BFMTV
Santé

"Il ne pouvait pas se lever": le père d'un enfant malade après avoir mangé une pizza Buitoni témoigne

Mercredi, les autorités sanitaires ont formellement établit un lien entre des pizzas surgelées de la marque Buitoni et plusieurs cas d'intoxication alimentaire grave, causées par la bactérie "E. coli".

Allongé sur son lit d'hôpital, le teint blafard, Liam regarde péniblement la caméra qui le prend en photo. Le cliché a été pris le 28 janvier par son père, lors du premier jour d'hospitalisation de l'enfant à Poissy (Yvelines). Le petit garçon de 7 ans souffre d'un syndrome hémolytique et urémique, une maladie infectieuse qui trouve son origine dans la bactérie "E. coli", dont la présence a été confirmée dans des pizzas Fraîch'Up de la marque Buitoni.

"Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une maladie le plus souvent d’origine alimentaire, rare en France mais potentiellement grave aux âges extrêmes de la vie; elle est la principale cause d’insuffisance rénale aiguë chez les enfants de moins de trois ans", résume le ministère de la Santé.

"C'est une bactérie qui développe une toxine, et qui s'attaque aux organes. Pour notre fils Liam, ça s'est attaqué aux reins, avec des petits marqueurs au pancréas", déclare aujourd'hui le père de Liam, Geoffrey Luzinski.

Quelques heures après avoir consommé une pizza

Peu avant son hospitalisation, le petit garçon avait consommé une pizza de la marque Buitoni. Ce mercredi, les autorités sanitaires françaises ont confirmé que le mal dont il avait été saisi pouvait avoir un lien direct avec la consommation du produit.

Des analyses "ont confirmé un lien entre plusieurs cas (de syndrome hémolytique et urémique, NDLR) et la consommation de pizzas surgelées de la gamme Fraîch’Up de la marque Buitoni contaminées par des bactéries Escherichia coli", a établi dans un communiqué la Direction générale de la santé (DGS).

Pour Liam, les symptômes se sont développés seulement quelques heures après la consommation de la pizza. À l'hôpital, "il était allongé dans son lit, il ne bougeait pas. Il avait une couche, il ne pouvait pas se lever, il ne parlait pas", se souvient son père.

Un ancien salarié dénonce les conditions de fabrication

Trois mois après, l'origine de la maladie de son fils lui semble toujours irréelle.

"On ne peut pas retrouver son enfant à moitié lymphatique, dans un état où il n'arrive pas à se lever, juste parce qu'il a mangé une pizza. Ce n'est pas possible", s'exaspère-t-il.

Depuis le 18 mars, date à laquelle la DGS a lancé un retrait-rappel de l'ensemble des pizzas de la gamme Fraîch'Up Buitoni, le groupe Nestlé a fermé deux lignes dans son usine située à Caudry, dans le Nord. Un ancien salarié - parti il y a à peu près un an - a dénoncé sur RMC les conditions de fabrication sur ce site, affirmant avoir vu "des champignons au mur", "des mégôts de cigarettes" dans "des bacs de rattrapage de sauce" ou encore des "vers de farine".

Le directeur général industriel de Nestlé, Jérôme Jaton, a déclaré mercredi être "de tout cœur avec ces familles qui ont des cas d'intoxication", en précisant qu'un numéro vert avait été mis en place: 0800 22 32 42.

Mort de deux enfants

En plus du cas de Liam, la Direction générale de la santé indique que 74 autres cas sont en cours d'investigation. "Les enfants malades sont âgés de 1 à 18 ans avec un âge médian de 7 ans. Deux enfants sont décédés", continue la DGS.

Sur Twitter, le compte de Buitoni, qui n'avait plus publié depuis 2019, a mis en ligne mercredi en fin de journée un communiqué, indiquant que "la production ne redémarrera pas tant que les causes de cette contamination n'auront pas été identifiées pour permettre de prendre les mesures correctives qui s'imposeront".

La Direction générale de la santé rappelle que les symptômes qui doivent alerter les parents interviennent dans les 15 jours suivant la consommation du produit infecté, et se caractérisent par de la diarrhée, des douleurs abdominales et des vomissements. Mais également une grande fatigue, un teint pâle et une diminution du volume des urines, "qui deviennent plus foncées".

Si rien ne se manifeste après deux semaines, "il est également rappelé qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter".

Anne-Sophie Warmont et Domitie Bertaud avec Jules Fresard