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"Vous fréquentez le même mec?": ces femmes fichent les hommes à éviter pour un rencard

Sur Facebook, des groupes exclusivement réservés aux femmes qui se donnent des conseils sur les hommes à rencontrer ou à éviter se multiplient.

Sur le groupe Facebook "Are we dating the same guy?" (en français, "vous fréquentez le même mec?", NDLR) des centaines de photos Tinder d'hommes défilent. Avec toujours les mêmes questions: "Y-a-t-il des informations que je dois connaître sur lui?" Ou encore "quelqu'un l'a-t-il rencontré?"

Le concept de ce groupe est simple: protéger les utilisatrices d'applications de rencontre comme Tinder, Hinge ou Bumble. Pour cela, les internautes partagent les profils d’hommes avec lesquels elles sont en contact et demandent aux membres du groupe si elles le connaissent et s’il y a des "red flags" à signaler, donc des éléments négatifs.

D'autres femmes publient directement des avertissements sur leurs anciens compagnons, témoignages de violences, d'irrespect voire d'agression sexuelle à l'appui. "S'il vous plaît mesdames, restez loin de lui... J'avais cru trouver mon âme soeur en Jason", peut on ainsi lire dans le groupe "Are we dating the same Guy / New York", suivi par 140.000 new-yorkaises.

Plus de 200 groupes Facebook

Selon le média USA Today, il existerait plus de 200 groupes comme celui-ci, rien qu'aux Etats-Unis. Et depuis quelques mois, le phénomène commence à arriver en France. Les groupes Facebook "Are we dating the same guy?" se multiplient à Paris, Lyon ou encore Lille. La communauté parisienne compte plus de 5.000 membres.

Un phénomène qui s'explique par le climat d'insécurité qui règne sur les réseaux sociaux, et notamment les applications de rencontre. "Il y a une forme d'angoisse sur les applications de rencontre, en particulier depuis le violeur de Tinder", analyse au micro de BFMTV Véronique Reille Soult, spécialiste des réseaux sociaux.

"L’apparition de ce type de groupes s’inscrit dans la continuité du mouvement #MeToo. Les femmes ne se sentant pas protégées — notamment par la justice —, elles mettent en place des techniques de défense", abonde Carole, une utilisatrice interrogée par Le Parisien.

Parmi les photos partagées, on retrouve celle de Mike (le prénom a été modifié) qu'une utilisatrice a pris directement du profil Tinder du principal intéressé. "j'allais me marier avec lui et lors d'un de ses concerts, j'ai découvert qu'il avait trois autres femmes à travers le pays", prévient une internaute.

"Il m'a mal parlé toute la soirée", écrit une utilisatrice sous une autre photo. "A la fin, il a même refusé de payer son verre."

Une pratique illégale

Le groupe a une politique de modération stricte. Il est par exemple interdit de poster les informations personnelles des hommes visés, comme leur nom ou leur adresse. En revanche, les photos sont partagées à tout-va. Le problème, c'est que la pratique est illégale.

En effet, selon Alexandre Lazaregue, avocat spécialiste du droit du numérique et d'internet: "C'est une violation de la vie privée et puis, si vous dites des choses désagréables, cela peut être de la diffamation."

Avec le risque, donc, de transformer le groupe en tribunal populaire. Car "Are we dating the same guy" n'accepte pas les hommes. Pire, il est interdit aux membres de la communauté de "divulguer quoi que ce soit à propos du groupe", sous peine d’en être définitivement bannie.

Résultat, les personnes affichées sont incapables de se défendre. "Il y a une réalité de dénigrement de ces personnes, par moment ça peut se transformer en vengeance", alerte Véronique Reille Soult. D'autant qu'aucune information partagée sur le groupe n'est vérifiée.

Salomé Ferraris