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Martini, Aperol... Instagram condamné concernant des publicités d'influenceurs pour de l'alcool

Meta, maison-mère d'Instagram, devra fournir l'identité d'influenceurs ayant diffusé des publicités pour de l'alcool. Aucun d'entre eux n'a toutefois été sanctionné par la plateforme.

Meta (Facebook, Instagram) devra fournir à l'association Addictions France les identités d'une vingtaine d'influenceurs accusés de promouvoir des marques d'alcool sur Instagram, a confirmé la cour d'appel de Paris dans un jugement rendu public jeudi par l'ONG.

Des influenceurs très suivis comme Julien Geloën (422.000 abonnés), Bastien Grimal, (1 million d'abonnés), ou Chloé Bleinc (911.000 abonnés) ont ainsi été épinglés pour des publicités faisant la promotion de boissons alcoolisées. Parmi les annonceurs, on retrouve des marques bien connues comme Martini, Aperol, Campari, mais encore la vodka Grey Goose ou ou le rhum Havana Club.

"Public jeune et influençable"

La cour a confirmé un jugement de première instance il y a un an, en restreignant toutefois légèrement les informations que le groupe américain devra fournir sur la vingtaine d'internautes impliqués.

Meta devra donner "les noms et prénoms" du titulaire des comptes, les "pseudonymes utilisés" et les "adresses de courrier électronique ou de comptes associés", selon un arrêt du 21 décembre, consulté par l'AFP. En revanche, la cour d'appel n'exige pas les dates et lieu de naissance des titulaires des comptes, ni leur numéro de téléphone, comme le faisait le premier jugement.

Meta, qui avait fait appel de la décision de première instance, n'a fait aucun commentaire sur l'affaire. Le groupe avait déjà supprimé les contenus incriminés après le premier jugement. En revanche, et comme a pu le constater Tech&Co, aucun des comptes visés n'a vu son activité limitée par Instagram, au même titre que ceux d'influenceurs épinglés pour d'autres pratiques abusives par la DGCCRF au cours de l'été 2023.

Addictions France a salué "une grande avancée" pour l'application de la loi Evin sur la publicité pour l'alcool, mais aussi sur la question de l'anonymat sur internet.

"Addictions France attend aujourd'hui que Meta coopère réellement, tout en prenant des mesures pour lutter contre la diffusion des contenus illégaux sur ses plateformes promouvant l'alcool à destination d'un public jeune et particulièrement influençable", a déclaré l'association.

De nouvelles publicités pour de l'alcool

La loi Evin restreint strictement les publicités pour l'alcool, limitant celle-ci à un contenu informatif et interdisant toute association avec la fête, la convivialité ou l'humour.

Addictions France estime que les images publiées par des influenceurs se mettant en scène avec des bouteilles ou logos bien visibles sont un moyen de détourner la loi. Au total, la vingtaine d'influenceurs concernés par la procédure comptent environ 5 millions d'abonnés.

Malgré l'effacement des contenus litigieux, "une demi-douzaine environ des internautes concernés continuent de poster" des contenus avec des marques d'alcool, a indiqué à l'AFP Franck Lecas, responsable juridique à Addictions France.

"Ils le font sous forme de stories, des contenus éphémères (24 heures) qu'il est plus difficile de repérer et attaquer, a-t-il dit.

Globalement, il regrette que la loi "influenceurs" adoptée en juin n'ait pas permis de mieux contrer les publicités déguisées pour l'alcool. Une loi qui pourrait toutefois être retoquée par la Commission européenne.

"La loi aurait pu imposer aux influenceurs d'imposer des mentions légales (comme pour tous les sites internet) permettant aux associations d'agir en justice contre les créateurs de contenus illicites, sans avoir à engager une procédure lourde" pour récupérer les identités auprès du réseau social, a-t-il déclaré.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably avec AFP Rédacteur en chef adjoint Tech & Co