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Trafic de drogue à Marseille: la police judiciaire veut aller chercher les "têtes" des réseaux "à l'étranger"

 (Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Stéphane de Sakutin - AFP

La police judiciaire cherche ainsi à déstabiliser les réseaux de narcotrafiquants en identifiant et en interpellant les figures à la tête de ces opérations, qui se trouvent pour beaucoup à l'étranger.

C'est désormais l'une des priorités de la police judiciaire marseillaise: enrayer le trafic de stupéfiants dans la cité phocéenne. Alors que les morts par balles sur fonds de règlements de compte liés à ce trafic ne cessent d'augmenter -48 désormais recensées en 2023- les autorités assurent mettre toujours plus de moyens en œuvre pour venir à bout de ce phénomène.

Dans une interview accordée à nos confrères du Parisien, le directeur zonal de la police judiciaire Sud, Dominique Abbenanti, a notamment souligné son intention de cibler tout particulièrement deux clans très impliqués dans le trafic de stupéfiants à Marseille: les Yoda et la DZ Mafia.

Un conflit entre deux clans

La préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, avait déjà expliqué au cours de l'été la "logique de vendetta" entre les deux clans, qui se disputent les territoires marseillais, laissant un nombre toujours plus important de victimes dans leur sillage.

Le conflit "impitoyable et sanglant" qui oppose les deux clans représente ainsi "73% des assassinats et tentatives d’assassinat perpétrés cette année dans la cité phocéenne", affirme Dominique Abbenanti au Parisien.

S'il n'est "pas certain" que ces deux clans soient impliqués dans la mort de la plus récente victime (un homme de 42 ans tué par balles dans la nuit du 25 au 26 décembre dans le 15e arrondissement, et bien connu des services de police pour des faits de trafic de stupéfiants), cette nouvelle mort témoigne toutefois d'une "spirale de violence inégalée".

"On a eu jusqu’à deux assassinats ou tentatives d’assassinat par jour, selon les périodes", signale le directeur zonal de la police judiciaire, d'autant que "43 membres de la DZ Mafia et 21 du clan Yoda" ont été interpellés au cours des derniers mois.

"Aller chercher" les figures à l'étranger

Malgré un nombre de morts en augmentation, Dominique Abbenanti assure que la police judiciaire a toujours "refusé de subir" les différents aspects de ce trafic de stupéfiants, et ont continué à agir pour lutter contre ces tentatives d'assassinat.

Il rappelle que les autorités sont parvenues à "déjoué deux" assassinats cette année, et ont arrêté "cinq commandos de tueurs d'avril à août".

Mais là où les figures du trafic de stupéfiants marseillais vivaient auparavant dans la cité phocéenne, beaucoup résident désormais à l'étranger, rendant le travail "plus long" pour les enquêteurs pour les arrêter.

18 figures interpellées à l'étranger en trois ans

La police judiciaire cherche désormais à "aller chercher les têtes à l’étranger", car elle estime que "ce n’est réellement que lorsque le chef tombe que l’on peut déstabiliser ces équipes de trafiquants". Elle a ainsi "renforcé la coopération policière avec Dubaï" notamment, et au cours des trois dernières années, 18 "figures du narcobanditisme marseillais" ont été interpellées à l'étranger.

En parallèle, la police judiciaire utilise également d'autres méthodes pour enrayer le trafic de stupéfiants, en ciblant par exemple les figures déjà interpellées pour les empêcher de continuer à participer au réseau depuis la prison. Des fouilles régulières peuvent être effectuées dans les cellules, et les détenus placés à l'isolement ou transférés dans d'autres établissements.

Autant de méthodes qui ont permis de mettre en examen "un donneur d'ordres de la DZ Mafia", souligne Dominique Abbenanti.

Laurène Rocheteau