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Après les émeutes, comment ces écoles ont "tout fait pour rouvrir" pour la rentrée

250 établissements scolaires ont été endommagés durant les émeutes qui ont secoué le pays cet été. Cinq d'entre eux ne pourront pas rouvrir du tout. Travaux en un temps record, dispersion des élèves ou transfert dans une autre école... Plusieurs communes nous ont confié comment elles s'étaient organisées pour garantir à chaque élève "une solution viable" d'ici la rentrée, comme l'a promis Gabriel Attal.

"C'était inespéré". À Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), les élèves vont pouvoir faire la rentrée scolaire sur les bancs de leur école dès lundi. "J'ai 250 élèves qui sont à la rue", déclarait pourtant mi-juillet le maire de la ville Serge De Carli, alors que l'école Albert Lehlen venait d'être incendiée au cours des émeutes qui ont secoué la France après la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier.

Décontamination, nettoyage, peinture, carrelage, électricité... Pendant les vacances d'été, la mairie a dû faire des pieds et des mains pour pouvoir rouvrir l'établissement à temps. Pas moins de six entreprises ont été mobilisées pour reconstruire le rez-de-chaussée et la cage d'escalier en un temps record: seulement six semaines, pour des travaux qui auraient en temps normal duré trois mois, selon Élise Augé.

Une reconstruction en un temps record

"Ce n'est pas un miracle", souffle la directrice générale des services de la ville à BFMTV.com, "mais plutôt une volonté commune de faire en sorte que les choses avancent vite. On a tout fait pour pouvoir rouvrir.

Élise Augé affirme que pour mettre en œuvre ces travaux, dont le coût est en cours d'estimation, certains employés de la commune ont accepté de raccourcir ou d'annuler leurs vacances de façon exceptionnelle. "Ils ont fait ce sacrifice-là pour que des enfants aient une école à la rentrée. Ce n'est pas neutre".

"Chaque élève aura le droit à une solution viable pour la rentrée", avait d'ailleurs promis le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal fin août, en visite à l'école endommagée Champollion de Dijon.

"Trouver une solution pour toutes les familles"

Mais les travaux de remise en état sont loin d'être aussi avancés partout. Certaines écoles, elles, n'auront d'autre choix que de faire appel à des établissements voisins pendant un moment. À La Verrière, (Yvelines) où deux écoles ont été complètement détruites, on s'adapte comme on peut. Dès lundi, les élèves devront aller dans un autre établissement en attendant, explique le maire Nicolas Dainville, qui affirme que "des salles de cours ont été aménagées dans le réfectoire".

"C’est à près de 30 minutes à pied du quartier, donc on est en train de mettre en place des navettes pour emmener les enfants matin, midi et soir”, poursuit-il.

Dans ce contexte, plusieurs communes voisines ont même été amenées à prêter des tables et des chaises et une cagnotte a également été lancée pour financer du matériel scolaire.

C'est aussi le cas des 240 écoliers de l'école élémentaire Marguerite Perey à Strasbourg (Haut-Rhin), qui vont être dispersés dans des établissements strasbourgeois voisins en attendant la fin des travaux de rénovation du hall, de la bibliothèque, de la salle polyvalente et des salles annexes qui ont été brûlés dans la nuit du 27 juin dernier.

"Notre souhait était de garantir la rentrée ici à Strasbourg, mais elle ne pourra se faire qu'à partir de la Toussaint", regrette Hülliya Turan, adjointe à la maire de Strasbourg en charge de l'éducation. L'élue assure que la commune a "vraiment œuvré à trouver des solutions pour toutes les familles", même si elle reconnaît qu'il demeure quelques "situations particulières". Ainsi, elle explique que "les CP et les CE2 seront scolarisés à l'école Langevin et les CM1 et CM2 à l'école Wurtz".

"Tout ne sera peut-être pas parfait le premier jour"

À Mâcon (Saône-et-Loire), la mairie a opté pour la même solution pour l'école maternelle Jean-Zay, qui a été ravagée dans la nuit du 29 au 30 juin. Les cinq classes (une centaine d'élèves) vont être réparties dans quatre autres groupes scolaires, situés entre 400 et 1500 mètres de l'école. Deux cars vont également être affrétés matin, midi et soir pour faire la navette entre ces écoles et l'ancien établissement.

Le maire Jean-Patrick Courtois, encore "profondément choqué" par cette attaque, se dit à la fois "serein" et "réaliste" par rapport à la rentrée scolaire, même si l'établissement initial ne devrait pas rouvrir puisque l'incendie a révélé des traces d'amiante. Il salue la flexibilité dont font preuve les enseignants et les parents d'élèves face à cette situation.

"Je ne garantie pas que tout sera parfait le premier jour", prévient l'élu, qui affirme avoir écrit à tous les parents pour les informer pendant l'été.

"Je leur ai dit: 'Rassurez-vous, vos enfants vont reprendre l'école... et dans des conditions matérielles satisfaites!", raconte le maire. "Tout le monde aura un toit et une chaise sur laquelle s'asseoir. Laissez-moi trois jours pour ajuster les choses au mieux. Nous allons faire tout ce que nous le pouvons pour que tout roule'".

"Ça a un coût"

L'école maternelle Robert Desnos du Petit-Quevilly (Seine-Maritime), dont la partie restauration et la salle de jeux ont été incendiées en juillet, ne rouvrira pas de sitôt non plus, car elle se trouve dans un quartier en plein renouvellement urbain et avait vocation à être démolie d'ici trois à quatre ans.

En attendant que la ville et l'Éducation nationale tranchent sur son sort, les 80 élèves de l'école de quartier seront tout simplement accueillis à 600 mètres, dans les locaux de l'école Jean-Baptiste Clément qui avait été agrandie il y a plus d'un an en vue de l'arrivée de nouveaux habitants.

"Ça a tout de même un coût. Il a fallu commander du nouveau mobilier et matériel pédagogique", confie la maire Charlotte Goujon. "On a récupéré et décontaminé - à l'aide d'une entreprise spécialisée - ce qu'on a pu dans l'ancien bâtiment mais beaucoup de choses ont été souillées par les dépôts de suie et de fumée et n'étaient pas réutilisables pour de jeunes enfants".

La mairie s'est donnée pour objectif "de rendre le moins difficile possible la rentrée pour les familles". Charlotte Goujon affirme étudier au cas par cas les situations familiales, "si jamais il y a une fratrie avec un enfant qui est scolarisé dans le quartier en école élémentaire pour éviter d’éloigner les familles".

Un peu plus de 12 millions d'écoliers, collégiens et lycéens en France doivent rentrer en classe lundi, dans près de 60.000 établissements publics ou privés. À la fin de l'été, Emmanuel Macron avait martelé sa volonté de "rebâtir la nation", en mettant l'accent sur l'école, et Gabriel Attal a voulu passer "un message de réassurance" lors de son déplacement dans une école dijonnaise endommagée par les émeutes fin août. "L'école, c'est l'âme de la République. Nous devons montrer aux Français que l'école se tient debout", avait-il notamment déclaré.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV