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Données personnelles

Temu, Wish, Shein: pourquoi les applications chinoises de commerce suscitent tant de craintes

Produits défectueux, soupçons d'espionnage, collecte de données personnelles: les applications chinoises cumulent les critiques, malgré un succès indéniable.

Temu, la dernière plateforme d'e-commerce, arrivée en avril dernier en France, fait déjà fureur dans l'Hexagone. L'application, qui a atteint le palier du plus grand nombre de téléchargements en France, permet d'acheter toutes sortes de produits, qu'il s'agisse d'outils, de décorations, d'électronique, le tout pour un prix défiant toute concurrence.

Ces plateformes chinoises, telles que Wish, Temu ou encore la marque de vêtements à bas prix Shein, sont très populaires en France, notamment en raison des prix très agressifs qu'elle pratiquent. Mais elles sont également très surveillées, que ce soit pour les produits qu'elles vendent ou la façon dont elles traitent les données personnelles des clients.

Un risque de produits dangereux

Comme ses concurrentes Aliexpress ou Wish, dont la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait obtenu le déréférencement en France, Temu pose de nombreux problèmes de sécurité.

Dans un premier temps, les articles à très bas coûts proposés par l'entreprise sont susceptibles d'être de mauvaise qualité, voire, pire, dangereux pour leurs utilisateurs. C'est notamment le cas pour les produits électroniques, dont il avait été avéré sur Wish qu'une majorité d'entre eux présentaient un danger potentiel.

Une étude réalisée par la DGCCRF avait conclu, fin 2021, que Wish commercialisait un nombre important de produits non-conformes. 90% des appareils électriques étaient ainsi considérés comme dangereux, tout comme 45% des jouets.

En raison du modèle économique, et du caractère très "low-cost" des produits vendus sur Shein et Temu, les deux applis font également l'objet de telles accusations. Est également visée leur très lourde empreinte écologique, avec des produits peu qualitatifs, ayant de grandes chances d'avoir une durée de vie très courte.

Protection des données personnelles

Mais en plus de proposer du matériel défectueux, ces applications chinoises peuvent présenter un risque pour la protection des données personnelles des utilisateurs. Adresses, identité, préférences d'achats: elles les recueillent en grand nombre, à l'image de Tiktok, l'application chinoise de courtes vidéos et qui bat toute concurrence dans le secteur des réseaux sociaux.

De son côté, Shein était déjà, en 2022, dans le viseur du gendarme américain. Son entreprise mère, Zoetop, avait écopé d'une amende en raison d'un traitement non-conforme des données personnelles de ses utilisateurs. L'entreprise avait été condamnée après n'avoir pas prévenu environ 40 millions d'utilisateurs qu'ils avaient été victimes d'un vol de données bancaires sur la plateforme.

Shein avait alors menti, indiquant que seuls 6,2 millions d'utilisateurs étaient concernés. Le vol, qui était en réalité un piratage, avait également mis en lumière les failles de sécurité de l'entreprise.

L'USCC, agence indépendante chargée d'analyser les relations économiques entre la Chine et les Etats-Unis, indique que la plateforme "demande aux utilisateurs de partager leurs données et leurs activités à partir d'autres applications, y compris les réseaux sociaux, en échange de réductions et d'offres spéciales sur les produits". Une pratique incitative qui fait craindre les gendarmes européens et américains de la protection des données, en raison de ce précécent.

Soupçon d'espionnage

Enfin, la parentalité chinoise de ces plateformes fait également craindre des possibilités d'espionnage. Un prisme qui s'est installé, principalement, en raison du succès de l'application Tiktok et de ses liens avec le Parti communiste chinois.

Le réseau social de courtes vidéos est sous la surveillance des Etats-Unis et de l'Union européenne. Plusieurs pays et Etats l'ont banni des téléphones de certains employés, à l'image de la France, où les fonctionnaires ne peuvent plus l'utiliser sur leur téléphone professionnel.

Plus spécifiquement, Tiktok a reconnu l'envoi en Chine des données personnelles des utilisateurs occidentaux, à commencer par les Français. Une pratique à laquelle Tiktok s'est engagé à mettre fin à l'avenir. Ces relations opaques avec le pouvoir chinois suscitent désormais les mêmes craintes concernant les géants du e-commerce, désormais aussi bien implantés en Occident que Tiktok.

En outre, PDD, la maison-mère de Temu, avait déjà fait face à de précédents soupçons d'espionnage. Cette holding avait développé une offre similaire, baptisé Pinduoduo. La plateforme avait été épinglée en raison de la présence d'un logiciel espion, permettant de surveiller ses utilisateurs.

Victoria Beurnez