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Présidentielle

Après son soutien à Jean-Luc Mélenchon, la Primaire populaire présente "ses excuses"

La primaire populaire, une initiative citoyenne qui était censée permettre l'union à gauche, n'en finit pas de se fracturer après la décision de son conseil d'administration de soutenir Jean-Luc Mélenchon

La primaire populaire, une initiative citoyenne qui était censée permettre l'union à gauche, n'en finit pas de se fracturer après la décision de son conseil d'administration de soutenir Jean-Luc Mélenchon - Damien MEYER © 2019 AFP

Alors que le collectif citoyen s'est divisé après son ralliement à La France insoumise, il s'est fendu d'un long message. Cette décision "a généré tout autant d'enthousiasme que de haine", regrette le mouvement.

Comme un air de vaudeville. Alors que la Primaire populaire a explosé après avoir annoncé son soutien à Jean-Luc Mélenchon, le collectif s'est justifié dans un long mea culpa adressé à ses soutiens.

"La façon dont a été prise cette décision a généré tout autant d'enthousiasme que de colère, de compréhension que de défiance, de remerciements que de haine. Nous présentons toutes nos excuses à celles et ceux qui ont été déçus par cette décision ou par la manière dont elle a été prise", a fait savoir ce mercredi matin le mouvement, dans un mail aux votants qui ont participé au scrutin en ligne.

Un ralliement à Jean-Luc Mélenchon jugé opaque

Le ralliement à La France insoumise le 5 mars dernier avait surpris après la défection de Christiane Taubira. Malgré sa victoire fin janvier à ce dispositif citoyen qui visait à faire l'union de tous les candidats de gauche, l'ex-garde des Sceaux avait été contrainte de lâcher l'éponge, faute de parrainages.

Alors que Yannick Jadot était arrivé en seconde position, le vote du conseil d'administration qui rassemble des bénévoles, des groupes locaux, des membres de l'équipe permanente et du bureau avait, lui, abouti à soutenir LFI.

Plus largement, alors que le collectif avait fait campagne sur la volonté de redonner du pouvoir aux citoyens, cette désignation semblait peu transparente, loin du "big bang démocratique" évoqué par ses créateurs, Samuel Grzybowski et Mathilde Imer.

"A ceux qui se sentent trahis"

Preuve que la décision ne faisait pas consensus en interne, cette dernière, qui était également porte-parole, avait annoncé deux jours plus tard quitter le mouvement sur Twitter.

"À celles et ceux qui n’ont pas compris pourquoi nous abandonnions le rassemblement: nous n’avons pas réussi à rassembler, les partis politiques en sont responsables. (...) À celles et ceux qui se sont sentis trahis par cette décision: nous avons renoncé à une nouvelle consultation trop longue et coûteuse à mettre en œuvre à un mois de l’élection", se justifie désormais le collectif.

"On est allé trop vite en communication, sans expliquer tous les tenants et les aboutissants", avait d'ailleurs admis un membre de l'équipe quelques jours après le soutien à Jean-Luc Mélenchon.

"La Primaire est finie"

Une tribune publiée dans le Journal du dimanche avait encore fait encore monter la température. 29 soutiens actifs de la primaire populaire, comme le réalisateur Cyril Dion ou encore la sociologue Dominique Méda s'y "désolidarisaient" de la Primaire populaire.

"À celles et ceux qui n’ont pas compris pourquoi nous avons choisi le candidat arrivé 3e au vote de janvier: le rassemblement n’est plus possible, la Primaire est finie. Il s'agit désormais de parier sur le candidat le plus à même d’arriver au 2nd tour et faire gagner les justices sociales et environnementales en 2022, avec enthousiasme et indépendance", avance encore le collectif en guise de justification.

Le collectif propose de rejoindre les groupes qui soutiennet Jean-Luc Mélenchon

Pour solde de tout compte, la Primaire populaire propose aux personnes qui ont voté en janvier dernier de rejoindre l'équipe des "Victoires populaires", qui réunit des membres du collectif qui font campagne pour La France insoumise. Autre option sur la table: tenter de développer la démocratie directe par "des actions de lobbying citoyen".

Un geste suffisant pour rassurer les votants? Quelques heures après l'annonce du soutien à Jean-Luc Mélenchon, les critiques avaient fusé lors d'une visioconférence.

"Vous avez trompé 400.000 personnes. C'est une belle initiative tristement sabordée. Je suis consterné, sans violence mais avec tristesse", avait expliqué l'un des citoyens qui a participé au vote. "Allez-vous rembourser les dons pour les personnes qui s'estiment flouées?", avait encore interrogé un autre.
Marie-Pierre Bourgeois