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Transports

SNCF: le gouvernement promet de faciliter la concurrence dans le rail

Effective pour les trains régionaux et pour les grandes lignes, l'ouverture à la concurrence dans le rail français reste encore timide.

Un seul concurrent de la SNCF fait aujourd'hui circuler des trains sur le réseau français. Il s'agit de l'italien Trenitalia sur l'axe Paris-Lyon-Milan. Pourtant, l'ouverture à la concurrence est effective pour les trains régionaux et pour les grandes lignes depuis 2020.

Une situation qui ne plaît guère à Bernard Roman, le président de l'Autorité de régulation des transports (ART). "L'ouverture a été une réalité dans certains pays il y a 30 ans, dans les années 1990. [...] On est parmi les derniers à ouvrir. On est plutôt à la traîne", déplore-t-il.

Cette problématique n'a pas échappé au gouvernement. "Pour certains nouveaux entrants, les coûts d’entrée, dont l’acquisition des matériels roulants, reste parfois un frein au lancement de nouveaux services. Je souhaite que nous puissions continuer de travailler ensemble et identifier des solutions permettant d’accroître au total le nombre de trains en circulation au bénéfice de tous", a ainsi déclaré Clément Beaune, ministre délégué aux Transports lors du colloque de l’Association Française du Rail (AFRA).

Le ministre pointe en effet un des freins majeurs au développement d'offres concurrentes à celles de la SNCF. A savoir le coût exorbitant du matériel roulant, mais aussi l'acquisition de sillons ferroviaires, des systèmes de sécurité et de signalisation, du paiement des péages (ce que verse l'opérateur à SNCF Réseau pour pouvoir utiliser les voies).

Bâtons dans les roues

Exemple avec LeTrain, un opérateur alternatif qui tente de lancer une offre à grande vitesse régionale. Cet opérateur cherche ainsi à acquérir des rames d'occasion auprès de la SNCF. "On négocie mais ça n'avance pas vite, en tout cas bien moins vite que ce qu'on pensait. Franchement, on le regrette fortement", nous expliquait son dirigeant Alain Gétraud.

Concrètement, le dirigeant estime que son interlocuteur ne donne pas toutes les informations pour "identifier le matériel roulant réformé, bloque la traçabilité de l'entretien des rames en question", sans oublier la complexité "de la mise en place du contrat".

"C'est difficile à avaler pour nous surtout quand on entend les appels de Jean-Pierre Farandou (le PDG de la SNCF, NDLR) pour la planète et l'usage du train. Il faut être logique, il faut aller jusqu'au bout pour nous permettre de générer de la mobilité bas carbone avec du matériel qui n'est plus utilisé. Du coup, on finit par avoir des doutes et on risque de se tourner vers du matériel neuf plus cher, plus carboné, car ce retard nous fait prendre beaucoup trop de risques", poursuit-il.

Pourtant, le bénéfice de la concurrence est une évidence pour tous les acteurs et les observateurs. Même pour la SNCF. Elle permet de faire grossir la part du train dans les déplacements des Français. Et de faire baisser les prix.

Bénéfices incontestables

Selon une étude de Trainline, tous les opérateurs ont connu une augmentation de vente de billets entre fin décembre et fin août: +18% pour les TGV, +57% pour OUIGO et surtout +176% pour Trenitalia.

Trainline constate ainsi une augmentation moyenne totale de 58% sur la ligne Paris-Lyon, "montrant que tout le monde est gagnant dans un marché concurrentiel".

Côté tarifs, la plateforme d'achats de billets souligne que le prix moyen d’un trajet Paris-Lyon, tous trains confondus (TGV, OUIGO, Frecciarossa/Trenitalia) est passé de 45 euros en moyenne à 42 euros depuis l'ouverture à la concurrence, soit une baisse d’environ 7%.

Mais si la SNCF reconnaît bien volontiers que la concurrence fait grossir le gâteau, elle défend également bec et ongles son pré carré ce qui aurait pour conséquence de dissuader certains acteurs de se lancer.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business