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Semi-conducteurs: la méga-usine d'Intel pourrait finalement être répartie à travers différents pays de l'UE

Le géant américain avait l'intention d'installer une usine géante de puces électroniques dans un pays européen. Mais entre la concurrence des différents Etats et les énormes demandes de subventions d'Intel, le site pourrait finalement être fractionné.

Vers une usine "à l'échelle européenne"? C'est le projet vers lequel semble se diriger Intel pour sa future méga-usine le continent. En clair, le site pourrait être fractionné sur plusieurs pays plutôt que d'être regroupé en un seul et même endroit. "Nous pourrions placer la fabrication sur un site et l'emballage sur un autre" explique au Financial Times Greg Slater, vice-président des affaires réglementaires mondiales d'Intel. La R&D pourrait aussi être partagée entre plusieurs Etats membres. Cette solution serait la plus simple sur le plan diplomatique comme sur le plan financier.

Alors qu'une pénurie de semi-conducteurs frappe le monde entier, l'Europe souhaite faire revenir la production de puces électroniques sur son territoire. Actuellement, la majeure partie de la production se situe sur l'île de Taïwan qui peine à suivre la cadence depuis le début de la pandémie.

Concurrence en Europe

Face à cette dépendance, l'Union européenne souhaite donc atteindre 20% de la production mondiale d'ici 2030. Un objectif parfaitement entendu par Intel qui promet "un investissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars" en Europe pour installer une méga-usine.

Un projet pharaonique qui fait forcément languir les pays européens. Le patron d'Intel a été reçu par Emmanuel Macron, fin juin, dans le cadre du forum Choose France mais il a aussi rencontré le Premier ministre italien Mario Draghi. Stéphane Negre, président d'Intel France, soulignait d'ailleurs fin mai sur BFM Business que la France était un bon candidat… tout comme l'Allemagne. Ou encore les pays du BeNeLux.

En clair, Intel cherche le plus offrant, en posant des conditions financières strictes pour permettre à l'usine d'être compétitive face à l'Asie: pas moins de 8 milliards d'euros de subventions de la part du pays hôte.

Une somme qui freine probablement les ardeurs des Etats. "Nous regardons ce qui est faisable et ce qui est souhaitable" glisse au FT une source à Bercy. Un éclatement de la méga-usine pourrait donc être la solution à ce financement hors-normes tout en évitant une lutte de coudes entre pays voisins. La décision devrait être prise en fin d'année.

Reste que cet investissement européen pour relocaliser la production de puces électroniques est un pari osé tant les coûts sont élevés pour garder une certaine avance technologique dans ce domaine.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business