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Transports

TER: la SNCF fera rouler des trains hybrides dans quatre régions en 2023

Combinant le diesel et des batteries électriques, ces rames permettent de réduire de 20% la consommation de carburant et font partie de l'arsenal de la SNCF pour parvenir à son objectif de zéro émission carbone en 2050.

La SNCF poursuit ses efforts dans la décarbonation du matériel roulant. Il faut en effet se souvenir qu'un quart de ses trains roulent au diesel et que 40% de son réseau n'est pas électrifié, essentiellement des lignes locales et régionales.

Etant donné que ni l'Etat, ni les régions n'ont les capacités financières pour électrifier tout le réseau (le coût est colossal: 1 million d'euros du kilomètre), la stratégie déployée par la SNCF est de faire rouler du matériel vert sur les lignes ou les tronçons de ligne non électrifiés. Les ambitions sont hautes: sortir du diesel en 2035 et être à zéro émission de CO2 en 2050.

Pour y arriver, l'opérateur et son partenaire industriel historique, Alstom, développent de nouveaux types de motorisation. Il y a d'abord le train à hydrogène, techniquement prêt. En 2024/2025, au moins 12 de ces trains circuleront sans émettre la moindre émission de carbone dans quatre régions françaises.

Transformation de 230 rames existantes

Et il y aura également le train hybride: diesel et batteries électriques. Une solution plus rapide à déployer que l'hydrogène. Car contrairement à cette technologie qui exige de fabriquer de nouvelles rames, l'alimentation hybride ne nécessite qu'une transformation des rames thermiques existantes. Une sorte de rétrofit ferroviaire.

La SNCF et Alstom planchent sur la question depuis un an en collaboration avec quatre régions (Grand Est, Nouvelle Aquitaine, Centre Val-de-Loire et Occitanie-Pyrénées).

Montant de l'investissement pour toutes les parties prenantes: 16,8 millions d'euros. Après 8 mois d'essais concluants et 10.000 kilomètres parcourus par un prototype, le volet technique du projet a été validé.

TER hybride
TER hybride © Alstom

230 rames régionales diesel d'Alstom circulant actuellement sur le réseau peuvent dès aujourd'hui être transformées en trains hybrides. Les régions partenaires vont pouvoir "passer commande" à la SNCF et à Alstom pour procéder au rétrofitage de ces rames. L'objectif est de lancer le service commercial au 2e trimestre 2023, d'abord dans les régions partenaires.

Comment ça marche? L’hybridation de la rame a consisté à remplacer la moitié des moteurs thermiques par des systèmes de stockage d’énergie composés de batteries lithium-ion. Ces dernières sont alimentées par l'énergie générée par le freinage des trains. Le taux de récupération atteint 90%.

Le système de stockage d'énergie du TER hybride
Le système de stockage d'énergie du TER hybride © Alstom

En mode batterie lors des circulations en ville, à quai

Pour quels résultats? L'utilisation des batteries permet une réduction de carburant de 20%, expliquent la SNCF et Alstom, sans réduction de la capacité du train ou de sa vitesse. Le mode zéro émission (donc seulement sur batterie) offre une autonomie de 23 à 27 kilomètres. Cela paraît peu mais en fait il s'agit de passer en mode batterie en environnement urbain ou à quai. De quoi réduire les émissions de CO2 en ville mais aussi les nuisances sonores, le mode électrique étant bien moins bruyant.

En mode hybride, les performances du train ne sont pas altérées, tout comme l'autonomie globale qui demeure à 1000 kilomètres. Par contre, pour les régions qui exploitent et financent ces trains, la SNCF promet des coûts d'entretien et de maintenance moins élevés qu'avec des rames 100% diesel. Mais ni Alstom, ni la SNCF n'ont voulu préciser le coût de transformation des trains.

Si aucune commande ferme de régions n'a encore été signée, la SNCF et Alstom sont confiantes. Les régions sont clairement engagées dans le verdissement de leurs réseaux ferroviaires. Et celles qui ont ont participé au projet expliquent que les commandes seront "évidemment" passées. Comme en Nouvelle Aquitaine qui entend transformer sa vingtaine de rames en circulation. Mais il faudra d'abord que ces trains soient certifiés, notamment au niveau de la sécurité, ce qui devrait être fait cette année, explique la SNCF.

Hybride, hydrogène, la SNCF n'entend pas s'arrêter là. Comme le souligne Christophe Fanichet, patron de Voyageurs SNCF, l'objectif zéro émission nécessitera d'autres innovations. Le transporteur planche également sur les trains alimentés en agro-carburants à l'image de ce qui se fait dans l'aérien.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business