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"Ça devient très compliqué": hôteliers et restaurateurs face à une baisse de 25% à 80% de leur activité suite aux grèves

Dans un courrier adressé à la Première ministre, le GHR (Groupement des hôtelleries et restaurations de France) s'alarme des conséquences des mouvements sociaux à répétition.

Hôtels, cafés et restaurants affichent à nouveau leur inquiétude. Alors qu'ils pensaient avoir tourné la page avec la fin de la crise sanitaire, l'inflation qui frappe leurs achats de matières premières et leurs factures énergétiques est venue plomber leurs marges.

Mais le nouveau coup de bambou, ce sont les mouvements sociaux à répétition qui pèsent de plus en plus sur leur activité. Grèves dans les transports, ordures non ramassés par les éboueurs, blocages divers et variés... autant d'éléments qui inquiètent le secteur.

A Paris, "les perturbations dans les transports, les déchets qui s’accumulent dans les rues, devant les façades des établissements et depuis plusieurs jours, les feux de poubelles et les dégradations commises lors des manifestations impactent sérieusement l’activité des professionnels" s'alarme dans un communiqué le GHR (Groupement des hôtelleries et restaurations de France).

"Les annulations de touristes se multiplient"

La facture est déjà salée. Selon Pascal Mousset, Président du GHR Paris IDF, "dans les restaurants, à Paris et dans les grandes villes, la baisse d’activité est de l’ordre de 25%" (la semaine dernière par rapport à une semaine normale).

"Cette baisse d’activité concerne tout particulièrement les établissements installés dans les "quartiers sales", ceux ou le ramassage des ordures n’est plus opéré et ceux à proximité des gares. Pour ces établissements, la baisse d’activité peut atteindre 50% les jours de grèves et de manifestations" poursuit-il.

"Dans les quartiers de l'hyper-centre de Paris, là où les poubelles brûlent le soir, les annulations de groupes de touristes notamment américains se multiplient" confirme pour BFM Business, Franck Trouet, Délégué général du GHR.

"Quant aux établissements qui se trouvent à proximité des rassemblements violents, ils sont soit contraints de fermer soit réduits à une activité en chute de 80%" ajoute le GHR.

En province, ce sont les "blocages et la crainte d’une pénurie de carburant (qui) pousse de nombreux clients à renoncer à des déplacements et à déserter les restaurants, en particulier le midi. La baisse d’activité sur la dernière semaine est de l’ordre de 40%" avance l'organisation professionnelle.

Au Havre, Nantes, Rennes...

"Au Havre par exemple, à midi, les clients viennent en voiture, aujourd'hui, par peur de manquer de carburant, ils ne viennent plus. C'est la même chose à Nantes et à Rennes où le problème du carburant vient s'ajouter à celui de manifestations qui peuvent être violentes. Même dans des villes comme Angoulême, il y a une baisse d'activité midi et soir" complète Franck Trouet.

Les réservations d'hôtels subissent également les conséquences de la contestation sociale. On "constate une montée en charge des réservations anormalement faible à Paris pour les prochaines semaines" s'inquiète Fabienne Ardouin, Présidente en charge de l’hôtellerie au GHR.

Tout comme l'activité qui serait en baisse de "10 à 20%, le problème pour de nombreux clients, c’est de se déplacer, en train comme en voiture" ajoute-t-elle.

De quoi inciter le GHR à écrire à Elisabeth Borne, la Première ministre. La priorité est de "mettre en œuvre toutes les mesures afin de garantir la sécurité sanitaire de tous en faisant enlever au plus vite les tonnes de déchets qui jonchent les trottoirs des villes" et d'assurer "la mobilité de tous nos concitoyens et touristes en toute sécurité et enfin de protéger les personnes et les établissements de toute dégradation".

L'inquiétude est d'autant plus forte que les vacances de Pâques approchent à grands pas, elles débutent le 8 avril prochain dans la zone A.

Des trésoreries qui se détériorent à grande vitesse

Et l'état des finances des établissements (re)commence à se détériorer. "Désormais, les exploitants ont à peine deux à trois mois de trésorerie, certains ont à peine un mois" souligne Franck Trouet.

Des difficultés avant tout dues à la flambée de la facture énergétique. "Beaucoup d'établissements n'ont pas droit au bouclier tarifaire, quant à l'amortisseur, il n'est pas toujours appliqué par Engie tout comme l'allongement des délais de paiement pourtant annoncé par le gouvernement" regrette le Délégué général.

Si on y ajoute les grèves, le remboursement des PGE et les pénuries de personnels, "ça devient très compliqué" pour les exploitants qui espèrent des mesures du gouvernement.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business