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Transport aérien: les agro-carburants ont le vent en poupe

Alors que l'avion à hydrogène s'inscrit dans une perspective assez lointaine, le SAF (sustainable aviation fuel) peut d'ores et déjà être exploité pour réduire les émissions de carbone du transport aérien.

Le secteur aéronautique accélère dans la décarbonation des avions. Alors que le transport aérien génère entre 2 et 3% des émissions de CO2 dans le monde, compagnies et constructeurs sont sous pression pour réduire au plus vite ce bilan.

Si l'hydrogène est cité comme exemple pour remplacer à terme le kérosène, contrairement à l'automobile, son adaptation à l'aviation prendra encore pas mal de temps. Pour répondre à l'urgence, les grands avionneurs comme Airbus plaident pour une utilisation renforcée du SAF (sustainable aviation fuel) ou agro-carburant disponibles d'ores et déjà.

Composé aussi bien de végétaux que de déchets biologiques, le SAF permet de réduire les émissions de CO2 jusqu’à 80% par rapport aux carburants aéronautiques conventionnels.

Massifier pour réduire les coûts

C'est une "technologie naissante aujourd'hui, pour qu'on atteigne nos objectifs, il va falloir qu'elle se développe dans une proportion très différente de ce qu'elle est aujourd'hui", expliquait il y a quelques jours sur BFM Business, Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus.

Et d'ajouter: "Il y a un potentiel à très court terme d'aller très vite sur les bio-carburants pour autant que cette filière se développe c'est-à-dire que les compagnies aériennes soient prêtes à accepter d'acheter des carburants un peu plus chers".

Pour autant, les compagnies aériennes sont très réticentes à augmenter leurs coûts surtout dans ce contexte de post-crise.

"Alors que nous réaffirmons notre engagement envers les priorités environnementales de l’industrie aéronautique mondiale, il est également très important pour le groupe que l’utilisation du SAF soit non seulement respectueuse de l’environnement, mais également économiquement viable", rappelle ainsi Mikhail Poluboyarinov, PDG du russe Aeroflot.

La massification de la production doit donc permettre de faire baisser les prix. D'où la multiplication des accords entre industriels, producteurs d'énergie et compagnies aériennes. Le dernier en date a été signé entre Aeroflot et Gazprom.

Accord entre Safran et Total Energies

Les deux entreprises russes collaboreront à la production et à l’utilisation du SAF sur leur marché national afin de l'utiliser sur les liaisons nationales et internationales, peut-on lire dans un communiqué commun ce lundi.

"Notre partenariat avec la plus grande compagnie aérienne de Russie ne fera qu’améliorer le processus de développement de carburant d’avion à faible émission de carbone", confirme Alexander Dyukov, président du conseil d’administration de Gazprom Neft (la branche aéronautique du géant russe de l'énergie).

En France, TotalEnergies et Safran (qui fabrique notamment des moteurs d'avions) annoncent également ce lundi nouer un partenariat stratégique pour accélérer la décarbonation du secteur aérien.

Il vise, "à court terme, à obtenir une compatibilité des moteurs actuels avec un taux d’incorporation allant jusque 100% de SAF et à plus long terme, optimiser l’efficacité énergétique et environnementale des couples moteurs/carburants".

Rappelons en effet que jusqu'à présent, la plupart des avions (notamment ceux d'Airbus) peuvent embarquer jusqu'à 50% de SAF sans modification des infrastructures logistiques, des avions ou des moteurs existants.

La mobilisation de la filière et l'appétence des compagnies permettent de tabler sur la mise sur le marché d'avions motorisés à 100% par du SAF à court terme. "L'équation économique est en train de changer", ajoute Guillaume Faury d'Airbus qui estime qu'un avion dont les réservoirs ne seraient remplis que d'agro-carburant est envisageable en 2035 "grâce au travail en commun, à la collaboration pour trouver les bonnes solutions".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business