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Attentats en Espagne: la préparation des terroristes dévoilée

Le van qui a servi lors de l'attaque à Barcelone a été loué la veille de l'attentat.

Le van qui a servi lors de l'attaque à Barcelone a été loué la veille de l'attentat. - Javier Soriano - AFP

Les auditions des quatre jihadistes présumés interpellés après les attentats de Barcelone et de Cambrils ont permis de déterminer le degré de préparation des terroristes qui prévoyaient une attaque de bien plus grande ampleur.

Leur objectif était de tuer un maximum de personnes. Lors de son audition, l'un des suspects dans l'enquête sur les attentats de Barcelone et de Cambrils, Mohamed Houli Chemla, a reconnu que la cellule jihadiste préparait une attaque d'une tout autre envergure, encore plus mortelle que les attaques de la semaine dernière dans lesquelles ont péri 15 personnes. Ce plan macabre initial aurait été contrarié par l'explosion de la maison où étaient entreposées les bonbonnes de gaz.

La préparation de la cellule jihadiste, commandée, semble-t-il, par l'imam de Ripoll, est décrite dans l'ordonnance de placement en détention de deux des quatre suspects inculpés mardi soir pour "appartenance à une organisation terroriste", "assassinats terroristes" et "possession d'explosifs". Mohamed Houli Chemlal, 21 ans, et Driss Oukabir, 27 ans, ont été incarcérés. Mohamed Aallaa a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire. Le cas de Salah El Karib sera étudié ultérieurement.

Préparation de bombes

Ces auditions ont permis d'établir que le 16 août, la veille des attaques, Driss Oukabir a loué la camionnette qui va servir pour l'attentat des Ramblas, à Barcelone. Devant les enquêteurs, il a affirmé qu'il pensait que le véhicule allait être utilisé pour un déménagement. Le même jour, un autre membre de la cellule jihadiste, Mohamed Hichamy, louait lui-aussi une seconde camionnette. Pour quoi faire? L'enquête va tenter de répondre à cette question.

Le soir même, l'imam de Ripoll se trouve dans la maison d'Alcanar, à 200 kilomètres au sud-ouest de Barcelone, avec deux autres hommes. Un bâtiment qui a servi de lieu de stockage et de laboratoire pour la cellule jihadiste. Depuis le début du mois d'août, les membres de cette cellule se sont procuré 500 litres d'acétone. Une centaine de bouteilles de gaz y a également été découverte. Les jihadistes préparaient des bombes qui auraient dû servir lors des attaques.

"Une grande quantité de bonbonnes de butane, de l'acétone, de l'eau oxygénée, du bicarbonate, une grande quantité de clous qui devaient être utilisés comme mitraille et des détonateurs pour déclencher l'explosion" a été retrouvé, est écrit dans l'ordonnance d'inculpation.

L'attaque d'un monument imaginée

Ces produits découverts sont autant d'éléments qui permettent la fabrication de TATP, un explosif prisé par Daesh, qui a revendiqué les attentats. Mais une mauvaise "manipulation des engins explosifs" aurait causé l'explosion de la maison. Une explosion si forte qu'elle a provoqué "un nuage en forme de champignon". L'imam de Ripoll est tué tout comme, semble-t-il, Youssef Aalaa. Des analyses ADN sont toujours en cours pour confirmer son identité. Mohamed Houli Chemlal a survécu: lui se trouvait à l'extérieur au moment de l'explosion, selon ses dires.

Pris de court à cause de cette explosion, le lendemain, les terroristes vont lancer le plan B. Avec les bombes, la cellule jihadiste comptait s'attaquer à un "monument", détaille Mohamed Houli Chemlal. Faute d'explosifs, les membres encore en vie vont louer un nouveau véhicule dans l'après-midi. Le conducteur va avoir un accident près de Cambrils. La voiture est abandonnée. Les jihadistes vont se rabattre sur la première fourgonnette louée la veille. C'est Younès Abouyaaqoub qui va prendre le volant pour se rendre à Barcelone et foncer sur la foule des Ramblas.

Improvisation

Preuve de l'improvisation de ces attaques, le terroriste va prendre la fuite à pied avant de se diriger vers le campus universitaire où il va dérober un véhicule. Avec, il va forcer un barrage de police. La voiture va être retrouvée abandonnée sur un parking, son propriétaire, poignardé, à l'intérieur. Younès Abouyaaqoub, qui s'était rendu à Paris le week-end précédent les attaques, va être localisé lundi et abattu à Subirats, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale catalane.

Quelques heures après l'attaque de Barcelone, à 21h26, précisément, les autres membres de la cellule vont acheter quatre couteaux et une hache à Cambrils. Cinq jihadistes vont alors emprunter l'Audi A3 de Mohamed Aalaa, dont son deuxième frère Saïd, et se rendre sur le fronton de la station balnéaire. Après avoir renversé des piétons et embouti une voiture des Mossos d'Esquadra, munis de fausses ceintures explosives, ils ont descendre du véhicule. L'un d'eux va poignarder une femme au visage. Tous vont être abattus par la police catalane. Deux d'entre eux étaient frères (Mohamed et Omar Hichamy). Les frères de Driss Oukabir et Younès Abouyaaqoub, Moussa et Houssaine, faisaient partie du commando. Ils étaient âgés entre 17 et 24 ans.

Justine Chevalier avec AFP