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Fiscalité, salaires, retraites: ce que contient le programme économique de Marine Le Pen

La candidate du RN formule plusieurs propositions économiques en mettant notamment l'accent sur la priorité nationale et la baisse de la fiscalité pour les jeunes et les petites et moyennes entreprises.

Après être parvenue à se qualifier pour le second tour en 2017, Marine Le Pen mène cette année sa troisième et probablement dernière campagne présidentielle. En cas de victoire le 24 avril prochain, la candidate du Rassemblement national promet de rompre avec la politique jugée trop libérale d’Emmanuel Macron. Tour d’horizon des principales mesures économiques de la représentante du camp nationaliste.

Salaires

Comme la plupart des candidats, eMarine Le Pen promet une hausse des salaires durant son quinquennat. Pour ce faire, elle exonérera de cotisations patronales toute revalorisation salariale de 10% de ceux gagnant jusqu’à trois Smic. De quoi, selon elle, inciter les entreprises à faire un geste dans un contexte de retour de l’inflation.

La candidate du RN prévoit également d’augmenter les salaires des enseignants ainsi que ceux des personnels soignants en supprimant notamment 10% des postes administratifs à l’hôpital. Son programme n’apporte en revanche aucune précision sur l’ampleur de ces revalorisations. Seule indication: l’augmentation des soignants s’inscrira dans le cadre d’un plan de soutien d’urgence pour la santé de 20 milliards d’euros.

Travail/Emploi

La thématique de l’emploi est peu abordée dans le programme de Marine Le Pen. Cette dernière avait toutefois fait part de son opposition à la réforme de l’assurance chômage d’Emmanuel Macron, la jugeant "stupide, honteuse et indigne". Si l’on peut supposer qu’elle reviendra sur cette réforme, son projet ne contient aucune proposition à ce sujet.

Plus largement, la candidate d’extrême-droite promet d’"assurer la priorité nationale d’accès à l’emploi", sans plus de détail là-encore. Pour les jeunes en revanche, elle propose une mesure concrète: la création d’un chèque formation mensuel de 200 à 300 euros destiné aux apprentis, aux alternants et à leurs employeurs.

Retraites

Sur l’explosive question des retraites, Marine Le Pen assure qu’elle refusera tout allongement de l’âge de départ. Au contraire, elle prévoit plutôt de l’abaisser. Si elle envisageait auparavant un départ à la retraite à 60 ans avec 40 annuités pour tout le monde, la candidate a été contrainte de revoir son projet critiqué jusque dans son propre camp.

Elle propose finalement un système progressif de départ à la retraite, en réservant la retraite à 60 ans avec 40 annuités aux Français entrés dans la vie active avant l’âge de 20 ans. Celles qui ont commencé à travailler entre 17 et 20 ans pourront ainsi "bénéficier d'un taux plein dès 60 ans avec 40 annuités, soit un gain (...) de plus de 2 années de travail", a détaillé Marine Le Pen. Pour ceux qui commencent à travailler après l'âge de 20 ans et jusqu'à 24,5 ans, "un système progressif de 160 à 168 trimestres de cotisations sera mis en place", a-t-elle ajouté, pour un départ entre "60,75 et 62 ans", d'après le RN.

Au-delà de la question de l’âge, celle qui figure dans les enquêtes d’opinion en bonne position pour accéder au second tour promet de réindexer les retraites sur l’inflation et de revaloriser le minimum vieillesse à 1000 euros par mois.

Fiscalité

Symbole du quinquennat d’Emmanuel Macron, l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI) venu remplacer l’ISF, sera remodelé en cas de victoire de Marine Le Pen. Celle-ci reproche en effet à l’IFI de taxer "l’enracinement". A la place, elle propose un Impôt sur la fortune financière (IFF) qui aura les "mêmes taux et les mêmes seuils que l’ancien ISF, mais d’où sera exonérée la résidence principale".

La plupart des mesures de Marine Le Pen en matière fiscale vise avant tout à "soutenir la famille" et à éviter la fuite des talents. Ainsi, elle promet d’"exonérer d’impôt sur le revenu tous les jeunes actifs jusqu’à 30 ans pour qu’ils restent en France et fondent leur famille chez nous", mais aussi de "supprimer l’impôt sur les sociétés pour les entrepreneurs de moins de 30 ans pendant les cinq premières années pour éviter leur départ à l’étranger".

Une part fiscale complète sera également instituée dès le deuxième enfant. Aujourd’hui, c’est sur le troisième enfant à charge que s’applique une première part complète, les deux premiers représentant chacun une demi-part. Les jeunes familles françaises pourront en outre profiter d’un prêt à taux 0% qui sera "transformé en subvention pour les couples qui auront un troisième enfant".

Pour libérer du pouvoir d’achat aux ménages, Marine Le Pen prévoit par ailleurs de supprimer les 138 euros de redevance TV en privatisant l’audiovisuel public. Enfin, elle entend combattre les fraudes en créant un ministère en charge de la lutte contre les fraudes de tout type (fiscales, cotisations et prestations sociales, importations, ententes, etc.).

Droits de succession

Marine Le Pen formule deux propositions sur les droits de succession, sujet au cœur de la campagne présidentielle. La candidate du RN promet une suppression totale des impôts sur l’héritage direct pour les "familles modestes et les classes moyennes". Reste à savoir ce qu’elle entend précisément par "classes moyennes".

Autre proposition: l’exonération des donations des parents mais aussi des grands-parents à leurs enfants et petits-enfants jusqu’à 100.000 euros tous les dix ans. Actuellement chaque parent peut donner à son enfant jusqu'à 100.000 euros sans payer de droits de donation, mais seulement tous les 15 ans. Pour les grands-parents, l'abattement est limité à 31.865 euros, et à 5310 euros pour les arrière-grands-parents.

Entreprises/Compétitivité

S’agissant des entreprises, Marine Le Pen entend aider en premier lieu les petites et moyennes structures. Ainsi, elle donnera la priorité aux PME pour les marchés publics et supprimera la cotisation foncière des entreprises (CFE) "qui pénalise les TPE et PME". La contribution sociale de solidarité des entreprises (C3S) sera également supprimée "dans les zones de relocalisation" où "il faut créer de l’emploi".

Dans la même logique, les subventions seront conditionnées "à la création d’emplois au titre d’une politique d’aménagement du territoire". Pour soutenir les entreprises innovantes, la candidate RN propose en outre de "créer un fonds souverain français pour augmenter la rémunération de l’épargne des Français et l’orienter vers des secteurs stratégiques et l’innovation".

Enfin, Marine Le Pen promet de "protéger notre économie de la concurrence déloyale et de revoir les accords de libre-échange qui ne respectent pas les intérêts de la France".

Transports

Si Marine Le Pen accédait à l’Elysée, les autoroutes seront renationalisées afin de faire baisser de 15% les péages et redonner du pouvoir d’achat aux automobilistes. Selon elle, cette mesure permettrait aussi de renflouer les caisses de l’Etat à hauteur de 1,5 milliard d’euros par an.

Logement

Comme pour l’emploi, Marine Le Pen souhaite que la priorité nationale s’applique à l’accès au logement social. "Tous les Français, qu’ils soient d’origine française ou ayant obtenu la nationalité française, doivent pouvoir bénéficier de la priorité nationale au logement", expliquait-elle en septembre dernier, ajoutant que les ménages immigrés sont aujourd’hui "deux fois plus souvent locataires d’HLM que les autres".

En réalité, 80,5% des 4,72 millions de ménages locataires du parc HLM sont non immigrés, selon une enquête de l’Insee. Si ces chiffres datent de 2013 et qu’ils ont peut-être évolué depuis, les immigrés (qui représentent donc environ 18,5% des locataires d’HLM) restent loin d’être majoritaires comme le laisse entendre la candidate RN. Même s’il est vrai que cette population est surreprésentée au regard de son poids dans la population globale, notamment en raison de niveaux de vie souvent plus faibles.

La finaliste de l’élection de 2017 prévoit par ailleurs de construire 100.000 logements sociaux par an dont 20.000 en faveur des étudiants et des jeunes travailleurs. Cet objectif de 100.000 correspond à peu de chose près au niveau déjà atteint aujourd’hui (104.800 logements sociaux en 2021) et est même en deçà de l’objectif fixé à 120.000 par l’actuel gouvernement.

Le programme de Marine Le Pen en matière de logement prévoit enfin le lancement d’ "un plan de réhabilitation de l’habitat grâce à des aides efficaces" et la création d’"un fonds de garantie des loyers pour protéger les propriétaires".

Energie

Dans un contexte de flambée des prix de l’énergie, le programme présidentiel de Marine Le Pen promet une baisse de la TVA de 20 à 5,5% sur les produits énergétiques (carburants, fioul, gaz et électricité) "en tant que biens de première nécessité". Il prévoit aussi la sortie du marché européen de l’électricité "pour retrouver des prix décents".

Ce marché continental est en effet souvent montré du doigt puisque le prix de l’électricité n’y est pas déterminé en fonction de coût de production mais en fonction du coût marginal de sa production. Or, comme une large partie de l’électricité de l’Union européenne est produite avec des énergies fossiles, toute augmentation des prix du gaz ou du charbon se répercute sur le coût de production de l’électricité pourtant produite à bas coût en France grâce au nucléaire.

Marine Le Pen est d’ailleurs favorable à la relance de la filière nucléaire, mais aussi à celle de la filière hydroélectrique et hydrogène. Elle déclare en revanche la guerre aux éoliennes. En cas de victoire en avril prochain, elle prévoit d’arrêter tous les projets éoliens en cours et de démanteler progressivement les parcs existants pour "rendre aux ménages les 5 milliards de subventions" dont une bonne partie a justement été versée pour les éoliennes.

Agriculture

En matière d’agriculture, Marine Le Pen dit vouloir "garantir aux paysans des prix respectueux de leur travail et mettre un terme aux marges abusives de la grande distribution", sans pour autant expliquer la façon dont elle s’y prendrait.

La prétendante à l’Elysée souhaite aussi offrir davantage de débouchés aux agriculteurs en obligeant les cantines à utiliser 80% de produits agricoles français. Elle promet enfin de se battre contre la concurrence déloyale en interdisant les importations de produits agricoles qui ne respectent pas les normes de production française.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco