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Lille: des commerçants décident de publier les images de voleurs présumés sur les réseaux sociaux

Pour faire reculer les voleurs, des commerçants lillois ont décidé d'afficher les délinquants sur les réseaux sociaux.

Victime d'une tentative d'arnaque, Jihane Malfi, une commerçante de Lille, ne veut plus se laisser faire. Elle a fait le choix d'afficher les images des voleurs présumés sur son compte TikTok, en montant une vidéo rapidement devenue virale: "je l'ai postée il y a deux jours… et on est déjà à 109.000 vues!"

L'idée de Jihane est venue après que deux femmes, venues récemment dans sa boutique du quartier Gambetta de Lille pour acheter une robe de soirée, ont tenté d'arnaquer l'entrepreneuse.

"J'ai la boule au ventre"

Les deux voleuses présumées souhaitent payer la vendeuse en liquide et sortent un billet de 200 euros. Mais pendant que la gérante fait l'appoint, l'une des acheteuses tente de lui dérober 50 euros... Le tout sous l'œil des caméras, en l'espace de trois petites minutes.

"Dès qu'elles partent, je me rends bien compte qu'elles étaient là pour m'arnaquer car elles me pressaient et me stressaient. Le matin, j'ai toujours la boule au ventre que la vitrine soit cassée et que j'ai un cambriolage", raconte Jihane Malfi, commerçante à Lille.

Les tentatives de vol se multiplient dans le quartier lillois. Cambriolée à six reprises, la présidente de l'union commerciale du quartier n'en peut plus et mise sur l'entraide entre professionnels.

"Immédiatement je poste sur notre groupe WhatsApp qu'il y a une personne qui ressemble à ça, qui a tel âge et qu'il faut faire très attention si on la voit", explique Claire Vignier, présidente de l'Union commerciale Gambetta et Halles.

Afficher des voleurs présumés sur internet, ou sur une vitrine par exemple, représente une solution de dernier recours pour les commerçants victimes de tels agissements. Il faut par ailleurs faire très attention avec cette initiative au cadre légal strict.

Une pratique passible de cinq années de prison

Viviane Gelles, avocate au barreau de Lille, spécialisée en propriété intellectuelle, rappelle au micro de BFM Grand Lille que "toute atteinte qui est portée à la présomption d'innocence" peut être réprimandée.

En effet, lorsque des "images sont diffusées, où les personnes sont présentées comme auteurs de vols alors qu'elles n'ont pas été jugées, des poursuites sont envisageables à l'encontre de ceux qui diffusent ces images sur les réseaux sociaux".

Dans le cadre de la protection des données personnelles et du droit à l'image des voleurs présumés, les commerçants risquent jusqu'à cinq ans d'emprisonnement.

Livia Santana et Cosima Mezidi Alem, avec Alexis Lalemant