"Une pâle copie": pourquoi Valérie Pécresse accuse Emmanuel Macron de siphonner son programme

La candidate des Républicains estime que le président-candidat s'est inspiré de son programme pour construire sa campagne. Si des similitudes existent, l'argument lui permet de se démarquer de l'Élysée, alors que certains l'accusent de proximité idéologique avec la macronie.

Espérer que les électeurs préféreront l'original à la copie. À la peine dans les sondages, Valérie Pécresse accuse Emmanuel Macron de copier son programme pour dévoiler ses propres propositions. La méthode lui permet de se différencier du président.

"Aujourd'hui sa campagne c'est débauchage et pâle copie de mon projet sur la réforme des retraites, le nucléaire, le RSA", accuse la candidate LR ce jeudi matin dans les colonnes du Parisien.

De grandes ressemblances

Il faut bien reconnaître que le président-candidat, qui va dévoiler intégralement son programme ce jeudi après-midi, partage un certain nombre de mesures de la droite.

Le locataire de l'Élysée a par exemple annoncé lors d'une réunion publique à Poissy (Yvelines), quatre jours après son officialisation de candidature, son souhait de mettre fin à la redevance, tout comme... la patronne de la Région Île-de-France. Même constat sur la réforme des retraites. L'élu propose l'allongement de l'âge de départ à 65 ans, tout comme la candidate des LR.

Rebelote sur le RSA. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, n'a pas exclu ce mardi sur France 2 que le président mette sur la table la possibilité d'un RSA conditionné à un minimum d'activité. Si la mesure semble difficilement applicable, elle est également sur la table en cas d'élection de Valérie Pécresse.

"Valérie Pécresse est la reine du recyclage"

Preuve que l'exécutif goûte peu ces accusations rodées par des proches de la candidate depuis plusieurs jours, Marlène Schiappa y a vertement répondu.

"Valérie Pécresse est la reine du recyclage en terme de programme. Elle copie-colle les éléments des autres, une fois les nôtres, une fois ceux d'Éric Zemmour", a jugé la ministre déléguée à la Citoyenneté, ce mercredi sur Europe 1.

Les accusations portées par la représentante de la droite sont évidemment très calculées. Elles permettent de marquer sa différence avec Emmanuel Macron alors que le candidat de Reconquête ne cesse de la renvoyer à une prétendue proximité avec le président.

Se défaire de son image Macron-compatible

"Vous êtes le clone de Macron", lui a lancé Eric Zemmour lors d'un débat sur TF1 le 10 mars dernier. Les proches du candidat lui ont même donné un surnom: Madame 20h02.

"Parce qu'on sait tous qu'à 20h02, le soir du premier tour, elle appelera à voter Macron", explique Stanislas Rigault, le porte-parole de campagne de l'ex journaliste, à BFMTV.com.

Son propre camp semble parfois partager ce point de vue. "J’ai l’intime conviction qu’un positionnement trop centriste, trop macroniste, n’offrira aucune chance de gagner", avait jugé Éric Ciotti le soir du premier tour du Congrès LR.

Un argument à double tranchant

La manœuvre de Valérie Pécresse peut cependant se retourner contre elle. Si les programmes entre LR et La République en marche sont si proches, pourquoi vouloir changer de président si les politiques menées sont les mêmes?

ll y a en tout cas urgence pour la candidate qui cherche à reprendre de l'oxygène dans les études d'opinion. Malgré un léger frémissement (+ 1 point), elle ne récolte que 11,5% des voix dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express, loin derrière Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Marie-Pierre Bourgeois