Tech&Co
Tech

L'influenceuse Poupette Kenza sous le coup d'une amende de 50.000 euros pour la pub de produits interdits

Poupette Kenza dans une vidéo YouTube du 4 mars 2023

Poupette Kenza dans une vidéo YouTube du 4 mars 2023 - Poupette/YouTube

Poupette Kenza a annoncé mercredi que la DGCCRF lui a proposé de payer une amende de 50.000 euros pour des pratiques commerciales trompeuses, ce qui lui aurait permis d’échapper à des poursuites devant une juridiction pénale. Elle a indiqué avoir refusé cette amende.

La DGCCRF, des "gros voleurs finis"? Dans une série de stories sur son compte Snapchat, l'influenceuse Poupette Kenza a révélé mercredi avoir fait l'objet d'une enquête de la DGCCRF, un service du ministère de l'Économie chargé de la répression des fraudes. Les investigations ayant noté que l'influenceuse avait commis plusieurs infractions, elle a été condamnée à 50.000 euros d'amende, d'après un document publié par Poupette Kenza.

La DGCCRF a confirmé vendredi à BFMTV.com qu'"une procédure pénale rédigée à l'encontre de la société gérant son compte a été transmise au parquet de Rouen avec une proposition de transaction qui a été validée par le Procureur de la République de Rouen pour un montant de 50.000 euros".

Des bandes de blanchiment dentaire interdites en France

Il lui serait reproché de n'avoir pas toujours indiqué que certaines de ses publications étaient des partenariats rémunérés et surtout d'avoir fait la publicité d'un produit interdit en France, des bandes de blanchiment dentaire.

Il s'agissait de bandes de la marque américaine Crest, qui contiennent environ 10% de peroxyde d'hydrogène, selon une note de la Commission européenne, codétentrice du pouvoir exécutif de l'UE avec les États membres.

Stories Snapchat de Poupette Kenza, le 16 août 2023
Stories Snapchat de Poupette Kenza, le 16 août 2023 © Poupette/Snapchat

Or, dans l'Union européenne, les produits dentaires dont la concentration en peroxyde d'hydrogène est supérieure à 6% sont interdits. Ce liquide peut irriter les yeux, le nez, la peau et la gorge, selon l'agence fédérale américaine de contrôle et de prévention des maladies.

Du "vol" pour Poupette Kenza

Poupette Kenza ne semble pas voir ce qu'elle a fait de mal. "Qu'est-ce que j'en savais moi, que Crest c'était interdit?", a-t-elle dit sur Snapchat. "Crest, c'est trop bien dans tous les cas! (...) Achetez-le mes poupettes, n'importe où, achetez-le", a-t-elle ajouté dans une story qui semble avoir été supprimée depuis.

Elle a aussi fulminé face au montant de l'amende: "Des gros voleurs, j'ai les nerfs, c'est du vol! Je suis bien contente de partir et vous donner 0 impôts vous m'avez bien pouillée avant de partir" - la jeune femme de 23 ans est partie cette semaine s'installer à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

Tout cela avant d'affirmer que cela ne lui "fait rien": "Là ça m'a énervée, mais en vrai je m'en fous, c'est pas mon fils, c'est pas ma fille, c'est pas la santé, c'est de l'argent", donc "pas des choses très graves".

Crest nie tout lien avec elle

De son côté, la multinationale Procter & Gamble (P&G), propriétaire de la marque Crest, assure n'avoir aucun lien avec l'influenceuse.

"P&G ne distribue pas ce produit dans les pays de l'UE et n'en fait pas non plus directement ou indirectement la publicité ou la promotion dans ces pays", a déclaré l'entreprise à BFMTV.com.

Poupette Kenza a fait la promotion des bandes Crest par un site tiers. Celui-ci "n'est pas géré par un distributeur agréé par Crest", a aussi affirmé P&G. "L'équipe de la marque Crest a par ailleurs collaboré étroitement avec la DGCCRF lorsque l'agence enquêtait sur la campagne illégale de l'influenceuse", ajoute la firme.

Et, alors que la jeune femme a laissé entendre mercredi que Crest allait payer une partie de l'amende, la marque assure qu'elle n'a "jamais été en contact avec l'influenceuse, que ce soit au sujet de la campagne promotionnelle ou du règlement de l'amende qu'elle devra payer".

L'influenceuse refuse la procédure

Il s'agit, selon les documents publiés par Poupette Kenza sur Snapchat, d'une amende transactionnelle. Autrement dit d'une alternative à des poursuites pénales: avec l'accord du procureur de la République, la répression des fraudes peut infliger une telle amende afin d'éviter que la personne ayant commis l'infraction ne doive passer devant le juge. La personne visée peut refuser ou accepter cette transaction. Comme le souligne la DGCCRF sur son site, le refus d'une transaction financière "expose à une amende plus élevée" et à des poursuites. Poupette Kenza a fait savoir qu'elle avait refusé cette procédure.

"En cas de refus, le parquet se saisira de ce dossier", a déclaré la DGCCRF à BFMTV.com. La peine encourue pour pratiques commerciales trompeuses est de deux ans de prison et 300.000 euros d'amende.

C'est la première fois depuis 2021 qu'une telle amende visant un influenceur est rendue publique. En juillet 2021, la DGCCRF avait annoncé le paiement par Nabilla d'une amende transactionnelle de 20.000 euros. Elle avait fait la promotion d'une formation au trading sans indiquer qu'il s'agissait d'une publicité et avait assuré qu'elle rendait possible la récupération systématique de la somme investie, minimisant les risques de perte d'argent.

La répression des fraudes a augmenté cette année le nombre de contrôles d'influenceurs, a-t-elle affirmé la semaine dernière à BFMTV.com. Elle a notamment rendu publiques une dizaine d'injonctions à cesser des pratiques commerciales trompeuses, que les influenceurs doivent eux-mêmes afficher sur leurs réseaux sociaux.

Sophie Cazaux