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SNCF: faut-il craindre des ponts de mai perturbés à cause d'une nouvelle grève des contrôleurs?

Ce mercredi, la direction et les syndicats se réunissent à nouveau pour négocier autour des revendications des chefs de bord. Si le spectre d'une grève n'est pas à écarter, les cheminots pourraient garder leurs cartouches pour les JO.

Les (nombreux) ponts du mois de mai vont-ils être perturbés par une nouvelle grève des contrôleurs de la SNCF? Difficile encore de répondre à cette question mais le syndicat Sud-Rail ne relâche pas la pression après avoir déposé un énième préavis de grève couvrant tout le mois.

Nouveau préavis de grève Sncf pour mai : trop c'est trop ? - 14/03
Nouveau préavis de grève Sncf pour mai : trop c'est trop ? - 14/03
20:28

Une réunion avec la direction a lieu ce mercredi, notamment sur la question sensible des fins de carrière, elle débouchera certainement sur une décision de Sud-Rail, le seul syndicat pour le moment à avoir déposé un préavis, mais rappelons que l'organisation pèse désormais 25,5% au sein de SNCF Voyageurs, loin devant la CGT.

Pourquoi ce nouveau préavis?

La dernière grève ne semble être qu’un début dans ce rapport de force qui s’installe un peu plus chaque jour! La patience des ASCT (agents service commercial trains) a ses limites tandis que leur détermination reste intacte!", peut-on lire dans un communiqué de Sud.

Pour le syndicat, rien n'a avancé en fait depuis la grande grève des chefs de bord de décembre 2022. "Les revendications sont les mêmes", expliquait en mars dernier sur BFMTV, Julien Troccaz, cheminot et secrétaire fédéral Sud-Rail, après le dernier mouvement de février dernier.

Les contrôleurs exigent notamment de nouvelles modalités sur la cessation progressive d’activité, la prise en compte des contraintes liées à leurs activités (déplacements, travail le week-end, congés imposés, pénibilité) lors de leur départ en retraite.

Ils exigent la présence de deux contrôleurs à bord de tous les TGV et évidemment une hausse de la rémunération à travers une hausse de la prime de travail qui est la seule parmi les nombreuses primes perçues par les contrôleurs à être prise en compte dans le calcul de la retraite.

Que dit la SNCF?

La compagnie rappelle de son côté que tous les engagements pris en décembre 2022 sont tenus ou sont en cours de réalisation et ne comprend pas pourquoi ce mouvement perdure.

Elle met en avant une hausse de l'indemnité de résidence (50 euros de plus par mois pour 80% des contrôleurs), 400 euros de prime versée en mars (en plus d'une précédente prime de 400 euros) et 1.200 euros d'intéressement qui seront versés en mai.

Mais la multiplication des préavis catégoriels commence à agacer la direction.

"Nous faisons parfois face à des préavis de préavis! Ce n’est pas la meilleure façon d’aborder le dialogue social. Je ne vois pas pourquoi il faudrait en passer par la grève pour améliorer la situation", s'interroge son PDG, Jean-Pierre Farandou à Ville, Rail et Transports.

"Je rappelle que la grève, ça pénalise les cheminots qui perdent de l’argent, l’entreprise alors qu’elle a besoin d’argent pour investir dans le réseau ferré et acheter des TGV et pour payer les cheminots, et surtout nos clients, voyageurs", poursuit-il.

Faut-il craindre d'importantes perturbations?

La colère des contrôleurs est réelle et ancienne. Reste que les mouvements de grève ont été très nombreux ces derniers mois, le dernier en février, également initié par les chefs de bord, avait entraîné la suppression d'un TGV sur deux en pleine période de vacances à la neige.

Les associations d'usagers et le consommateur lambda sont vent debout mais pour Sud-Rail, en position de force au sein des salariés, médiatiquement très exposé, la grève est devenu l'instrument systématique pour faire pression sur la direction. Elle pourrait donc passer à l'action si elle n'obtient pas gain de cause.

D'un autre côté, les organisations syndicales et les salariés pourraient être tentés de garder leurs forces (et leurs cagnottes) pour les Jeux olympiques de Paris.

Garder ses "forces" pour les JO?

Là encore, la pression est forte sur les épaules de la direction, notamment sur la question des primes. La SNCF (tout comme le gouvernement) se dit sereine, persuadée que les cheminots ne gâcheront pas la fête.

Il n'empêche. Les conducteurs de train semblent prêts au bras de fer. Estimant encore et toujours être mal payés malgré les augmentations consenties par la direction ces trois dernières années, ils menacent à nouveau de perturber le bon déroulement des Jeux olympiques de Paris.

Un courrier d'un collectif adressé à la direction menace: "Dans l'état actuel des choses, vous ne ferez circuler aucun train pendant les Jeux olympiques. Nos CET (compte épargne temps, NDLR) sont pleins et en conséquence, nous sommes prêts à tenir dans la durée".

Dans le même temps, un site Web baptisé Promesse de grève a été mis en ligne par le syndicat FO. Il permet aux cheminots de déclarer leur intention de faire grève pendant les JO. Le compteur indique à ce jour (mardi) 644 "promesses".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business