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Pénurie: les produits qui manquent et ceux qui pourraient bientôt manquer

Depuis le début de l'année, les prix de certaines matières premières ou produits transformés ont bondi en raison d'une multitude de facteurs entremêlés. Une hausse qui fait planer le risque de pénuries. Tour d'horizon des filières touchées.

Voilà plus de trois ans que la France n'avait pas connu une inflation si forte. Traditionnellement habituée à des variations faibles - marquées néanmoins par quelques soubresauts liés principalement au cours du pétrole comme en 2018 – la France et le reste du monde entrent peut-être dans une situation un peu plus sensible. En septembre, les prix à la consommation ont encore augmenté 2,1%, selon la première estimation de l'Insee.

Hausse des prix de l'énergie et des matières premières

Si les banques centrales parient encore sur une inflation temporaire, celle-ci devrait atteindre son pic au niveau mondial à la fin de l'année, selon le FMI, avant de se stabiliser en 2022.

Pourquoi temporaire? Car elle résulte avant tout d'une hausse fulgurante de l'énergie: gaz, pétrole et désormais électricité. Les raisons sont nombreuses (relance économique, tensions géopolitiques...) mais le constat est bien là.

D'autres matières premières sont aussi affectées comme le blé tendre (qui sert à produire la farine) qui souffre des mauvaises récoltes de l'année. Le soja, le sucre ou le café sont aussi aspirés dans cette spirale haussière d'autant que le transport maritime connait un embouteillage inédit qui fait encore grimper les prix.

Une offre plus faible que la demande, cela entraîne des pénuries ou des risques de pénurie. Voici ce qu'il manque actuellement et ce qui pourrait manquer en France.

Recherche désespérément semi-conducteurs

Ils sont minuscules mais restent la pierre angulaire de tous les produits électroniques. Les semi-conducteurs manquent terriblement à tous les industriels, à commencer par les constructeurs automobiles qui doivent désormais interrompre la production des véhicules dans certaines usines, faute de ces fameuses puces électroniques. Et cette pénurie devrait durer: la demande est forte et les sites de production, majoritairement en Asie, font face à des rebonds épidémiques du Covid-19. Le retour à la normale n'est pas attendu pour cette année tandis que l'Europe veut consolider une filière sur le continent dans les années à venir.

Un papier à prix d'or

Suivant les tensions sur le prix du bois, la filière du papier serre les dents. Que ce soit du côté du papier-toilette, dont les coûts de production ont augmenté de 30%, ou de la papeterie, les conséquences seront une probable hausse des prix et des délais de livraison plus long. A terme, ce manque de papier ne signifie pas des rayons vides pour les produits d'hygiène mais probablement des difficultés pour le monde de l'édition, qui risque de réduire le nombre de tirages, davantage en raison de la flambée des prix que du manque de matière première.

Les meubles en pièces détachées

Le géant du meuble Ikea est lui aussi confronté à des ruptures de stocks. Des étagères, des chaises, des corbeilles… Environ 10% des références de produits sont manquantes dans les stocks. Les raisons sont encore multiples: la crise du Covid-19, les difficultés du transport maritime, les pénuries de matières premières… Fait étonnant: la fameuse armoire PAX n'est actuellement produite qu'en blanc pour faciliter la production. D'autres grandes chaînes, comme Conforama, assurent néanmoins ne pas connaître encore ces difficultés.

Les matériaux se font attendre sur les chantiers

Bois, béton, plastique, acier… les chantiers tournent au ralenti faute de matériaux dont les prix ont flambé cette année. Résultat: l'activité n'a pas retrouvé ses niveaux de 2019. Au début du mois, La Fédération française du bâtiment estimait que 15% des entreprises ont peiné à continuer au moins un chantier durant l'été.

"Ce n'est pas une pénurie car, les produits, il y en a encore, mais il y a de gros problèmes au niveau des prix", soulignait néanmoins son président Franck Bernigaud.

Peur sur le textile

Chaussures et vêtements pourraient manquer d'ici la fin de l'année en Europe. Pas de quoi s'inquiéter mais certaines marques s'attendent de fortes tensions pour la fin d'année. C'est notamment le cas de Nike et d'Adidas qui fabriquent une grande partie de leurs produits en Asie du sud-est et notamment au Vietnam. Or, le pays connait de nouveaux cas de Covid-19 qui ralentissent les usines de textiles. Certains modèles pourraient donc manquer au pied du sapin tandis que les prix pourraient gonfler pour d'autres.

La chaussure n'est pas seule concernée. Du côté d'Etam, des articles et des tailles manquent "dès aujourd'hui" dans les boutiques, a prévenu cette semaine le co-gérant de l'entreprise, Laurent Milchior, sur le plateau de BFM Business.

Le vélo patine

Principalement produits en Asie, les vélos manquent aussi à l'appel. Confrontés à la fois aux pénuries de composants, de matières premières et à la hausse des prix du fret affectent, la filière accuse le coup en livrant au compte-gouttes les clients. Une situation qui devrait durer au moins jusqu'à l'année prochaine.

Le manque de jouets n'amuse plus

A trois mois de Noël, la question commence doucement à tarauder les parents. Pourront-ils répondre favorable à la liste faite au Père Noël? Là encore, les deux géants mondiaux du secteurs Hasbro et Mattel avaient mis en garde contre des pénuries.

Sur BFM Business, le PDG de Jouéclub s'est montré cette semaine rassurant. "On a commencé il y a un an, on a anticipé un certain nombre de problèmes liés au Covid et on a anticipé les livraisons. Par rapport à la même date l'année dernière, on a environ 20% de stocks en plus dans les magasins", explique Jacques Baudoz.

Même son de cloche chez le concurrent PicWicToys. "Il y aura quelques pénuries de jouets à Noël, un peu plus que les autres années mais il y aura des jouets pour les enfants. Il n'y aura pas de problème de quantité de jouets au global", avait indiqué Romain Mulliez, président de PicWicToys et co-président de la Fédération des Commerces spécialistes des jouets et des produits de l'enfant.

Ce qui ne devrait pas manquer

Les craintes de pénuries en chaîne doivent néanmoins être pondérées. Si certains prix peuvent augmenter, cela ne signifie pas des rayons vides, comme c'est par exemple le cas au Royaume-Uni. Ainsi, on ne manquera ni de pâtes, ni de farine, ni de papier-toilette car ces produits sont fabriqués en France. Pas de problème d'acheminement, donc.

De la même façon, pas de black-out électrique à prévoir grâce au mix énergétique français (principalement le nucléaire) tandis que les stocks de gaz naturel sont désormais pleins, contrairement à certains de nos voisins. L'essence, si elle pourrait coûter plus chère, ne devrait pas non plus manquer. Cette surchauffe générale des prix est censée s'atténuer courant 2022.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business