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Procès de l'attentat de Nice: les parties civiles "satisfaites" des condamnations

Les trois principaux accusés ont été condamnés à 12 et 18 ans de prison. Des peines qui dépassent ce qu'attendaient les parties civiles, qui craignaient des condamnations plus faibles.

Soulagement. C'est le mot qui domine ce mardi à la sortie du palais Acropolis de Nice, où de nombreuses parties civiles se sont rassemblées pour écouter le verdict du procès de l'attentat du 14-Juillet 2016.

Trois des principaux accusés ont été reconnus coupables, deux d'entre eux ont été condamnés à 18 ans de prison. Le troisième a quant à lui été condamné à 12 ans de réclusion criminelle.

"Plus que ce que l'on espérait"

Ces peines satisfont les 2500 parties civiles constituées pour ce procès, qui attendaient avec impatience le délibéré depuis maintenant six ans. Aurélie, venue assister à la lecture du verdict au palais Acropolis, confie n'avoir "pas dormi la nuit dernière".

"Quand on a entendu les premières condamnations, c'était un soulagement", déclare Alain Dariste, co-président de l'association de victimes "Promenade des Anges", au micro de BFM Nice Côte d'Azur. "C'était plus que ce qu'on espérait. On a échappé aux acquittements, on a échappé aux petites peines."

Même sentiment à Paris, où le procès se tenait depuis début septembre à la cour d'assises spéciale. "Je ne pleure jamais, mais là j'ai tout lâché, parce que j'étais tellement surprise", confie, en larmes, Caroline Villani, qui a perdu son fils et trois autres proches le soir de l'attentat.

Autre soulagement pour les parties civiles: le chef d'association de malfaiteurs terroriste a été reconnu pour deux des trois principaux accusés, Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud.

Henri Roy, qui avait été blessé le soir de l'attentat ayant causé 86 morts, se dit "satisfait de voir que certains ont pris 18 ans. Il a été reconnu un caractère terroriste, avec une volonté de nuire".

"Maintenant, il ne faut pas nous oublier"

Avec des peines s'échelonnant de 2 à 18 ans de prison, les condamnations dépassent ce qu'espéraient les parties civiles. Le parquet national antiterroriste avait lui-même requis 15 ans de prison contre les principaux accusés.

"La cour a envoyé un signal pédagogique", a déclaré maître Méhana Mouhou, avocat des parties civiles, au micro de BFMTV. "Si par malheur vous connaissez ou vous aidez, même de loin, un terroriste, la justice est là pour vous rattraper."

Après des mois et des années d'attente, c'est une sensation étrange qui s'installe pour les parties civiles et familles de victimes.

"Je n'ai pas l'impression que ce soit fini", nous confie l'une d'entre elles. "Maintenant, il ne faut pas nous oublier. Il faut nous aider à nous reconstruire. J’ai peur de demain."

"Ma vie ne changera pas"

La même femme confie également vouloir un second procès pour le dispositif de sécurité le soir de l'attentat, pointé du doigt comme étant insuffisant plusieurs fois depuis le début du procès. "On n'a pas été protégé."

"Ma vie ne changera pas", déclare Anne Murris, présidente du Mémorial des Anges, et qui a perdu sa fille Camille ce soir-là. "Rien n'enlèvera la souffrance que j'ai d'avoir perdu ma fille."

Ce mardi soir, à la sortie du procès, plusieurs proches de victimes confient craindre une procédure en appel de la part des accusés. Une crainte confirmée quelques minutes plus tard: maître Vincent Brengarth, avocat de l'un des principaux accusés, Mohamed Ghraieb, a annoncé ce soir que son client fera appel de sa condamnation.

"En dépit des doutes (...) vous avez une peine de 18 ans de réclusion criminelle dont on voit bien qu’elle est une réponse aux attentes de l’opinion publique sur un dossier dans lequel la juridiction n’a pas su résister à la pression et l’injonction qui lui était faite d’avoir une peine exemplaire", a-t-il déclaré.

Laurène Rocheteau