BFM Business
France

Présidentielle: ce qu'il faut retenir du grand oral des candidats face aux chefs d'entreprises

Six candidats à l'élection présidentielle ont présenté leur programme économique devant les dirigeants d'entreprise ce lundi à l'occasion de la REF du Medef.

Le rendez-vous était très attendu par le monde de l’entreprise. Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Fabien Roussel, Eric Zemmour… Six prétendants à l’Elysée se sont succédé à la tribune de la REF Présidentielle du Medef organisée ce lundi à Station F, dans le 13e arrondissement de Paris. Un grand oral pour permettre à chaque candidat d'exposer son projet économique face aux dirigeants et entrepreneurs, à moins de deux mois du premier tour.

Opération séduction

Pour chacun des candidats présents, l’objectif était de convaincre l’auditoire qu’ils comptaient défendre leurs intérêts lors du prochain quinquennat. Une opération séduction qui s’est jouée tant sur le fond que sur la forme. A mille lieues des idées défendues par le Medef "pour faire réussir la France", le communiste Fabien Roussel a tout de même confié aimer l’entreprise et assuré que "le pouvoir d’achat viendra du travail". "La France des jours heureux, c’est la France qui défend le droit au bonheur. Le droit au bonheur pour tous. Pour les salariés, pour les chefs d’entreprise et donc dans le monde économique", a-t-il encore expliqué.

De son côté, Marine Le Pen a décrit les entreprises comme "le socle de la puissance française", tandis que Valérie Pécresse a martelé vouloir "simplifier la vie des entrepreneurs". "Je vous admire", a même osé Eric Zemmour, faisant référence à la détermination des chefs d’entreprise malgré un "système français qui ne (leur) facilite guère la tâche". Enfin, Yannick Jadot a insisté sur le rôle essentiel de ces derniers: "La transition écologique se fera avec les entreprises ou ne se fera pas", a assuré le candidat d’EELV.

La compétitivité au cœur du débat

Sans surprise, la question de la compétitivité a été au centre des discours, les candidats ayant tous pointé le déficit commercial record enregistré par la France l'an dernier. Les candidats de droite ont défendu un allègement de la fiscalité pesant sur les entreprises: suppression de la cotisation foncière des entreprises pour Marine Le Pen, réduction des impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros pour Valérie Pécresse et même 30 milliards pour Eric Zemmour.

A gauche, moins de cadeaux fiscaux mais quelques promesses tout de même. Fabien Roussel a ainsi promis d’agir sur "la facture énergétique des entreprises" et dit vouloir taxer davantage les grandes entreprises plutôt que les petites. Quant à Yannick Jadot, il a fait part de son intention de revenir sur la baisse des impôts de production de ces dernières années mais de privilégier fiscalement les entreprises qui font des efforts sur leur empreinte carbone à celles qui n’en font pas. Anne Hidalgo a quant à elle milité pour le statu quo en matière d’impôts sur les entreprises: pas de hausse donc, mais pas de baisse non plus.

En matière de transition écologique, les candidats se sont opposés sur le thème du nucléaire. Fabien Roussel s’est dit favorable à la relance de la filière, tout comme Marine Le Pen et Valérie Pécresse qui veulent construire 6 EPR supplémentaires et Eric Zemmour qui en veut 14 à horizon 2050. Anne Hidalgo et Yannick Jadot se sont en revanche prononcés pour l’abandon progressif de l’atome.

Pour augmenter les salaires, des baisses de charges à droite, une hausse du Smic à gauche

Les candidats ont enfin affirmé vouloir augmenter les salaires nets, alors que le pouvoir d'achat est la première préoccupation des Français dans cette campagne. A droite, Valérie Pécresse a défendu une hausse des salaires de 10%, la défiscalisation des heures supplémentaires et la création d’un observatoire des salaires avec les organisations syndicales et patronales.

Anne Hidalgo souhaite privilégier la négociation entre partenaires sociaux avec l’organisation d’une conférence sur les salaires après avoir augmenté le Smic de 15%. Les deux autres candidats de gauche ont également promis une hausse du salaire minimum qui devrait être porté à 1500 euros nets avec Fabien Roussel et augmenté de 10% avec Yannick Jadot.

Marine Le Pen a quant à elle promis une hausse des salaires qui passera par l’exonération de cotisations patronales de toute augmentation salariale de 10% pour ceux qui gagnent jusqu’à trois Smic.

Le Medef se refuse à soutenir un candidat

Face à des chefs d'entreprises plutôt inquiets du niveau de dépense publique, les candidats ont aussi tenté de les rassurer sur le financement de leur programme, même si le sujet de la dette publique n'a été que peu abordé. Seule Valérie Pécresse a fortement mis l'accent sur les économies qu'elle souhaite réaliser: 45 milliards d'euros, notamment via la suppression de 200.000 postes dans la fonction publique.

Marine Le Pen a également justifié son abandon partiel sur le principe de la retraite à 60 ans par le niveau d'endettement public. A l'issue de plus de trois heures d'échanges, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui avait appelé l'assistance à une attitude "respectueuse", s'est refusé à "soutenir tel ou tel candidat".

"Notre préoccupation était de recentrer le débat public sur des enjeux essentiellement économiques, et également sociaux: mission accomplie je dirais de la part des candidats", a salué Patrick Martin, président délégué du Medef. "On voit quand même, et vous ne me ferez pas dire à qui je pense, qu'aux yeux des chefs d'entreprise, certains programmes sont plus puissants, plus efficaces, plus pertinents que d'autres", a-t-il commenté.
Gaëtane Meslin avec Paul Louis avec AFP