 2025). Ils répondent à une attente forte des régions (qui exploitent les TER) et des utilisateurs.

"Nous avons accéléré notre manière de travailler pour accélérer le report modal tout en sachant que nous travaillons en même temps sur du temps long, un train a une durée de vie de 40 ans, il faut faire les bons choix", explique la responsable qui met en avant l'évolutivité de ces trains propres ou encore le fait qu'ils s'appuient sur des composants utilisés par d'autres industries, comme les bateries.

Désormais, la SNCF se concentre sur le temps d'après. Celui de la proximité. Souvent critiqué pour avoir abandonné la desserte fine du territoire au profit du tout TGV, le transporteur planche depuis quelques années sur des solutions pour régénérer des petites lignes ou au moins faire en sorte que des habitants de zones mal desservies, à cause de fermetures de petites gares, abandonnent leurs voitures et reprennent le train.

Problématique du dernier kilomètre

Plusieurs de ces solutions ont été dévoilées ce mercredi par la SNCF et pourraient être opérationnelles dans les prochaines années. Il y a d'abord les "petits trains et trains légers", des rames sur batteries (250 kilomètres d'autonomie) pouvant rouler sur de petites lignes mais interconnectables avec le reste du réseau. Ils ont vocation à renforcer les TER.

TER léger de la SNCF
TER léger de la SNCF © SNCF
TER léger de la SNCF
TER léger de la SNCF © SNCF

"Ils visent des zones où il y a très peu de clients et permettent d'éviter la fermeture de lignes ou de gares. Comme ils sont plus petits et plus légers, ils sont moins chers à l'achat pour les collectivités ou les régions", explique Carole Desnost.

Développés par un consortium composé de Alstom, CAF et Lorh, ils pourraient être mis en service en 2028/2029.

Pour redynamiser les lignes d'une centaine de kilomètres aujourd'hui faiblement exploitées, la SNCF a développé Draisy, un petit train léger complémentaire des TER pouvant embarquer 80 passagers à 100 km/h.

Draisy de la SNCF avec son système de recharge à quai
Draisy de la SNCF avec son système de recharge à quai © SNCF
Draisy de la SNCF
Draisy de la SNCF © SNCF

Il est 100% sur batterie (car l'essentiel de ces petites lignes ne sont pas électrifiées) pour une autonomie de 150 kilomètres. La recharge peut se faire à quai grâce à de nouveaux équipements mis au point. L'objectif serait une mise en service en 2028.

Enfin, encore plus innovant, l'opérateur a dévoilé Flexy, une petite navette sur batterie conçue par le français Milla pouvant embarquer 9 personnes. Elle a la particularité de rouler sur goudron (là où de petites voies ont été recouvertes) mais aussi sur les voies ferroviaires désaffectées grâce à un ingénieux système de roues hybrides (route/rail) développé en partenariat avec Michelin.

Maquette de la navette Flexy de la SNCF
Maquette de la navette Flexy de la SNCF © OC/SNCF
Navette Flexy: la roue hybride route/rail développée par Michelin
Navette Flexy: la roue hybride route/rail développée par Michelin © OC/SNCF
Flexy de la SNCF
Flexy de la SNCF © SNCF
Flexy de la SNCF
Flexy de la SNCF © SNCF

Faire rouler plus de trains sur le réseau grâce à la digitalisation

Il s'agit clairement de répondre à la problématique du dernier kilomètre, notamment quand la gare est éloignée de son habitation. "L'idée est d'amener des gens depuis les zones rurales vers des gares" sous forme de navette, souligne la responsable. "Le concept est labellisé et intéresse d'ores et déjà beaucoup de régions. Flexy pourrait être commercialement exploité à partir de 2026.

"Toutes ces solutions doivent permettre de réattirer ceux qui avaient abandonné le train pour des questions d'accessibilité, de distance avec la gare par exemple. Cette deuxième vague doit redonner cette envie de prendre le train", résume Carole Desnost.

Encore faut-il qu'elles soient achetées par les régions, les collectivités qui investissent déjà dans les rames à hydrogènes et hybrides. La question est de savoir si la volonté forte de proposer ces nouveaux moyens de transports (et la pression des citoyens) pourra être financée par des régions toujours plus sous pression au niveau budgétaire.

Enfin, attirer plus de voyageurs passe aussi par un nombre de trains plus important sur le réseau. La digitalisation des infrastructures et notamment de la signalisation (afin de réduire les espaces entre les trains qui circulent), la 5G, le train autonome (mais avec conducteur) sont autant de leviers pour y parvenir.

"La digitalisation de l'exploitation permettra par exemple d'ajouter 3 trains par jour sur l'axe Paris-Lyon et passer ainsi à 16 rames en circulation", résume la directrice. Plus de trains sur le réseau, c'est aussi plus de chiffre d'affaires et un élément de différenciation fort avec les nouveaux concurrents de la SNCF, notamment Trenitalia et bientôt la Renfe.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business