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Affaire du père Ribes: des actions menées par les victimes pour demander le retrait des vitraux à Givors

Les victimes demandent le retrait des vitraux réalisés par le prêtre de la chapelle de Givors, mais également leur destruction. Elles ont lancé une pétition pour demander des mesures concrètes.

"Insupportable." De nouvelles actions ont été menées ce dimanche à Givors par l'association "Be Brave" le collectif des victimes du père Ribes, afin de faire retirer de la chapelle Saint-Martin-de-Cornas les vitraux conçus par le prêtre accusé d'avoir agressé sexuellement des dizaines d'enfants entre 1950 et 1990.

Les collectifs demandent notamment au maire de revenir sur sa décision de conserver ces vitraux, alors même que d'autres communes se sont engagées à retirer les oeuvres du prêtre, comme à Charly.

"Ce qui rend encore plus incompréhensible la position du maire de Givors, qui reste sur la distinction entre l'homme et l'artiste là où pour tout le monde, c'est une évidence", déplore Arnaud Gallais, cofondateur de Be Brave France, au micro de BFM Lyon.

Les victimes ne veulent plus voir ces vitraux

Ce dimanche, le collectif des victimes s'est d'abord réuni devant la chapelle pour y coller panneaux et ruban jaune pour reproduire une scène de crime. Des affiches ont également été brandies par les membres du collectif: "Givors, retirez les vitraux du pédocriminel Louis Ribes", ou encore "Pour le maire de Givors, le patrimoine est plus important que nos vies".

Au-delà du retrait des vitraux de la chapelle, les victimes demandent également leur destruction. "Qu'est-ce que c'est, au bout d'un moment, que de détruire des vitraux, là où il y a eu des vies entières qui ont été détruites?" poursuit Arnaud Gallais.

Luc, qui fait partie des victimes présentes ce dimanche, souhaite également que ces vitraux soient détruits.

"Tout ce qui reste de cet homme, on ne peut plus le voir ni le supporter. Un moment donné, il faut qu'on ait des actions fortes et qu'on dise que c'est trop", déclare-t-il.

Une pétition pour le retrait des vitraux

En plus de leur action à la chapelle de Givors, les membres des collectifs se sont également rendus sur le marché de la ville pour faire signer aux habitants la pétition demandant le retrait des vitraux.

Les habitants ont présenté leurs soutiens aux victimes. "On ne peut pas couvrir des actes aussi odieux de la part d'une personne, quelle que soit cette personne", dénonce un riverain.

Également accessible en ligne, la pétition recueille aujourd'hui plus de 6600 signatures. Mais les collectifs espèrent également une prise de conscience et de responsabilité au plus haut niveau des pouvoirs publics.

"J'en appelle à ce qu'il y ait l'État aussi qui réagisse, et qui réagisse réellement en soutien des victimes", déclare Arnaud Gallais.

"Aucune décision définitive" prise par la mairie

Reçus le 1er avril dernier par la mairie de Givors, les collectifs s'étaient confrontés au refus de la municipalité de retirer les vitraux. Le maire, Mohamed Boudjellaba (EELV), a décidé d'écrire au pape François afin qu'il prenne part "au débat" concernant le retrait ou non des vitraux du père Louis Ribes.

L'édile écologiste considère qu'il faut dissocier l'homme et l'œuvre et avait annoncé début avril "qu'aucune décision définitive" n'a été prise sur les vitraux. Mohamed Boudjellaba avait également réaffirmé que ce dossier nécessitait "une réflexion profonde sur le destin des œuvres d'artistes pédocriminels comme Louis Ribes".

"Les propos tenus par le Maire et l’élue [en charge du patrimoine] ont été d’une violence inouïe pour les victimes : pour eux, la préservation des vitraux passe avant tout. Les deux élu-es sont resté-es insensibles à la souffrance des victimes", dénoncent les collectifs de victimes dans leur pétition.

"Les propos du maire et de son adjointe, c'est une double, voire une triple peine. Nous, ce qu'on retiendra, c'est qu'une fois de plus les enfants ne sont pas considérés comme des sujets de droit", souligne Arnaud Gallais.

Dans la région lyonnaise, on compte une quarantaine de vitraux réalisés par le père Ribes. La plupart ont déjà été retirés, ou devraient l’être prochainement. 

Lauriane Pelao avec Camille Bluteau