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Covid-19: l'optimisme de l'exécutif face aux "signaux encourageants" de la pandémie

Tente devant une pharmacie à Paris pour effectuer un test Covid-19, le 23 décembre 2021

Tente devant une pharmacie à Paris pour effectuer un test Covid-19, le 23 décembre 2021 - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

Alors que la levée des restrictions s'est accélérée ce mercredi, avec l'abandon du port du masque à l'extérieur et la levée des jauges, l'exécutif affiche son optimisme quant à l'évolution de l'épidémie de Covid-19 en France. Pour Olivier Véran, "le pire est derrière nous", même si l'arrivée de mauvaises "surprises" ne peut pas encore être exclue.

"Le pire est derrière nous". Sur le plateau de BFMTV ce mercredi soir, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est voulu confiant, alors que la circulation virale semble commencer à marquer le pas en France.

"On a fait le plus dur. On a vécu le pire des vagues depuis deux ans. Même si on avait d'autres vagues, on a toutes les raisons de penser que ce serait des variants moins dangereux", a ajouté le ministre.

Depuis plusieurs semaines, le ton est en effet à l'optimisme au sein de l'exécutif, vis-à-vis de l'évolution de l'épidémie de Covid-19. "Nous constatons que la tendance s'inverse depuis la fin de semaine dernière, avec une diminution du taux d'incidence sur le plan national", a souligné Gabriel Attal mercredi, soulignant des "signaux encourageants".

Signe de cet optimisme, le gouvernement a maintenu la première étape de son calendrier de réouverture. Depuis mercredi, le port du masque n'est plus obligatoire en extérieur, les jauges dans les lieux recevant du public assis sont abandonnées et le télétravail n'est plus imposé mais seulement recommandé.

Le 16 février prochain, dans deux semaines, les discothèques, fermées depuis le 10 décembre, pourront rouvrir et les concerts debout seront à nouveau autorisés. La consommation au comptoir sera également possible dans les bars ainsi que dans les cinémas, transports et stades.

Décrue dans les services de réanimations

Cette décrue, si elle doit être relativisée, se voit dans les chiffres. Avec 315.363 cas positifs recensés mercredi, la circulation virale ralentit. Le nombre de patients hospitalisés - 32.720 au 2 février - est toutefois supérieur à celui de la première vague. "On est en train d'arriver au pic des hospitalisations", a assuré Olivier Véran sur notre plateau.

Le nombre de patients en réanimation, lui, a tendance à baisser et est repassé en-dessous du seuil critique des 4000, avec 3700 malades mercredi, contre 3751 la veille et 3712 la semaine précédente. "Globalement, à l'échelle du pays, on a dépassé le pic. L'évolution naturelle, c'est plutôt qu'on sorte de cette vague (...) Nous avons passé le pic des réanimations depuis une dizaine de jours", a détaillé le ministre.

Ce qui laisse entrevoir la lumière au fond du tunnel, pour de nombreux scientifiques.

"Le scénario du pire s'éloigne, la décrue a commencé, le pic des infections a été passé ces jours-ci (...) en Île-de-France. Ce sera un petit peu plus tard pour les autres régions françaises", a ainsi pointé l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, lundi sur France Inter.

D'après les projections, "le nombre d'infections va décroître considérablement pendant le mois de février, et au mois de mars, on devrait être à un niveau très bas".

Vers une levée anticipée du pass vaccinal?

"Sous réserve d'une mauvaise surprise avec le sous-variant BA.2", le "petit frère" d'Omicron, le pire semble vraiment être passé, selon Olivier Véran. "C'est clair que nous pouvons envisager cette perspective [de sortie de crise, NDLR] pour peu qu'il n'y aient pas de mauvaises surprises", abonde le Dr Imad Kansau, infectiologue à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), interrogé ce jeudi sur BFMTV.

Un début d'embellie qui peut conduire à une levée anticipée du pass vaccinal, pour le moment prévue en juillet.

"Aujourd'hui, la fin, on la connaît, c'est dans la loi, c'est juillet. Mais, si nous pouvons supprimer le pass vaccinal avant, nous le ferons", a promis le ministre de la Santé sur BFMTV. "Quand on aura libéré des places en réanimation, s'il n'y a pas de nouveau variant en circulation, l'utilité du pass vaccinal sera discutée", a-t-il encore affirmé. 
Avec la "dynamique épidémique actuelle", il est "probable" que fin du pass vaccinal "soit bien avant le mois de juillet". "On va revivre ce moment-là, si l'épidémie suit son cours avec une baisse d'Omicron, ce sera au printemps", a-t-il estimé.

"Ça ne va pas s'arrêter d'un coup de baguette magique"

À rebours de l'optimisme affiché par l'exécutif, des voix s'élèvent, au sein de la communauté scientifique pour critiquer cette stratégie de réouverture. "Nous sommes sur un plateau extrêmement haut et il est très peu probable que cela redescende avant la fin de l'hiver. Il n'est pas raisonnable de parler de sortie de crise, même si la tension diminue et que tout le monde a envie de l'entendre", alerte Djillali Annane, chef de réanimation à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) dans les colonnes du Monde.

Au sein du même établissement, l'infectiologue et référent Covid-19 Benjamin Davido appelle également à la prudence.

"Au-delà du nombre de décès, il faut très clairement réaliser qu'en réalité, ça ne va pas s'arrêter d'un coup de baguette magique. Et moi, ce qui me fait le plus peur en réalité, c'est que l'on soit dans cette d'ivresse de complaisance en se disant: ça y est, la vague Omicron a eu raison de nous, comme au Danemark, comme en Angleterre", a-t-il prévenu ce jeudi sur franceinfo.

"Il faut agir, il faut anticiper et que très clairement le scénario, le plus probable serait que le virus revienne à l'automne prochain", a-t-il ajouté.

Pour William Dab, cité par nos confrères du Monde, "même s'il faut être très pragmatique et desserrer dès que l'on peut les contraintes, il est un peu tôt".

L'épidémiologiste, qui appelle à "ne pas faire comme si [la menace] était derrière nous" se dit "frappé de voir que le scénario retenu pour la communication de l'exécutif est toujours le plus optimiste".
Fanny Rocher