Tech&Co
Réseaux sociaux

Cagnottes, placements de produits... Pourquoi l’influenceur Dylan Thiry est au cœur de la polémique

Entre placements de produits douteux et cagnottes humanitaires controversées, l’influenceur qui s'est fait connaître dans Koh Lanta est désormais dans le viseur de la justice.

La fin du rêve? Propulsé par la télé-réalité en 2017, l’ex-star de la télévision Dylan Thiry, devenu influenceur à plein temps, est désormais au cœur d’une enquête embarrassante. Passé jusqu’à récemment entre les gouttes des attaques de Booba, en guerre ouverte contre les "influvoleurs", le jeune homme est désormais rattrapé par le rappeur, mais aussi par la justice.

Le parquet de Paris a annoncé ce jeudi l'ouverture d'une enquête sur la gestion de son association humanitaire "Pour nos enfants", quelques mois après de premières plaintes pour "abus de confiance aggravé". L'organisation est financée par des dons en ligne, dont une partie aurait été détournée par Dylan Thiry, selon les accusations de son ex-vice présidente, Sandra D.

Selon l’AFP, qui a consulté la plainte, deux cagnottes sont visées: une première clôturée en février 2022 à plus de 158.000 euros pour venir en aide aux enfants de Madagascar. Et une seconde d’octobre 2022, qui a récolté plus de 95.600 euros. Juste avant la dissolution de l'association le 15 novembre 2022. Sandra D. affirme que l’influenceur aurait exigé que les transactions soient effectuées sur son RIB personnel.

Les vocaux au cœur du dossier

L’affaire prend une nouvelle tournure avec la diffusion de vocaux de Dylan Thiry, par Booba sur Twitter fin avril. Dans deux messages audio échangés avec Sandra D. (qui dément les avoir fournis au rappeur), il évoque tout d’abord la possibilité d’aider un autre couple d’influenceurs à adopter un enfant à Madagascar, contre la somme de 100.000 euros.

"Un, je prends un gros billet et deux, je dis pas que c'est pour moi. Je dis que y a à peu près 150.000 euros de documents à payer, à régler, avec les avocats", l'entend-on expliquer. Des propos "indiquant de possibles délits de trafic d’enfants", a estimé le député Stéphane Vojetta, qui a saisi le procureur de la République de Paris dans la foulée.

Dans le second enregistrement, Dylan Thiry affirme vouloir "sauver les putes de faire les putes" en créant pour des femmes un compte MYM, une plateforme connue pour ses contenus érotiques et pornographiques, contre une partie des revenus générés.

La diffusion de ces deux audios, que l’influenceur impute à Sandra D, a entraîné une nouvelle plainte de cette dernière pour "menaces".

"Alors que j’ai ton adresse, ton nom de famille, jamais j’aurais sorti ça sur la place publique", avait-il affirmé dans une vidéo Instagram. Une story supprimée depuis mais enregistrée par l'avocat de Sandra D. et que Tech&Co a pu visionner. "DIEU EST GRAND est tu vas payer ici bas est là haut (sic)", a-t-il encore écrit le 27 avril dernier sur Twitter.

S'il reconnaît l'authenticité des audios, Dylan Thiry assure être accusé "de choses totalement fausses car sortis de son contexte (sic)".

Dropshipping et traitements miracles

Cette affaire n’est en réalité pas la première controverse pour l’influenceur, révélé en 2017 dans l’émission Koh-Lanta et qui a participé par la suite à plusieurs autres émissions de télé-réalité, avant de partir d’installer à Dubaï. Le Luxembourgeois multiplie alors les placements de produits douteux lucratifs, fort d’une communauté importante sur Snapchat et Instagram - une pratique appelée dropshipping.

Alors en couple avec une autre star de la télé-réalité, Fidji, il propose notamment à ses abonnés en 2019 des "21pods", copie médiocre des AirPods d’Apple. Vendus 69,99 euros par les influenceurs, ces écouteurs ne coûtent en réalité que quelques euros à fabriquer. Certains internautes affirment n'avoir même pas reçu leur commande. "C'est parti comme des petits pains", explique-t-il aujourd'hui, invoquant par ailleurs la fermeture de son fournisseur en Chine.

L’année dernière, l’influenceur a une nouvelle fois fait polémique en vantant un traitement  qui "guérit les cellules cancérugeuses (sic)" et qu’on ne trouverait pas en Europe puisque c’est "beaucoup plus intéressant pour eux que vous alliez à l'hôpital et que vous payez une blinde". Il a finalement fait son mea culpa dans une interview accordée au youtubeur Sam Zirah, reconnaissant qu’il s’agissait "d’une erreur".

En parallèle, un voyage en Turquie, organisé après le séisme qui a fait plus de 50.000 morts en février dernier, a été très critiqué sur les réseaux sociaux, beaucoup dénonçant une "mise en scène" en vidéo. Un groupe de Belges, venu sur place et qui a accueilli l'influenceur, assure qu'il s'affichait avant tout pour la caméra. "Il prenait un colis et faisait semblant de le porter. Et basta, après, il coupait", affirme l'un d'eux dans une vidéo.

De son côté, Dylan Thiry dit avoir été victime d'une tentative de racket par ce groupe de Belges, qui se seraient vengés car il n'aurait pas reçu de l'argent de l'influenceur.

Un retrait des réseaux

Lundi, le compte Snapchat de Dylan Thiry a été fermé sans que l'on sache s'il s'agit d'une décision personnelle ou du réseau social. L’avocat de Sandra D. a par ailleurs réclamé auprès de Meta la fermeture de son compte Instagram. À moins qu’il ne s’en charge lui-même, comme il l’annonçait le 8 mai dernier.

"J’ai déjà déconnecté mon compte Snap, je vais sûrement aussi me déconnecter d’Insta, à la demande particulière de ma mère qui vit très mal ce qu’il se passe à mon égard", a-t-il annoncé.

Contacté par Tech&Co, Dylan Thiry n’a pas donné suite.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business