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TOUT COMPRENDRE – Gaz, électricité, essence... pourquoi les prix de l'énergie flambent

Gaz, pétrole, électricité… L'Europe fait face à une forte hausse des prix et certains pays peuvent même craindre des pénuries cet hiver. Retour sur un emballement multifactoriel.

Depuis plusieurs mois, le prix du gaz grimpe notamment en Europe où une véritable crise énergétique est en train d'émerger. Entre la relance économique et les difficultés d'exportations, c'est un mauvais alignement des planètes qui pénalise les consommateurs.

• Pourquoi observe-t-on une flambée du gaz?

En réalité, les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) affichent une forte hausse depuis plusieurs mois. Pour une partie des Français chauffés au gaz, la véritable répercussion aura lieu le 1er octobre prochain avec une hausse des tarifs règlementés du gaz de plus de 12%. Cette augmentation est décidée par la Commission de régulation de l'énergie qui répercute aux consommateurs le prix d'achat du gaz sur le marché par le fournisseur historique Engie.

Et plusieurs raisons expliquent l'envolée des prix. Tout d'abord, la reprise économique mondiale a entraîné une très forte demande dans le monde entier, notamment en Asie. C'est d'ailleurs la même chose pour le pétrole (et donc sur le carburant).

A cela s'ajoute la nécessité pour l'Europe et l'Amérique du Nord de préparer l'hiver prochain, en faisant des stocks. Or l'hiver dernier, s'il a été considéré comme doux, a néanmoins connu des épisodes très froids aux Etats-Unis (par exemple au Texas) et en Asie mais aussi des chutes de températures tardives en Europe (notamment un gel en avril en France). Autant de facteurs qui ont épuisé les stocks et accéléré la demande en gaz au printemps à une période généralement moins tendue. Les stocks ayant été vidés, les pays s'empressent désormais de les remplir.

Dans le même temps, un des principaux producteurs de gaz a connu des difficultés pour augmenter leurs exportations: la Norvège (40% du GNL importé en France et 20% à l'échelle européenne) a toujours une de ses principales usines à l'arrêt après un incendie à l'automne 2020.

L'autre producteur majeur, la Russie, est pointée du doigt par l'Agence internationale de l'énergie, qui accuse le pays de limiter ses exportations de gaz (17% du gaz en France mais 33% à l'échelle européenne) alors que son nouveau gazoduc Nord Stream 2 continue de provoquer des tensions géopolitiques en Europe.

• Pourquoi le carburant et l'électricité grimpent-ils aussi?

C'est généralement le gaz qui a tendance à suivre le pétrole, principale énergie pour le monde entier. Là encore, la relance économique a fait exploser la demande en pétrole, et là encore, des facteurs externes ont renforcé les besoins et ont fait baisser la production. L'ouragan Ida dans le golfe du Mexique et en Louisiane fin août a perturbé la production américaine tandis que certains pays ont connu des difficultés pour augmenter leur production. Enfin, faute de gaz, beaucoup se sont rabattus sur le pétrole, faisant évidemment gonfler les prix…

Quant à l'électricité, son prix est lui aussi intimement lié à celui du gaz, notamment pour des raisons règlementaires en Europe (la question sensible des crédits carbone) et d'interconnexions du réseau sur le continent.

• Faut-il craindre des pénuries de gaz?

La France a fait le plein de ses réservoirs de gaz pour l'hiver (90%), ce qui devrait permettre de passer la saison froide sans encombres. En revanche, la situation est plutôt inquiétante dans le reste de l'Europe où le niveau de stockage est à son plus bas niveau depuis dix ans, à 74% actuellement. La situation de l'Allemagne est même alarmante car ses réserves se limitent à 66% (contre plus de 90% l'année dernière à la même époque), tandis que l'Autriche n'en dispose que de la moitié. C'est désormais la météo de cette saison hivernale qui déterminera si les stocks seront suffisants ou non pour ces pays.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business