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"Il a pris ça à cœur": en larmes devant Gabriel Attal, un sinistré du Pas-de-Calais revient sur son échange avec lui

Le 8 février, Jean-Michel Roland avait "craqué" lors de la visite du Premier ministre à Blendecques, signe d'une importante détresse psychologique. S'il n'est plus en colère aujourd'hui, il reste anxieux et craint de nouvelles crues à chaque épisode pluvieux.

Jean-Michel Roland est l'un des visages des sinistrés des crues du Pas-de-Calais. Touché par une quatrième inondation depuis qu'il possède sa maison à Andres, l'homme a fondu en larmes face à Gabriel Attal jeudi 8 février. Le Premier ministre était alors en déplacement à Blendecques, autre commune particulièrement confrontée à la montée des eaux au mois de janvier.

"Il ne faut pas attendre les épisodes exceptionnels comme cela. Tous les ans, quand il pleut, c'est l'angoisse. On a mal au ventre et j'ai des pensées noires. Il faut le vivre", lui a lancé Jean-Michel Roland, avant de "craquer", comme il l'a dit lui-même.

Une séquence émouvante, traduisant la détresse psychologique du sinistré. Gabriel Attal a alors posé la main sur son épaule pour le réconforter. "Je suis là pour entendre ça et trouver les bonnes solutions", a répondu le chef du gouvernement. "Il n'y a pas de honte. Vous avez le droit de craquer. Avec ce que vous vivez, il y a beaucoup de Français qui auraient déjà craqué, qui ne seraient même pas là pour en parler."

"Il a apaisé pas mal de monde"

Les mots de Gabriel Attal ont fait effet sur Jean-Michel Roland. "Je pense que (sur le plan de) la colère, il a apaisé pas mal de monde", observe le sinistré au micro de BFM Grand Littoral presque une semaine plus tard. "Il a quand même pris les adresses, les coordonnées des personnes qui n'avaient pas encore été contactées par les experts de façon à ce que les choses s'accélèrent." Et d'insister: "On voit qu'il a pris ça à cœur".

Le Premier ministre s'est engagé à rendre une nouvelle visite aux sinistrés en mars pour un nouveau point d'étape sur leur prise en charge par les compagnies d'assurance. Et même "tous les mois s'il le faut pour vérifier que ça progresse", a-t-il assuré la semaine dernière.

Une promesse à laquelle se joint le déblocage de 10 millions d'euros supplémentaires -60 millions d'euros en tout- pour conduire des travaux dans les communes frappées par les crues.

En attendant, Jean-Michel Roland tente de se reconstruire. Des experts ont fait halte à son domicile, ont pu constater les dégâts et quantifier le préjudice subi avant indemnisation.

10.000 euros de travaux de fortification

Si Jean-Michel Roland tente d'aller de l'avant, chaque épisode pluvieux fait ressurgir en lui le cauchemar des inondations.

"On mange mal, on dort très mal. Ça tape les esprits", raconte-t-il. "On n'est pas bien du tout. On a perdu confiance, surtout au niveau local. Les institutions qui gèrent les écoulements des eaux du coin, pour moi, ne font pas grand-chose ou elles s'en désintéressent pas mal", regrette-t-il.

Pour limiter les dégâts d'une prochaine crue, Jean-Michel Roland a pris les devants. L'homme s'est doté de batardeaux et de sable à enduire. Une première étape avant de réaliser des travaux de fortification tout autour de sa maison. Le montant est conséquent: 10.000 euros. Pour lui, c'est le prix à payer pour vivre sereinement au quotidien.

Jérémy Mahieux avec Florian Bouhot