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"La défiance peut amener à faire des bêtises": Gérard Larcher croit possible l'élection de Marine Le Pen

Gérard Larcher soutiendra François Fillon lors du premier tour de la primaire de la droite.

Gérard Larcher soutiendra François Fillon lors du premier tour de la primaire de la droite. - Guillaume Souvant - AFP

Le président du Sénat s'inquiéte en privé de "la défiance" des Français vis-à-vis d'Emmanuel Macron alors que jamais Marine Le Pen et Emmanuel Macron n'ont été aussi proches au second tour, selon un sondage.

L'angoisse sourde. Alors que Gérard Larcher a multiplié les passes d'armes avec Emmanuel Macron ces derniers jours, le président du Sénat n'exclut plus une éventuelle victoire de Marine Le Pen. De quoi alimenter les inquiétudes après un sondage Elabe pour BFMTV et L'Express qui montre que l'écart entre les deux candidats n'a jamais été aussi faible au second tour.

"Vous ne pouvez pas nous en débarasser?"

Le patron LR des sénateurs et soutien de Valérie Pécresse a été marqué par les échanges du candidat-président avec des habitants du Vaucluse ce mardi. "Il est lointain", "il nous méprise", "vous ne pouvez pas nous en débarrasser?", a-t-il ainsi pu entendre lors d'un déplacement, dans des remarques visant le chef de l'État.

"Attention, une telle défiance (vis-à-vis) d'Emmanuel Macron peut amener à faire des bêtises", confie-t-il en privé, comme le rapporte Le Parisien.

Vives tensions entre Macron et le patron du Sénat

Les propos tenus par Gérard Larcher peuvent surprendre alors que les échanges ont été vifs par médias interposés entre les deux hommes.

"Être en tête dans les sondages n’est pas une raison suffisante pour enjamber l’élection et considérer que ce scrutin n’est qu’une formalité, ne serait-ce que par respect de la démocratie", avait avancé le septuagénaire dans les colonnes du Figaro le 15 mars dernier.

La réponse ne s'était pas fait attendre du côté de l'Élysée. "Un président du Sénat ne devrait pas dire ça", avait tancé Emmanuel Macron lors de la conférence de presse de présentation de son programme, deux jours plus tard.

"Ne pas vouloir lancer de polémique"

Gérard Larcher avait cependant persisté et signé la semaine suivante sur France bleu Normandie.

"Je ne vais pas être cruel, je ne l'ai pas exprimé ainsi, mais un président de la République parfois n'aurait pas dû dire ça. Je pense à ce qu'il a dit sur les non-vaccinés, je pense aussi (à ce qu'il a dit) sur le chômage", avait-t-il encore lancé, tout en se défendant de vouloir "se lancer dans une polémique".

L'élection de Marine Le Pen pourrait tuer les LR

Gérard Larcher avait cependant cherché à adoucir ses propos, expliquant en fin d'interview avoir "du respect pour la fonction présidentielle".

"Comment pourrais-je remettre en question, moi le président du Sénat, la légitimité du suffrage universel?", concluait-il enfin lors d'un déplacement à Caen (Calvados), cité par Ouest-France.

Il faut dire que la donne a changé en quelques jours. Alors que la macronie disaint craindre l'abstention de ses électeurs face à une élection que certains jugeaient déjà plié, le sondage Elabe a jeté le trouble.

Emmanuel Macron a beau rester en tête des intentions de vote en cas de duel avec Marine Le Pen, seuls 5 points le séparent désormais de sa concurrente, une première depuis le début de la campagne. De quoi inquiéter l'entourage du président mais aussi donc Gérard Larcher, troisième personnage de l'État dans le rang protocolaire.

Il faut dire qu'un très bon score de Marine Le Pen au second tour, voire même une élection, serait la garantie d'une explosion de la droite qui risque déjà de sortir fragilisée de la campagne en cas d'échec de Valérie Pécresse.

Marie-Pierre Bourgeois