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Soulèvements de la Terre: le collectif dénonce "une dissolution très politique" et "inquiétante"

Un rassemblement organisé pour protester contre la procédure de dissolution des "Soulèvements de la Terre", à Nantes (Loire-Atlantique) le 19 avril 2023.

Un rassemblement organisé pour protester contre la procédure de dissolution des "Soulèvements de la Terre", à Nantes (Loire-Atlantique) le 19 avril 2023. - Sébastien Salom-Gomis

Gérald Darmanin a confirmé ce mardi vouloir dissoudre les Soulèvements de la Terre et a annoncé qu'il présenterait un décret en ce sens mecredi en Conseil des ministres. Le collectif écologiste a dénoncé un décision "très politique" et "inquiétante".

Les Soulèvements de la Terre ont dénoncé ce mardi la confirmation de l'annonce de dissolution formulée à leur encontre par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, dont le décret doit être présenté en Conseil des ministres mercredi.

Il s'agit d'une "dissolution très politique et particulièrement inquiétante", a critiqué le collectif.

Cette dissolution a été "réclamée directement au chef de l'État par l'agro-industrie et la FNSEA" et "essayer de faire taire les Soulèvements de la terre est une vaine tentative de casser le thermomètre plutôt que de s'inquiéter de la température", estime le mouvement écologiste radical dans un communiqué.

Darmanin invoque les forces de l'ordre blessées

Le ministre de l'Intérieur a lui défendu le décret de dissolution des SLT en faisant valoir qu'"aucune cause ne justifie qu'on blesse des policiers et des gendarmes". Mercredi dernier, le président Emmanuel Macron avait pressé, en Conseil des ministres, la Première ministre Elisabeth Borne de donner son feu vert au décret de dissolution préparé par Gérald Darmanin.

Le dossier juridique de dissolution s'est avéré complexe juridiquement, entraînant un blocage de deux mois après une première annonce de la dissolution formulée par le ministre de l'Intérieur fin mars.

En réaction à quatorze interpellations et placements de militants écologistes en garde et en prévision de l'annonce officielle de la date de leur dissolution, les Soulèvements de la Terre ont appelé à des rassemblements devant les préfectures de France mercredi à 19h. Une deuxième appel à rassemblement a été formulé pour le 28 juin "au soir partout en France également".

Lyon-Turin, Sainte-Soline

Les Soulèvements de la terre se sont aussi illustrés ce week-end lors d'une manifestation organisée dans la vallée de la Maurienne, interdite par le tribunal administratif mais qui a réuni entre 3000 et 4000, en opposition au projet de ligne de train à grande vitesse entre Lyon et Turin. 27 étrangers sous interdiction administrative de territoire français y ont été interpellés. Les Soulèvement de la Terre avaient alors fait état "d'une cinquantaine" de blessés dans leurs rangs au cours de la manifestation. Le ministère de l'Intérieur avait quant à lui annoncé que douze gendarmes avaient été blessés.

Ils avaient été mis en cause récemment lors d'une manifestation en Loire-Atlantique contre l'extension d'une carrière de sable, en raison d'actions coups de poing violentes.

Ce collectif hétéroclite a fait la Une de la presse pour ses actions contre les bassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) à l'automne dernier et en mars. En mars, la manifestation interdite avait donné lieu à de violents affrontements entre les gendarmes et les opposants à ces retenues d'eau.

Naissance du mouvement en 2021

Les Soulèvements de la terre sont nés en janvier 2021 dans l'ex-ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes, avec deux objectifs: "lutter contre l'artificialisation et contre l'accaparement agro-industriel", détaille pour l'AFP Benoît Feuillu (un pseudonyme), un des porte-parole du mouvement et ex-militant de Notre-Dame-des-Landes, selon une source policière.

"On est un mouvement, une coalition d'organisations, d'habitants de territoires en lutte, de syndicats, de fermes, de paysans..." soit "une coalition relativement hétérogène", revendique-t-il.

Il s'agit d'un groupement "de fait", c'est-à-dire pas formellement déclaré comme association. Son fonctionnement se veut horizontal, avec des comités locaux mobilisés sur des projets emblématiques.

G.G. avec AFP