BFMTV
Parlement

Budget, marche contre la vie chère... Après une rentrée cauchemardesque, la Nupes espère des jours meilleurs

Des dirigeants de la Nupes dont Clémentine Autain (5é g) Olivier Faure (3è d) sur l'estrade lors des universités d'été du PS à Blois, le 27 août 2022

Des dirigeants de la Nupes dont Clémentine Autain (5é g) Olivier Faure (3è d) sur l'estrade lors des universités d'été du PS à Blois, le 27 août 2022 - GUILLAUME SOUVANT © 2019 AFP

La gauche a vécu un mois de septembre très compliqué, coincée entre plusieurs affaires de violences présumées. Mais les députés espèrent que le budget 2023 tout comme la manifestation prévue le week-end prochain leur permettent de reprendre des forces.

Après un mois de septembre catastrophique, retrouver de l'oxygène. La Nupes veut laisser derrière elle l'affaire Quatennens, le cas Bayou et les guerres internes qui ont miné leur mois de septembre. Avec un espoir: mettre en difficulté le gouvernement ces prochaines semaines.

"On est partis en vacances, fatigués mais heureux. On revient la tête au fond du seau. Il faut qu'on mange du lion maintenant", résume à grand trait un insoumis.

Une union mise à rude épreuve

"On s'est pris un gros coup sur la tête", avance encore un autre élu La France insoumise, qui peine encore à digérer le retrait d'Adrien Quatennens qui a reconnu des faits de violences conjugales contre son épouse.

À peine le parti semblait-il avoir réussi à sortir la tête de l'eau, entre le tweet polémique de Jean-Luc Mélenchon et une conférence de presse lunaire, que c'était au tour des écologistes de plonger dans la tourmente. Visé par des accusations de violences psychologiques par une ex-compagne - qu'il nie - Julien Bayou s'est mis en retrait de la co-présidence du groupe EELV à l'Assemblée nationale et de la direction de son parti.

De quoi sérieusement inquiéter l'union de la gauche qui avait déjà été mise à rude épreuve lors de la Fête de l'Humanité début septembre. Fabien Roussel, le patron des communistes, déjà réticent à s'allier avec La France insoumise lors des législatives, avait mis les pieds dans le plat en opposant "gauche des allocs" à "gauche du travail". De quoi faire l'unaimité contre lui et donner aux alliés de la gauche des airs d'ennemis intimes.

"Plus de temps à perdre pour contrer Macron"

Mais la Nupes a une chance: l'agenda du gouvernement qui va multiplier les projets de loi potentiellement explosifs. Réforme de l'assurance chômage pour moduler la durée de l'indemnisation votée à la mi-octobre, budget qui commence ce lundi, retraites en janvier prochain... Autant de textes hautement inflammable dans le contexte social actuel et qui devraient faire l'unanimité contre eux sur les bancs de la gauche.

"On est dans une stratégie d'extermination de notre modèle social. On n'a plus de temps à perdre pour contrer Macron", défend la députée Sandra Regol, la numéro 2 des écologistes.

Preuve que les alliés savent se mettre d'accord: toute la Nupes appelle de ses vœux une taxe sur les superprofits. Plusieurs mastodontes de l'énergie et du transport maritime ont récolté des bénéfices sans précédent ces derniers mois à l'instar de TotalEnergies qui a doublé son bénéfice net record au deuxième trimestre. De quoi unifier la gauche des insoumis aux socialistes, depuis que tous les dirigeants des formations de gauche ont validé l'initiative d'Olivier Faure pour un référendum d'initiative partagée.

"Malgré les postures et les prises de position dans les médias, on sait faire l'unité dans l'action", se réjouit le député LFI, Christophe Bex.

Une marche contre la vie chère qui fait des remous

Pour montrer les muscles, La France insoumise mise beaucoup sur sa "marche contre la vie chère" le 16 octobre. Si les alliés de la Nupes ont un temps hésité à participer, ils seront finalement tous présents, y compris les communistes qui ont longtemps hésité à y aller - de peur de se fâcher avec les syndicats.

Avec un atout: des figures des mouvements sociaux dans leurs rangs comme Rachel Kéké qui a fait plier le géant hôtelier Accor, la figure altermondialiste Aurélie Trouvé ou le syndicaliste étudiant Louis Boyard.

Mais l'unanimité au forceps peut parfois revenir comme un boomerang. Le tweet de Jean-Luc Mélenchon qui compare cette manifestation à la Révolution française déplaît d'Olivier Faure à Sandrine Rousseau, qui soutiennent pourtant depuis le départ la Nupes. Pas de quoi cependant annuler leur présence.

Rester uni pour battre Le Pen

La Nupes a-t-elle de toute façon vraiment le choix? Depuis la victoire de Giorgia Meloni, la patronne du mouvement d'extrême droite Fratelli d'Italia, aux législatives italiennes, l'accession de Marine Le Pen à l'Élysée en 2027 semble très probable pour la gauche.

"On a tous conscience que l'union est notre grande force pour que la gauche puisse avancer", assure le député insoumis Yannick Maudet. En juin dernier, un sondage Elabe pour BFMTV indiquait que Marine Le Pen incarnait à 43% l'opposition à Emmanuel Macron, 9 points devant Jean-Luc Mélenchon.

Baptiste Farge et Marie-Pierre Bourgeois