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La France Insoumise

Quatre mois après sa condamnation pour violences conjugales, Adrien Quatennens réintégré par LFI

Adrien Quatennens le 20 mars 2023 à la tribune de l'Assemblée nationale

Adrien Quatennens le 20 mars 2023 à la tribune de l'Assemblée nationale - Bertrand GUAY / AFP

Le député qui avait fait son retour à l'Assemblée nationale en janvier en tant que non-inscrit réintègre officiellement les rangs du groupe des insoumis, 4 mois après avoir été suspendu.

Un vote à l'issue positive. Les députés La France insoumise ont dit oui ce mardi matin à la réintégration d'Adrien Quatennens, suspendu depuis 4 mois de son groupe.

Le parlementaire du Nord, figure montante de la gauche depuis son élection à l'Assemblée nationale en 2017, avait été condamné à 4 mois de prison avec sursis en décembre dernier pour des violences conjugales envers son épouse.

Une audition puis un vote

Son retour au sein de LFI se fait après avoir été auditionné ces derniers jours par quatre députés insoumis. Ces élus ont présenté en réunion de groupe leurs conclusions à leurs collègues. 45 ont voté pour son retour, 15 ont voté contre et 2 se sont abstenus. 10 élus n'étaient pas présents.

Déjà mis en retrait du mouvement depuis septembre et les révélations de cette affaire, les élus LFI avaient décidé de suspendre Adrien Quatennens dans la foulée de sa condamnation et poser des conditions à son retour.

L'élu du Nord devait ainsi effectuer "un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes auprès d'associations féministes".

Des interviews qui étaient très mal passées

Si cette demande a été bien tenue - ce stage doit s'achever dans les prochaines semaines -, le malaise n'a pas disparu. En cause: deux interviews. Dans la foulée de sa condamnation, Adrien Quatennens s'était exprimé dans La Voix du Nord, dénonçant "un lynchage médiatique".

Le lendemain, le député décrivait sur BFMTV une relation amoureuse "pas violente" mais "difficile depuis environ deux ans". Concernant la gifle donnée à son épouse, il évoquait une "dispute sérieuse avec des menaces réciproques".

De quoi pousser des figures insoumises à prendre leurs distances, à commencer par Manon Aubry, la cheffe de file des députés européens.

Son retour, entre huées et applaudissements

Adrien Quatennens était finalement revenu au Palais-Bourbon en janvier dernier en siégeant comme non-inscrit. Sa première prise de parole, sous les huées macronistes, avait suscité des réactions très contrastées au sein de la Nupes.

Une partie des députés insoumis l'avait applaudi, comme Sophia Chirikou ou encore Sébastien Delogu, deux intimes de Jean-Luc Mélenchon. Des élues écologistes comme Sandrine Rousseau et Marie-Charlotte Garin avaient, elles, quitté l'hémicycle.

Rebelote lorsqu'il était monté à la tribune pour défendre le vote de la motion de censure transpartisane contre la réforme des retraites en mars dernier. Mais au sein de La France insoumise, la tension est manifestement retombée.

"Adrien Quatennens a pu s’expliquer avec de nombreux camarades (...) Par exemple, après l’interview à BFMTV où il a aussi pu redonner sa version des faits, il a compris que la forme avec laquelle il l’avait dit pouvait poser problème", a expliqué son entourage ce vendredi soir.

Des partenaires de la Nupes opposés à cette réintégration

C'est encore le cas d'un cadre insoumis, un temps très critique à son encontre et qui juge désormais que "tout le monde veut tourner la page". Mais au sein de l'intergroupe de la Nupes, la donne pourrait être plus compliquée.

"Ça ne peut pas être un interlocuteur comme il l'a été avant", a fait savoir le numéro un du groupe socialiste Boris Vallaud ce dimanche sur RTL.

Même son de cloche du côté de Marine Tondelier, la patronne d'Europe-Écologie-Les-Verts. "Pour moi, Adrien Quatennens ne peut pas siéger dans les rangs de la Nupes", a jugé l'écologiste sur France info. Autant dire que la page de l'affaire Adrien Quatennens n'est pas encore totalement tournée.

Marie-Pierre Bourgeois