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Pourquoi le déficit du commerce extérieur de la France est au plus haut

Avant la crise sanitaire, la France affichait un déficit commercial inférieur à 60 milliards. Avec la forte reprise économique, il est passé à près de 85 milliards. Et le renchérissement des matières premières importées n'explique pas tout.

A 84,7 milliards d’euros, le déficit du commerce extérieur a atteint en 2021 son plus haut niveau historique. Un niveau bien supérieur à ce qu’il était entre 2017 et 2019, période durant laquelle il n’a jamais dépassé 60 milliards d’euros. Il apparaît donc clairement que la forte croissance économique qu’a connu la France en 2021 a accentué son déficit commercial.

Ce n’est pas vraiment une surprise. Une partie de la hausse de nos importations s’explique par le renchérissement mondial du prix des matières premières. La France a payé plus cher le pétrole, le gaz mais aussi l’acier et les autres métaux achetés à l’étranger. Et ce, alors même qu’en 2021, les automobilistes sont passés plus souvent à la pompe qu’en 2020 et que les industriels ont fait davantage tourné leurs usines.

Le secteur aéronautique est resté à la traîne en 2021

Les importations ont ainsi, tous produits confondus, augmenté de 18,8% alors que la hausse de nos exportations s’est limitée à 17%. Pour autant, l’Allemagne, confrontée au même surenchérissement des matières premières n'a vu, l'an passé, son excédent commercial baisser de seulement 4% (173,3 vs 180,4 milliards d'euros) selon les données publiées par l'institut Destatis ce mercredi 9 février.

Le problème de la France, c’est qu’une partie de ses grands champions en matière d’exportations vendent des produits qui, pour le moment, ont peu profité de la reprise mondiale. C’est le cas, notamment, de l’aéronautique. Airbus a reçu beaucoup de commandes l’année dernière. Mais les compagnies ne paient les avions que lorsqu’ils sont livrés. Et en matière de livraisons, le rebond de 2021 par rapport à 2020 –millésime exécrable- reste assez faible. Les exportations dans le secteur aéronautique n’ont ainsi augmenté que de 5,5%.

La France manque de secteurs fortement exportateurs

Il en va quasiment de même pour les livraisons de bateaux (+7,5%) et notamment de paquebots qui restent également l’un de nos points forts. De ce point de vue, l’économie française est doublement victime de la chute du tourisme générée par la crise sanitaire. Elle pâtit de la faiblesse du transport aérien et de la chute des croisières. Mais aussi de l’absence partielle de touristes non européens apporteurs importants de devises étrangères.

Or la faiblesse de la reprise sur les marchés liés au tourisme n’a pas été compensée par le rebond des ventes mondiales des autres champions français des exportations. Les deux grands piliers (parfums-cosmétiques et boissons) ont généré 27,6 milliards d’euros (respectivement 13 et 14,6 milliards) d’excédents, soit 5,7 milliards de plus qu’en 2020.

Et c’est évidemment l’un de nos gros problèmes. Il faudrait que le made in France s’impose dans d’autres secteurs de l’industrie. Y compris dans ceux qui, jadis, généraient des excédents. En 2021, les entreprises et les ménages français ont achetés bien plus de voitures produites à l’étranger que les constructeurs automobiles n’ont exporté de voitures assemblées en France. Le déficit commercial dans ce secteur a atteint 18 milliards d’euros.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco