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La France Insoumise

Du miracle de l'union au spectre du divorce: ces dossiers qui ont mis à mal l'unité de la Nupes

Des députés de la Nupes à l'Assemblée lors d'une séance consacrée au projet de réforme des retraites, le 15 février 2023

Des députés de la Nupes à l'Assemblée lors d'une séance consacrée au projet de réforme des retraites, le 15 février 2023 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Les partis de gauche deviennent la première force d'opposition à l'Assemblée en parvenant à s'unir aux législatives de 2022. Depuis, la Nupes a connu, entre affaire Adrien Quatennens et divergences sur la stratégie à adopter sur la réforme des retraites, de nombreuses dissensions.

La Nupes n'a jamais été aussi proche de la rupture. Après le succès des législatives de 2022, la Nupes a connu des lendemains difficiles, de l'affaire Adrien Quatennens aux divisions en vue des élections européennes de 2024. De multiples dissensions qui s'affichent au grand jour: dernier épisode en date, une passe d'armes tendue entre Oliver Faure et Jean-Luc Mélenchon sur l'union de la gauche.

Alors que les Insoumis donnent le coup d'envoi ce mercredi de leur université d'été à Valence, dans la Drôme, suivis dans les jours suivants par Europe Écologie Les Verts, puis par le Parti socialiste et le PCF, l'avenir de l'union des partis de gauche pose de plus en plus question.

  • "Une seule Chine": Mélenchon divise la Nupes sur Taïwan

Dès l'été 2022, le premier désaccord au sein de la Nupes éclate au grand jour sur une question internationale. Alors que la présidente de la Chambre des représentants aux États-Unis Nancy Pelosi est en déplacement à Taïwan, Jean-Luc Mélenchon s'insurge et qualifie cette visite de "provocation" à l'égard de la Chine.

"Pour les Français depuis 1965 et le général de Gaulle, il n’y a qu’une seule Chine", clame l'ex-candidat à la présidentielle sur son blog.

Les propos divisent rapidement au sein de la Nupes. Le secrétaire national d'Europe Écologie-les Verts de l'époque, Julien Bayou, déplore le "cynisme" du leader insoumis et évoque une vision "datée" des rapports entre la Chine et Taïwan, tandis qu'Olivier Faure, côté socialistes, se montre plus mesuré, évoquant une visite "discutable" de la part de Nancy Pelosi, tout en estimant que "la volonté des Taïwanais de vivre en démocratie ne l’est pas".

Le communiste Fabien Roussel ne se dit en revanche "pas choqué" par les propos de Jean-Luc Mélenchon. La visite de Nancy Pelosi est "inappropriée et malvenue", estime-t-il. "Il y a assez de conflits sur la planète pour ne pas ajouter des tensions".

  • Le séisme de l'affaire Quatennens

En septembre, l'annonce d'une main courante visant Adrien Quatennens ébranle la Nupes. Le numéro 2 des Insoumis, souvent vu comme le futur successeur de Jean-Luc Mélenchon à la tête de LFI, est accusé de violences envers son épouse. L'élu du Nord reconnaît une gifle et se met en retrait de la vie politique, sous la pression d'une partie de son camp.

L'épisode met à l'épreuve le discours des membres de la Nupes sur la question des violences conjugales, certains demandant des sanctions. Les diverses sorties de Jean-Luc Mélenchon sur le sujet suscitent également l'embarras chez nombre d'Insoumis. L'ancien numéro un du parti choisit de fait de prendre la défense de son poulain, en assurant publiquement Adrien Quatennens de sa "confiance" et de son "affection".

Condamné à 4 mois de prison avec sursis et à payer 2000 euros de dommages et intérêts à son épouse avec laquelle il est en instance de divorce, Adrien Quatennens fait son retour médiatique fin 2022. La députée LFI Manon Aubry n'hésite alors pas à faire part de son "profond malaise". Adrien Quatennens est finalement réintégré par LFI à l'issue d'un vote interne en avril dernier.

  • Divisions sur la stratégie à adopter pour la réforme des retraites

Quand débute la bataille contre la réforme des retraites, portée par le gouvernement, la Nupes présente un front uni et descend ensemble dans la rue pour dire son opposition au projet de loi qui prévoit notamment un report de l'âge de départ légal de 62 à 64 ans.

Mais les partis de gauche se divisent ensuite sur la stratégie à adopter pendant les débats à l'Assemblée nationale. Alors que députés insoumis, écologistes et communistes choisissent dans un premier temps de déposer plus de 6000 amendements au total pour freiner les débats, nombre d'élus décident de retirer progressivement leurs amendements, espérant que l'amendement qui repousse l'âge de départ à la retraite soit rejeté. Un revirement que ne comprend pas LFI.

"Pourquoi se précipiter? (...) Hâte de se faire battre?", grince notamment sur X (ex Twitter), Jean-Luc Mélenchon, confirmant ainsi publiquement des dissensions internes au sein de la Nupes.
  • Mort de Nahel: appel au calme ou appel à la justice?

Alors que des émeutes urbaines éclatent dans de nombreuses villes de France, après la mort de Nahel, mort après le tir d'un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, le dirigeant LFI refuse de demander la fin des violences.

"Les chiens de garde nous ordonnent d'appeler au calme. Nous appelons à la justice", tweete Jean-Luc Mélenchon.
Ils racontent les émeutes après la mort de Nahel
Ils racontent les émeutes après la mort de Nahel
18:58

Une phrase qui ne passe pas auprès du secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel. "Je me refuse à légitimer cette violence. Je me désolidarise totalement de ceux qui l'ont fait", soutient-il.

Celui qui avait déjà clamé quelques mois plus tôt sa volonté de défendre une "gauche du travail", contre une "gauche des allocs", cultive une nouvelle fois sa différence au sein de la Nupes.

  • Des élections en ordre dispersé?

Alors que les prochaines échéances électorales approchent, la Nupes ne parvient pas à retrouver l'unité connue lors des dernières élections législatives. Si LFI plaide pour une liste commune à gauche pour les européennes de 2024, les écologistes et les communistes ont chacun déjà investi leur propre candidat de leur côté, tandis que les socialistes envisagent eux aussi de leur côté de faire cavalier seul.

Le mois dernier, Manuel Bompard s'interroge ouvertement "sur la volonté sincère de nos partenaires de poursuivre la Nupes", dans une note publiée sur son blog. Dimanche, il accuse ses alliés de pratiquer un "double-langage" dans un entretien donné à Libération. "Au moment où ils parlent d’union, les mêmes organisent sciemment la désunion", déplore-t-il.

La semaine passée déjà, Jean-Luc Mélenchon s'en était pris dans les mêmes termes à Olivier Faure sur X (anciennement Twitter), donnant lieu à des discussions houleuses entre les deux hommes sur le réseau social.

Pour les sénatoriales, qui se tiennent dans près d'un mois, le 24 septembre, le Parti socialiste, le Parti communiste et les écologistes ont trouvé un accord partiel pour une candidature commune dans plusieurs départements. La France insoumise n'en fera, en revanche, pas partie.

Juliette Desmonceaux