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Influenceurs payés pour défendre les trottinettes: “un problème démocratique” pour la mairie de Paris

A quelques jours du vote remettant en cause le marché des trottinettes en libre-service, les acteurs du secteur cumulent les publicités en ligne.

Comment convaincre les jeunes de sauver leur business? C’est la question que se posent les entreprises Lime, Dott et Tier, les trois opérateurs de trottinettes électriques en libre-service. Ce dimanche 2 avril, la mairie de Paris organise un vote afin que les Parisiens puissent se prononcer pour ou contre l’interdiction des trottinettes en libre-service en septembre 2023.

Depuis quelques jours, les trois entreprises ont diffusé de multiples publicités sur TikTok et Instagram, réalisées par des influenceurs, afin de faire basculer le scrutin en leur faveur. Une initiative que goûte peu la mairie de Paris.

Certaines publicités illégales

“Cela pose question sur le rôle de ces influenceurs dans une démocratie, qui ne sont pas du tout encadrés ni régulés, et des moyens mis sur la table par des entreprises privées pour peser sur le résultat d'un vote” explique David Belliard, adjoint à la maire de Paris en charge des mobilités.

Autre problème: certaines des publicités diffusées à la demande des opérateurs de trottinettes sont illégales. Comme a pu le constater Tech&Co ce 30 mars, plusieurs des séquences les plus relayées sur TikTok n’affichent pas leur caractère commercial, trompant ainsi les abonnés. Une pratique interdite, rappelait la DGCCRF en janvier dernier.

Vidéo diffusée sur le compte TikTok de l'influenceur Ethan Berrebi, le 29 mars, sans précision de son caractère publicitaire
Vidéo diffusée sur le compte TikTok de l'influenceur Ethan Berrebi, le 29 mars, sans précision de son caractère publicitaire © TikTok

Ainsi, une publicité diffusée par l’influenceur Ethan Berrebi et cumulant près d’un million de vues incite les jeunes utilisateurs de TikTok à aller voter ce 2 avril pour “le maintien des trottinettes électriques” que certains voudraient “bêtement” interdire. Le tout, sans aucune mention du lien commercial avec les entreprises du secteur. Une précision finalement apparue après des échanges entre Tech&Co et l’opérateur Lime, aux alentours de 10h30 ce 30 mars.

“C'est un problème démocratique au sens large oui, et franchement ça ne donne pas une bonne image de ces influenceurs qui se font payer pour défendre le business d'opérateurs privés” déplore David Belliard.

Auprès de Tech&Co, l’opérateur Lime assure avoir demandé aux différents influenceurs de signaler le caractère commercial de leurs publications.

“Nous n’avons pas la main sur les comptes personnels des influenceurs: des manquements ont été constatés et ont immédiatement été signalés” assure l’entreprise.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co