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"Passeur formidable", "rock-star de la lecture": les hommages à Bernard Pivot se multiplient

L'annonce de la disparition de Bernard Pivot, qui a beaucoup œuvré à la promotion de la littérature, suscite de nombreux hommages.

Bernard Pivot, qui a animé plusieurs émissions consacrées à la littérature, dont les programmes cultes Apostrophe de 1975 à 1990, puis Bouillon de culture, de 1991 à 2001, vient de s'éteindre à l'âge de 89 ans. Les hommages se multiplient, à l'image de celui de la journaliste Anne Sinclair, qui salue sur BFMTV "un grand homme de culture et de télévision".

"Il a fait en sorte que la lecture passe à la télévision à une heure relativement de grande écoute", ajoute l'ex-présentatrice de Sept sur Sept.

"Il savait rendre cela magnifique et vivant. Un tête à tête successif sur l'écriture, la littérature, la culture, il savait rendre tout ça vivant et vrai, accessible. C'était un type formidable."

"Profondément sympathique et vrai"

"Il était gai, drôle, profondément sympathique, profondément vrai. Il n'avait pas la grosse tête. Un passeur formidable."

L'Académie Goncourt, dont il a été membre puis président, salue son "insatiable curiosité et sa "haute morale": "Nous garderons de lui le souvenir d'un être érudit mais jamais pédant, pour lequel la camaraderie, la bonne humeur et le bon vivre étaient des valeurs aussi importantes que l'excellence littéraire", a affirmé le jury, présidé par Didier Decoin.

L'écrivain Pascal Bruckner, qui a remplacé Bernard Pivot à la tête de l'institution, fait également part sur BFMTV de sa "grande tristesse".

"Le talent de Pivot, c'est de se mettre à la place du Français lambda, face à un écrivain, et de poser des questions qui permettent aux Français de s'intéresser à l'œuvre. Il ne mettait pas en avant sa culture, il n'essayait pas d'être plus intelligent que les auteurs interviewés. Il les questionnait comme il aurait questionné n'importe qui."

Les géants des lettres se succèdent dans ce salon d'un nouveau genre où Pivot sait créer une intimité et réunir des duos improbables. Cavanna essaie de faire taire un Charles Bukowski ivre mort avec un fameux "Bukowski, je vais te foutre mon poing dans la gueule!", auquel Pivot ajoute: "Shut up..." Soljenitsyne y défend "L'Archipel du goulag" et ses mémoires. Marguerite Duras lui avoue: "On boit parce que Dieu n'existe pas".

"Il a su nous faire aimer les livres"

Sagan, Barthes, Nabokov, Bourdieu, Eco, Le Clézio, Modiano, Levi-Strauss ou encore le président Mitterrand seront ses invités. En 1987, il interviewe clandestinement Lech Walesa en Pologne. Facétieux et lecteur minutieux, il soumet ses invités au "questionnaire de Pivot", inspiré de celui de Proust.

"Il a permis à une très grande masse de gens de croiser les plus grands chef-d'œuvres de leur temps. Tout ça avec une bonhommie, une simplicité, un amour de la vie", ajoute Pascal Bruckner.

L'écrivain Alain Mackambou salue, lui, la mémoire de l'animateur, "un pont gigantesque", "un de ces médiateurs pour qui je dirais qu’en Europe aussi un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle".

Pour le journaliste Patrice Duhamel, ancien directeur général de France Télévisions, interrogé sur BFMTV, "c'était une rock star de la lecture, de la littérature". Sa popularité allait au-delà de la lecture". "Il n'aimait pas seulement la grande littérature, soit classique, soit contemporaine".

Le tweet de Jean-Pierre Foucault, rendant hommage à Bernard Pivot, le 6 mai 2024.
Le tweet de Jean-Pierre Foucault, rendant hommage à Bernard Pivot, le 6 mai 2024. © Capture d'écran - X - Jean-Pierre Foucault

L'animateur Jean-Pierre Foucault a lui aussi rendu hommage sur X à son confrère.

"Il a su nous faire aimer les livres, les écrivains! Le bonheur de le regarder à la télévision… Il nous rendait intelligent, nous mettait à sa portée. Merci Bernard Pivot!"

"Merci pour ces belles émissions et merveilleuses dictées", écrit sur X le journaliste britannique Alex Taylor qui salue "le seul français à avoir réussi à me faire manger en direct à la télé des escargots (sans le savoir, dans un risotto) dans une "Apostrophes" sur les "Anglais de Paris" (notamment avec Jane Birkin aussi)".

"Que de souvenirs émus", évoque Stéphane Bern sur X. "Il était toujours enjoué, drôle, moqueur et infiniment bon."

"Adieu Bernard Pivot", écrit Valérie Trierweiler, indiquant que l'animateur a été pour elle "un guide vers la lecture".

Magali Rangin