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Présidentielle

Pas de soutien de Sarkozy à Pécresse? Chez LR, "on croise surtout les doigts pour qu'il continue de se taire"

Selon Le Parisien, Nicolas Sarkozy a décliné l'invitation qui lui avait été faite pour l'ultime meeting francilien de Valérie Pécresse, prévu dimanche. Pour notre éditorialiste Matthieu Croissandeau, la candidate LR espère surtout aujourd'hui que l'ancien président ne soutiendra pas Emmanuel Macron.

En temps normal, le soutien de l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy à la candidature de son camp à la présidentielle aurait paru une évidence tombant sous le sens. Mais à onze jours du premier tour du scrutin, l'imaginer prendre fait et cause pour Valérie Pécresse aurait des airs de coup de théâtre. Il semble que cette option soit désormais enterrée pour de bon.

"Une forme de distance"

Dans son édition de ce mercredi, Le Parisien a ainsi révélé que Nicolas Sarkozy avait décliné l'invitation de la prétendante de la droite à l'Élysée pour son dernier meeting en Île-de-France, ce dimanche, Porte de Versailles à Paris. Un ultime refus qui résonne dans l'air comme une page qui se tourne définitivement.

"Il a choisi d’être dans une forme de distance dans cette campagne, qui se déroule dans un contexte très particulier", a pudiquement confié l'entourage de l'ex-président de la République au Parisien

Une promesse non tenue

Ce mercredi matin, sur notre plateau, notre éditorialiste politique, Matthieu Croissandeau, a pourtant rappelé:

"Il y a un an, Nicolas Sarkozy déclarait au Figaro: 'Quand chacun aura fait valoir ses ambitions légitimes, je dirai qui je soutiens et pourquoi, en toute transparence avec ma famille politique'. Nous sommes à onze jours du premier tour, les ambitions, on les connaît... et rien. L'ancien président de la République s'enferme dans le silence de son bureau de la rue de Miromesnil."

Références mal venues et "caprices" sur la forme?

Comment expliquer, alors, que cette promesse ne s'applique pas à Valérie Pécresse ?

"Sur le fond, c'est assez inexplicable: Valérie Pécresse s'est largement inspirée de Nicolas Sarkozy. Elle a même multiplié les références. Elle a repris le 'travailler plus pour gagner plus', ou le 'Kärcher'", a noté Matthieu Croissandeau.

Celui-ci y a toutefois vu l'une des racines du problème: "Mal lui en a pris. Et Nicolas Sarkozy a jugé que ce n'était pas à bon escient, pas au bon moment, pas à propos". 

"Sur la forme, les proches de l'ancien chef de l'État laissent entendre qu'elle n'aurait pas su le traiter avec tous les égards qu'il méritait. Elle lui aurait envoyé un SMS plutôt qu'un coup de fil au jour de l'An. Elle aurait fait référence à Jacques Chirac plutôt qu'à lui dans ses discours. On en est là, comme avec un vieux papy capricieux à qui on n'aurait pas apporter des Chamonix au lendemain de Noël", a encore estimé notre éditorialiste.

Il ne s'était pas rendu au Zénith

Ce dernier a d'ailleurs fait remarquer que ce n'était pas la première fois que l'ancien président de la République posait un lapin à Valérie Pécresse, qu'il a cependant reçue à deux reprises dans ses bureaux durant la campagne: "Il a décliné l'invitation au meeting de la Porte de Versailles comme il avait décliné celle pour le meeting du Zénith". Pire, selon Matthieu Croissandeau, "Nicolas Sarkozy a fait fuiter auprès de ses proches tout le mal qu'il pensait de sa campagne, à coups de remarques acerbes".

Toutefois, notre éditorialiste souligne que bien que l'ex-dirigeant conserve une "aura" parmi ses anciens électeurs, son soutien n'apparaît pas comme crucial pour ses héritiers.

"La figure de Nicolas Sarkozy s'est largement démonétisée depuis ses ennuis judiciaires et puis parce qu'il est, de facto, un retraité de la vie politique".

Soit, Nicolas Sarkozy n'aidera pas la campagne de Valérie Pécresse... Mais dans sa famille politique, on craint même qu'il la fragilise davantage. "Et si après tout, Nicolas Sarkozy ne préférait pas un autre candidat? Emmanuel Macron, par exemple. Et ça fait des mois que l'Élysée l'espère, des mois que les Républicains le redoutent. Aujourd'hui, ils croisent surtout les doigts pour qu'il continue de se taire", a conclu Matthieu Croissandeau.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV