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Pourquoi des chirurgiens esthétiques veulent l'interdiction de la vente libre d'acide hyaluronique

Moins lourdes que les opérations de chirurgie esthétique classiques, les injections clandestines séduisent de plus en plus de femmes

Moins lourdes que les opérations de chirurgie esthétique classiques, les injections clandestines séduisent de plus en plus de femmes - BRENDAN SMIALOWSKI © 2019 AFP

A travers cette interdiction, les médecins veulent contrôler ou au moins réguler la pratique des injections illégales, en plein essor, qui peut faire des dégâts irréversibles sur les patients.

Face à une "croissance alarmante d'injections illégales" en France depuis trois ans, et aux dégâts que cette pratique peut causer, le SNCPRE (syndicat national de chirurgie plastique) a réagi dans une tribune publiée dans Le Parisien mercredi.

Il y demande "que la vente d’acide hyaluronique et des autres produits de comblement injectables soit contrôlée et que leur délivrance ne soit faite qu’aux médecins habilités à la pratique de ces actes".

L'acide hyaluronique est "un composant naturel de la peau dont il assure l’hydratation, l’élasticité et la cohésion", explique la Société française de dermatologie, mais sa quantité diminue à mesure que l'on vieillit. Des injections de ce produit peuvent alors permettre de gommer les rides, mais aussi de redessiner des parties du visage, en gonflant les lèvres par exemple.

Cela permet une "correction allant de la simple hydratation cutanée au traitement des rides plus ou moins marquées, jusqu’à la restructuration des volumes."

"Des centaines d’injecteurs, non-médecins, pratiquent des actes illégaux"

Si l'acide hyaluronique est visé dans la tribune de la SNCPRE, ce n'est pas directement ce produit le problème mais plutôt l'usage qui en est fait, en-dehors de toute pratique légale.

En France la loi est claire, "seul un médecin peut procéder à une injection, qui est une effraction cutanée", rappelle la DGCCRF (direction générale des de la répression des fraudes). Or, "actuellement, des centaines d’injecteurs, non-médecins, pratiquent des actes illégaux sur la population, en particulier la plus jeune et la plus vulnérable, à grand renfort de publicité sur les réseaux sociaux", déplorent les signataires de la tribune.

Et ces injecteurs illégaux peuvent aujourd'hui se fournir de l'acide hyaluronique, ou d'autres produits de comblement injectables, "librement en pharmacie ou chez des distributeurs en ligne".

Certains s'injectent également eux-mêmes "ces produits, par exemple pour augmenter le volume des lèvres, en suivant des pseudo-modes d'emploi disponibles sur des vidéos en ligne", écrivent-ils.

Contrôler ce produit serait donc, pour les médecins, un moyen de limiter et de contrôler les injections sauvages.

"Les victimes sont parfois défigurées à vie"

Car ces injections sont loin d'être sans risque et la santé des clientes est en jeu. Elles "sont pourvoyeuses de complications souvent irréversibles", écrivent les chirurgiens de la SNCPRE, "dans certains cas, elles ont pu conduire à des septicémies, des gangrènes et des hospitalisations en réanimation, engageant le pronostic vital de jeunes patients."

"Les victimes sont parfois défigurées à vie et brisées psychologiquement. Elles n’osent porter plainte, car souvent victimes de menaces physiques", ajoutent-ils.

Sur son site, le ministre de la Santé alerte également sur le "risque d’infection" qui "existe en cas de non-respect des règles d’asepsie, de même qu’un risque de nécrose dans le cas d’une injection mal réalisée qui viendrait rompre ou boucher un vaisseau".

Plusieurs influenceurs ont déjà été épinglés, parfois à plusieurs reprises, pour faire la promotion de centres pour des injections de ce type, alors que les personnes les pratiquant ne sont pas médecins. Mais ces derniers attirent tout de même une clientèle, car les prix affichés sont beaucoup moins élevés que chez un médecin.

Une loi sur la régulation des influenceurs est examinée cette semaine à l'Assemblée nationale. Le texte crée, entre autres, l'interdiction, pour un influenceur, de faire la promotion de la chirurgie esthétique.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV