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Police-Justice

Crise dans la police: les syndicats "satisfaits" après leur réunion avec un Gérald Darmanin "à l'écoute"

Reçus place Beauvau par le ministre de l'Intérieur ce jeudi soir, les principaux syndicats de police se sont montrés "satisfaits" de leur rencontre et du "grand pas" fait par Gérald Darmanin.

"Il n'est fermé à rien." Pour la première fois depuis le début de la crise qui agite la police, les principaux syndicats de forces de l'ordre ont pu rencontrer Gérald Darmanin pour lui faire part de revendications, au moment où leurs protestations, liées à l'incarcération de l'un des leurs, ralentissent l'activité judiciaire.

"On peut dire qu'on est satisfait de cet échange. Maintenant, on restera vigilant", a déclaré Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance Police nationale, au sortir de la réunion de plus d'une heure place Beauvau.

Même impression générale chez Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP police-UFO: "Il a été assez à l’écoute (...) Il n'est fermé à rien, plutôt ouvert à toutes les discussions."

Un peu plus tôt, lors d'une visite dans un commissariat du 19e arrondissement de Paris, Gérald Darmanin avait dit comprendre l'"émotion", la "colère" et la "tristesse" des policiers. "Ils ont vu que des partis politiques évoquaient le fait que la police tue, on les insulte, on les vilipende et se rajoutent à cette fatigue une émotion, une colère, et pour beaucoup d'entre eux (...) une tristesse de ces procès d'intention, ces procès médiatiques", avait-il ajouté.

Le déclencheur du mouvement est venu de Marseille il y a une semaine avec l'incarcération d'un policier de la BAC (brigade anti-criminalité), soupçonné d'avoir roué de coups un homme de 22 ans, avec trois autres collègues, dans la nuit du 1er au 2 juillet. Dans cette affaire, quatre policiers ont été mis en examen pour violences en réunion. L'un d'eux a donc été placé en détention provisoire.

Vers une protection fonctionnelle?

Chaque syndicat s'est rendu au ministère avec des demandes précises lorsqu'un fonctionnaire est mis en cause dans une affaire.

"En tant que ministre de l’Intérieur, il n’est pas forcément contre toutes les propositions qu’on a pu lui faire (...) Il faudra apporter des réponses politiques pour assurer nos collègues dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions", a commenté Olivier Varlet, le secrétaire général du syndicat UNSA Police.

Le syndicaliste a alors précisé: "Le ministre est conscient que les policiers ont des attentes légitimes, notamment dans le cadre de la protection fonctionnelle, du traitement judiciaire parfois incompris de nos collègues, par exemple dans le cas de ce qui s'est passé à Marseille".

Une idée reprise par son confrère d'Unité SGP police-UFO: "La protection fonctionnelle est un grand pas parce qu'un collègue aura enfin ses frais d'avocat de payés, enfin il aura son salaire entièrement payé."

Gérald Darmanin a annoncé avoir lancé une mission à ce sujet dont les conclusions seront rendues le 15 septembre. L'objectif serait de disposer d'un bureau dédié à la protection fonctionnelle des agents.

La police peut-elle faire grève ?
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Si l'instauration d'une protection fonctionnelle est dans la compétence du ministre de l'Intérieur, la création d'une "clause" empêchant les policiers d'être placés en détention provisoire n'est pas possible sans nouvelle législation, même si Gérald Darmanin n'y "voit pas d'inconvénient", selon Fabien Vanhemelryck.

Les syndicats, par la voix d'Olivier Varlet, espèrent alors que le parti présidentiel portera des nouvelles lois afin d'"apporter des réponses politiques pour assurer nos collègues dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions".

Le représentant d'Alliance Police nationale a ainsi conclu: "Il montre qu'il est encore proche de ses troupes. Il montre qu'il est prêt à évoluer et même à légiférer. La balle est dans son camp pour qu'on puisse avancer."

Théo Putavy