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Présidentielle

"Le monde d'hier", le film qui raconte la possible accession au pouvoir de l'extrême droite, inquiète ou rassure les candidats

Extrait du film Le monde d'hier

Extrait du film Le monde d'hier - Pyramides

Sorti ce mercredi, ce long-métrage décrit comment la présidente sortante tente d'éviter l'élection d'un président d'extrême droite. L'histoire résonne particulièrement à 9 jours du premier tour, alors qu'une victoire de Marine Le Pen est aujourd'hui jugée possible.

Un film pour faire basculer la campagne. Sorti ce mercredi dans les salles de cinéma, Le monde d'hier du réalisateur Diastème décrit la possible arrivée à l'Élysée de l'extrême droite. De quoi marquer les esprits à quelques jours du premier tour. Si les proches de Marine Le Pen y voient un signe de la normalisation de leur candidate, la macronie espère qu'il pourra mobiliser ses électeurs.

"Un très bon scénario" pour le RN

Dans ce long-métrage, on suit Elisabeth de Raincy, présidente de la République qui a choisi de se retirer de la vie politique. À trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, elle apprend par son Secrétaire général qu’un scandale venant de l’étranger va éclabousser son probable successeur, offrant un boulevard au candidat de l'extrême droite. L'élue décide alors de tenter de changer le cours de l'élection.

Le scénario donne le sourire au Rassemblement national, malgré le portrait sombre que dresse le film du candidat qui est censé rappeler Marine Le Pen.

"C'est un très bon scénario dans un contexte où beaucoup de choses s'emballent pour le président (une commission sénatoriale a mis en cause l'exécutif pour son recours important au cabinet de conseil anglosaxon McKinsey NDLR). Si ça peut donner envie de voter pour nous, tant mieux", se réjouit le porte-parole du RN, Philippe Ballard.

Même effet que pour Bac Nord

Même son de cloche du côté de Reconquête. "Si ça peut avoir le même effet que Bac Nord, tant mieux", avance Philippe Izraelewicz, l'un des coordinateurs régionaux des Amis d'Éric Zemmour.

Ce film de Cédric Jimenez, sorti en 2021, raconte l'histoire vraie de policiers de la BAC arrêtés et mis en prison pour avoir usé de méthodes illégales pour démanteler un trafic de drogue dans les cités marseillaises. 

Très apprécié de Marine Le Pen qui l'a cité régulièrement dans ses interviews, il est revenu sur le devant de la scène fin février, après avoir été récompensé aux Césars. Il a été projeté avant le grand oral des candidats devant le syndicat de police Alliance.

"Cette récupération politique est déplorable", avait cependant estimé le réalisateur de Bac Nord.

Du côté de Pyramide, le distributeur du Monde d'hier, on reconnaît que la sortie du film peu avant le premier tour est calculée, sans toutefois croire qu'il puisse avoir un véritable effet sur le résultat de la présidentielle.

"On s'est dit que ça avait du sens de la sortir maintenant, juste avant le premier tour. (...) Mais je ne pense pas que le cinéma ait assez de poids pour influer sur le débat public", analyse Eric Lagesse, son patron, pour BFMTV.com

Une piqûre de rappel

La République en marche apprécierait pourtant que Le monde d'hier ait un impact alors qu'un sondage Elabe pour BFMTV et L'Express ne donne plus que 5 points d'écart entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron en cas de duel au second tour.

"On a toujours considéré comme probable qu'elle soit élue. Ce film arrive à point nommé si ça rappelle aux gens le danger que représente l'extrême droite", nous confie le député LREM Sacha Houlié.

Il faut dire que la crainte de l'abstention monte au sein de l'exécutif. Alors qu'Emmanuel Macron est apparu en retrait depuis son entrée en campagne, entre la guerre en Ukraine et sa volonté de ne pas débattre avec ses concurrrents, l'heure est à la mobilisation générale.

Le président a d'ailleurs visé haut pour son premier meeting de campagne ce samedi en voulant remplir l'Arena La Défense, la plus grande salle d'Europe. Tout coup de pouce est donc bon à prendre.

"Même si ce film n'est pas forcément politique dans le sens de faire passer un message aux électeurs, il en fait forcément de par l'effet qu'il va faire sur le spectateur qui va le voir", juge de son côté le réalisateur Romain Goupil, connu notamment pour ses films et documentaires politiques.

Marie-Pierre Bourgeois