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Guillaume Faury (Airbus): "les avions à biocarburant c'est aujourd'hui, l'hydrogène c'est une autre histoire"

Sur BFM Business, le président exécutif de l'avionneur souligne qu'il est possible de mettre en place rapidement des techniques pour réduire les émissions de carbone des avions car le développement de la motorisation par hydrogène prendra du temps.

La décarbonation de l'aviation est au coeur de l'Airbus Summit qui se tient actuellement. Alors que le transport aérien génère entre 2 et 3% des émissions de CO2 dans le monde, le secteur est sous pression pour réduire au plus vite ce bilan.

L'hydrogène pour remplacer le kérosène est souvent cité comme baguette magique à l'image de ce qui se passe dans l'automobile. Mais pour Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, il faut actionner d'autres leviers pour répondre à l'urgence du changement climatique.

Avec en premier lieu l'utilisation de bio-carburants (ou agro-carburants), une technologie déjà exploitable. "Les avions à bio-carburants, c'est déjà aujourd'hui", souligne-t-il au Grand Journal de l'Eco ce mercredi.

Un Airbus 100% bio-carburant pour 2035

"D'ailleurs, chez Airbus, on a un peu de frustration car tous les avions qu'on livre sont capables (d'embarquer) 50% de bio-carburant dans les réservoirs. Et c'est pas utilisé. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il y a un potentiel à très court terme d'aller très vite sur les bio-carburants pour autant que cette filière se développe c'est à dire que les compagnies aériennes soient prêtes à accepter d'acheter des carburants un peu plus chers", explique-t-il.

Reste qu'il y a encore du travail pour que ces carburants "soutenables" soient disponibles en quantité, que la réglementation évolue...

C'est une "technologie naissante aujourd'hui, pour qu'on atteinge nos objectifs, il va falloir qu'elle se développe dans une proportion très différente de ce qu'elle est aujourd'hui", reconnaît-il.

Peut-être parce que les acteurs de cette filière estimaient jusqu'à aujourd'hui que "l'aviation n'allait pas être intéressée" compte tenu du prix plus élevé de ces carburants.

"Mais toute cette équation économique est en train de changer", ajoute Guillaume Faury qui estime qu'un avion 100% à bio-carburant est envisageable en 2035 "grâce au travail en commun, à la collaboration pour trouver les bonnes solutions".

Des trajectoires optimisées pour réduire les émissions de CO2

Autre piste à creuser, les trajectoires optimisées des avions. Lors du sommet d'Airbus, un A320 a effectué le vol selon la trajectoire la plus directe possible, en effectuant une ascension et une descente continuelle, ce qui permet d'éviter les paliers et attentes à l'approche des aéroports et donc d'économiser du carburant et de réduire les émissions.

De quoi réduire de 6 à 10% la consommation de kérosène selon la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA). Tout comme l'optimisation du roulage au sol avec un seul moteur allumé. "Le trajet parfait, c'est déjà très proche de ce que fait déjà l'aviation", rappelle le responsable.

Quant aux moteurs à hydrogène, "c'est une autre histoire" reconnaît le dirigeant. "Il n'existe pas aujourd'hui et il y a beaucoup de développement technologique à faire pour avoir un avion sûr, fiable et économiquement viable. Et c'est là qu'est le défi", souligne Guillaume Faury. Le vrai décollage de l'avion à hydrogène n'est ainsi pas attendu avant 2035 pour des liaisons régionales et 2050 pour du long courrier...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business