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Présidentielle: Macron a-t-il vu trop grand pour son unique meeting avant le premier tour?

Le président Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, le 18 mars 2022 à Pau

Le président Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, le 18 mars 2022 à Pau - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Pour son premier meeting de campagne, le président-sortant doit remplir la plus grande salle d'Europe. Pour éviter les rangs clairsemés et un éventuel flop dans une campagne atone, le parti récompensera les militants qui auront réussi à mobiliser leurs proches.

Une première dans l'histoire des meetings de campagne. Alors qu'Emmanuel Macron ne fera qu'un seul grand raout, samedi prochain, avant le premier tour du 10 avril, la République en marche a lancé un concours pour pousser les soutiens du candidat à faire venir "le plus grand nombre de participants" possible. Dans une campagne atone, le parti craint la salle à moitié remplie.

Il faut dire qu'en arrêtant son choix sur la Défense Arena, la République en marche a choisi la plus grande salle d'Europe avec 35.000 places. Autant dire que si le lieu fait salle comble, la macronie aura réussi une démonstration de force. Mais l'entourage du président sait aussi que des rangs clairsemés feraient très mauvais effet à une semaine du premier tour.

"Grosse pression sur l'équipe de campagne"

Pour motiver les troupes à faire venir leurs proches ou à mobiliser largement dans leur département, des cadeaux sont promis pour les participants qui auront su convaincre. Par exemple, "un moment privilégié et unique après le meeting" est à remporter, d'autres pourront encore participer au tournage "Le candidat", la mini-série de campagne ou passer une soirée au QG de campagne.

De quoi surprendre, alors que le président ne cesse de dire qu'il n'a que peu de temps, pris par la guerre en Ukraine.

"Il y a une grosse pression sur l'équipe de campagne à qui on a mis la barre très haut. Ils ne peuvent pas rater le seul meeting de la campagne. Il faut faire au moins d'aussi belles images qu'Éric Zemmour au Trocadéro ou Jean-Luc Mélenchon place de la République", juge Emilie Zapalski, spécialiste de la communication politique pour BFMTV.com.

À cet impératif, s'ajoute la difficulté à mobiliser des soutiens dans un parti qui n'a pas d'ancrage territorial. Là où le Parti socialiste (PS) ou Les Républicains (LR) ont l'habitude d'affréter des cars ou des TGV pour faire venir leurs militants de tout l'Hexagone, la République en marche (LaREM) ne dispose pas, elle, d'assez d'adhérents.

"On n'a pas de militants, on a des cliqueurs", avait d'ailleurs résumé cruellement François Patriat, le patron des sénateurs LaREM et intime du président sur Public Sénat en 2021.

Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen avaient utilisé la même méthode

Mais l'absence de maillage n'explique pas tout.

"On a une démobilisation très forte des Français dans cette élection, qui s'explique notamment par le fait qu'Emmanuel Macron fait tout pour que la campagne ne prenne pas vraiment, en refusant par exemple de débattre avec ses adversaires. Il est pris d'une certaine façon à son propre piège", analyse Florian Silnicki, le patron de l'agence LaFrenchCom pour BFMTV.com.

La méthode utilisée n'est cependant pas nouvelle. En guise de récompense, Nicolas Sarkozy avait l'habitude de rencontrer les militants qui faisaient adhérer leurs proches. Marine Le Pen avait également pris un temps l'habitude d'envoyer des photos dédicacées aux militants en cas de réadhésion au RN.

Marie-Pierre Bourgeois