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Présidentielle

Après son soutien à Jean-Luc Mélenchon, la primaire populaire explose

Les porte-parole de la Primaire populaire ce samedi à Paris.

Les porte-parole de la Primaire populaire ce samedi à Paris. - Thomas COEX

L'un des cofondatrices du collectif citoyen a quitté le navire, regrettant le choix de soutenir le candidat insoumis. Sa désignation s'est faite par les organisateurs, loin des dizaines de milliers de votants qui avaient choisi Christiane Taubira.

Vouloir faire l'union et finir divisés. Le succès de la primaire populaire qui a réuni 392.000 votants en janvier ne semble plus qu'un lointain souvenir. L'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, sortie victorieuse du scrutin, a depuis jeté l'éponge, faute de parrainages, et le collectif citoyen est en train d'exploser.

C'est samedi dernier que la situation, déjà tendue sur les bancs du collectif depuis la défection de l'ancienne ministre de la Justice, a basculé. Dans un communiqué de presse, la primaire populaire annonce avoir décidé d’apporter son soutien à Jean-Luc Mélenchon. La décision a été prise par un vote au jugement majoritaire entre "les bénévoles, les groupes locaux, des membres de l’équipe permanente et du bureau".

Un soutien à Jean-Luc Mélenchon pas "cohérent"

Elle surprend alors que Yannick Jadot est arrivé deuxième de la primaire populaire et que le candidat LFI a eu des mots très durs à l'encontre du dispositif. L'insoumis l'avait qualifié de "farce", exigeant que sa photo et sa candidature soient enlevées du site sous peine de poursuite judiciaire.

Plus largement, alors que le collectif a fait campagne sur la volonté de redonner du pouvoir aux citoyens, cette désignation semble peu transparente, loin du "big bang démocratique" évoqué par ses créateurs, Samuel Grzybowski et Mathilde Imer.

Preuve que la décision ne fait pas consensus en interne, cette dernière, qui est également porte-parole, a annoncé ce lundi quitter le mouvement sur Twitter.

"Ce retrait fait suite à la décision de faire campagne pour Jean-Luc Mélenchon, car le processus ayant mené à cette position ne me semble pas en cohérence avec ce que nous avons construit ces derniers mois, et encore moins incarner une manière différente de faire de la politique", s'est justifiée la militante pour le climat sur le réseau social.

"Une grosse connerie" pour l'une des candidates

La jeune femme explique même que "la tentation de l'abstention est de plus en plus forte", tout en souhaitant voter "pour le candidat le mieux placé afin de faire gagner l'écologie et la justice sociale".

Même son de cloche du côté de Charlotte Marchandise, l'une des candidates de la primaire populaire. Elle juge que le mouvement a fait "une grosse connerie", proche des "pires manœuvres politiciennes", auprès du Monde.

Une tribune publiée dans le Journal du dimanche n'est pas plus tendre. 29 soutiens actifs de la primaire populaire, comme le réalisateur Cyril Dion ou encore la sociologue Dominique Méda se "désolidarisent" de la primaire populaire.

"C’est l’incompréhension qui prédomine et risque de se traduire in fine par un rejet supplémentaire et durable des initiatives citoyennes dans le champ politique", peut-on y lire.

Le porte-parole évoque un manque "de moyens"

Samuel Grzybowski, l’autre porte-parole de la primaire populaire, jusqu'ici très proche de Mathilde Imer, assume, lui, ce choix.

"Pour nous, la primaire populaire était terminée le 30 janvier, voire le 2 mars avec le retrait de Christiane Taubira, faute de parrainages suffisants", confie-t-il dans les colonnes du quotidien.

Alors qu'une nouvelle consultation aurait pu être organisée pour demander aux votants leur choix après la défection de l'ancienne ministre, le jeune homme explique "avoir manqué de temps et de moyens financiers". "On est allé trop vite en communication, sans expliquer tous les tenants et les aboutissants", a encore admis une autre membre de l'équipe auprès de l'AFP.

Ces arguments n'ont pas convaincu les votants à la primaire. Lors d'une visioconférence pour expliquer ce choix, les critiques ont fusé.

"Vous avez trompé 400.000 personnes. C'est une belle initiative tristement sabordée. Je suis consterné, sans violence mais avec tristesse", a expliqué l'un des citoyens qui a participé au vote. "Allez-vous rembourser les dons pour les personnes qui s'estiment flouées?", a encore demandé un autre.

"Un gag" pour Yannick Jadot

Du côté de Yannick Jadot, on ne goûte d'ailleurs guère ce soutien.

"La primaire populaire, ça devient un gag. Reconnaissons que dans tout ce moment où ils ont alimenté le débat, on n'a jamais bien compris ce qu'ils souhaitaient. Je les laisse à leurs trucs internes qui n'intéressent ni la campagne ni les Françaises et les Français", a jugé l'écologiste au micro de BFMTV quelques minutes après l'annonce du soutien de la candidature LFI.

Du côté des lieutenants de la France insoumise, l'heure est par contre aux félicitations.

"La primaire populaire appelle aussi à voter pour Jean-Luc Mélenchon. Merci à eux ! L'espace de rassemblement de la gauche de rupture est l'Union populaire et son projet l'avenir en commun. Quelque chose est en train de se passer. Nous pouvons être au second tour et gagner cette élection", s'est réjouie la députée européenne Manon Aubry sur Twitter.

Le candidat récolte 13% des intentions de vote dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

Marie-Pierre Bourgeois