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Présidentielle

Vraie crainte ou élément de langage? Le risque d'abstention de l'électorat Macron divise les marcheurs

Emmanuel Macron à Fontaine d'Ouche, un quartier de Dijon lundi 28 mars 2022

Emmanuel Macron à Fontaine d'Ouche, un quartier de Dijon lundi 28 mars 2022 - Ludovic MARIN / AFP

La macronie sonne la mobilisation générale à quelques jours du premier tour alors qu'Emmanuel Macron perd des points dans les sondages. Mais certains au sein du parti se félicitent plutôt de cette redescente dans l'atmosphère.

Ne surtout pas déjà apparaître victorieux au risque de démobiliser l'électorat. Depuis plusieurs jours, les proches d'Emmanuel Macron battent le rappel pour mobiliser les électeurs. Alors que les sondages donnent tous Emmanuel Macron largement en tête au premier comme au second tour, la macronie dit craindre une abstention massive au détriment de son candidat. Vraie peur ou stratégie de campagne? Éléments de réponse.

C'est l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe qui a mis les pieds dans le plat lors d'un meeting à Nice vendredi soir - sans la présence du candidat. "Sur un bateau, lorsque les choses ne sont pas forcément très bien accrochées, il suffit d’une petite inclinaison pour que tout parte. Rien n’est joué dans cette campagne", a lancé le maire du Havre à la tribune.

"On flippe"

"Les gens nous disent 'on le soutient' quand on discute avec eux. Mais vont-ils vraiment aller voter? Je me pose vraiment la question... On flippe pour de vrai", explique de son côté le député Sacha Houlié (LaRem) à BFMTV.com.

En macronie, on scrute avec inquiétude deux courbes: celle des intentions de vote et celle de l'abstention. La première a beau placer le président loin devant tous ses concurrents, elle est en train de se tasser. Depuis son entrée en campagne, le candidat continue de faire la course en tête mais a perdu 5 points d'intention de vote dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express. Face à lui, Marine Le Pen connaît le mouvement inverse et grignote des points pour atteindre désormais 20% des intentions de vote.

Quant à l'abstention, les instituts l'estiment entre 63% et 71% au premier tour, au niveau du record historiquement bas enregistré en 2002 (71,6 %).

Ne pas perdre à "10 jours près" comme Nicolas Sarkozy

Dans une campagne atone, d'abord freinée par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron semble avoir joué un jeu dangereux en se déclarant moins d'un mois avant le premier tour puis en faisant le choix d'éviter la confrontation avec ses adversaires.

"On a tous en tête l'histoire de Nicolas Sarkozy. Ça nous donne un peu des sueurs froides", reconnaît un député macroniste auprès de BFMTV.com.

Après sa défaite en 2012, l'ancien président avait ainsi confié qu'il lui "avait manqué 10 jours" pour être réélu. De quoi convaincre Emmanuel Macron de descendre dans l'arène pour aller au contact des Français et se mettre finalement dans les habits du candidat. Le parti a mis les bouchées doubles pour remplir les 35.000 places de l'Arena La Défense samedi prochain.

Pour ce seul meeting avant le premier tour, LREM a promis des lots pour les militants qui feront venir le plus de proches le jour J. Avec une inquiétude en tête: que les rangs de la salle soient clairsemés et que le candidat apparaisse esseulé.

Faire tourner la campagne autour des propositions du candidat

Mais les inquiétudes sont loin d'être partagées par tous les marcheurs.

"Celui qui vous dit qu'on a des inquiétudes dramatise lourdement. Oui, on a perdu quelques points depuis son entrée en campagne mais c'est bien normal et d'une certaine façon, c'est même une bonne nouvelle. Ça montre qu'il ne marche pas sur l'eau et qu'il se frotte à la réalité de la campagne", explique un député de l'aile droite à BFMTV.com.

Ces derniers jours de campagne ont d'ailleurs tourné autour de deux propositions du candidat. L'allongement de l'âge de départ à la retraite jusqu'à 65 ans a déplu. Valérie Pécresse a jugé que c'était une "pâle copie" de son programme tandis que Jean-Luc Mélenchon s'est dit en "désaccord absolu". Le versement du RSA sous condition a également fait réagir, faisant l'unanimité contre lui, à l'exception de la candidate des LR qui partage cette proposition.

Aller au contact

La déambulation à Dijon ce lundi d'Emmanuel Macron, lors de laquelle il a été interpellé par un père de famille sur ses difficultés financières, a également rasséréné quelques marcheurs de la première heure.

"Il était en forme, très heureux d'être là. Quand les gens échangent avec lui, ils sentent bien qu'il est au niveau et qu'il apporte des réponses à leurs questions. Il va multiplier ces formats-là et ce type de rencontres, ça pousse à se déplacer aux urnes, à se mobiliser", se réjouit auprès de BFMTV.com le patron des sénateurs, François Patriat, présent lors de cette viste.

Le président-candidat devrait avoir encore au moins une autre occasion d'aller au contact des Français avec un déplacement sur l'écologie dans les prochains jours. Le lieu est pour l'instant tenu secret.

Marie-Pierre Bourgeois