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"Stop aux contenus nocifs": à Cassis, des parents réclament l'interdiction de TikTok pour les jeunes

Les parents de Marie, 15 ans, avaient notamment porté plainte contre le réseau social après le suicide de leur fille en 2021.

Voilà plus de deux ans que Stéphanie Mistre n'a pas touché à la chambre de sa fille, située dans son logement de Cassis (Bouches-du-Rhône). En 2021, Marie, 15 ans, s'est suicidée. Un drame causé, en partie, par TikTok selon sa mère, qui accuse l'algorithme d'un manque de modération et de rendre visible des contenus nocifs.

Un collectif pour soutenir les familles

Selon elle, aucune limite n'encadre les vidéos liées au suicide ou à l'auto-mutilation. Victime de harcèlement scolaire, la jeune fille aurait vu son mal-être empirer à cause de l'application.

Sa mère l'assure: "Tant que je serai là, je me battrai pour la justice. Stop à TikTok et à tous ces contenus nocifs qui enferment nos enfants dans l'horreur."

"On peut aider les enfants avec des contenus positifs pour ne pas les mettre dans une fatalité et dans le noir."

En septembre 2021, Stéphanie Mistre avait porté plainte contre le réseau social. Une action juridique qui témoigne d'un phénomène loin d'être isolé. L'avocate Laure Boutron-Marmion, qui accompagne trois familles -dont celle de Marie- dans leur combat, a créé le collectif Algos Victima, lundi 25 mars.

L'objectif: lutter pour la reconnaissance de la responsabilité juridique des plateformes du numérique, lorsque le préjudice infligé concerne des mineurs. "L'idée, c'est de rassembler un maximum de familles pour porter un recours groupé contre TikTok devant la justice civile française", résume Me Laure Boutron-Marmion.

Un statut qui atténue la responsabilité des plateformes

La plateforme répond néanmoins au statut d'hébergeur, qui minore sa responsabilité. "La Poste n'est pas responsable du pli que vous mettez dans l'enveloppe, les plateformes ne sont pas responsables des messages que vous postez grâce à leurs services", compare Cyril di Palma, délégué général de l'association Génération Numérique, auprès de BFMTV.

En matière de modération, les réseaux sociaux ont l'obligation de retirer les contenus "manifestement illicites" comme l'apologie des crimes contre l'humanité, l'incitation à la haine raciale, la pornographie enfantine ou encore l'incitation à la violence, la haine.

"La différence de TikTok, c'est la finesse de son algorithme", analyse Océane Herrero, journaliste à Politico et auteure du livre Le système TikTok. "Parfois, on a le sentiment que l'application perçoit l'intérêt de l'utilisateur avant qu'il n'en soit conscient", image-t-elle.

En août 2023, le Digital Service Act, un texte voté à l'échelon européen, est entré en application. Il oblige les plateformes à afficher les vidéos populaires, sans pousser celles basées sur les habitudes de l'internaute. En février dernier, l'Union européenne a ouvert une enquête contre TikTok pour non-respect de cette nouvelle norme.

Pierre Desmidt, Alexis Pluyette, Alizée Boissin avec Milan Busignies