Pour Fabien Roussel, Gérald Darmanin "porte le pire bilan" mais "sait écouter les gens"

Le communiste critique Gérald Darmanin l'accusant de ne pas "apporter les bonnes réponses", tout en saluant "un élu local" "qui vient du Nord". Le ministre de l'Intérieur manque pourtant rarement une occasion d'attaquer La France insoumise, principal partenaire du PCF.

Clarifier (un peu) une position qui a fait tousser sur les bancs de la gauche. Fabien Roussel a pris modérément ses distances avec Gérald Darmanin sur son éventuelle arrivée dans un gouvernement dirigé par l'actuel ministre de l'Intérieur.

"Nous serons toujours prêts à participer à un gouvernement si celui-ci agit en faveur du monde du travail. Comment pourrions-nous l’imaginer avec un de ces ministres qui portent le pire bilan en faveur du monde du travail. Jamais!", a répondu le patron du parti communiste auprès du Figaro ce mardi soir.

Non "à un gouvernement qui porte le bilan de Macron"

De quoi essayer d'apaiser les esprits après un article dans Le Monde. Dans un long portrait sur le locataire de la place Beauvau, l'ancien candidat à la présidentielle aurait affirmé qu’il pourrait entrer dans son gouvernement en cas de nomination à Matignon pour remplacer Élisabeth Borne. Tout en jugeant ce scénario improbable, "connaissant la politique qu’il défend aujourd’hui".

Rebelote dans les colonnes de Libération ce mercredi matin. "Les communistes n'ont pas participé au gouvernement de François Hollande parce qu'on le trouvait trop mou. Ce n'est pas pour dire demain qu'on participe au gouvernement d'un homme qui porte le bilan d'Emmanuel Macron".

"Il sait écouter les gens, il vient du Nord"

Avant une prise de distance toute relative: "Mais je le redis: nous, communistes, dans notre histoire, nous ne disons jamais non par principe".

"Et je le répète: Gérald Darmanin sait écouter les gens, il vient du Nord, a été élu local. Mais ça ne veut pas dire qu'il apporte les bonnes réponses", avance encore le communiste.

Les deux hommes se connaissent très bien. La circonscription de Fabien Roussel ne se situe qu'à quelques encablures de Tourcoing, la ville de l'ancien LR. En 2021, ces deux figures politiques ont même inauguré conjointement une impasse au nom du grand-père du ministre à Saint-Amand-les-Eaux. Moussa Oukif s'est battu dans un régiment de tirailleurs de l'Algérie française pour libérer la commune pendant la seconde guerre mondiale.

Darmanin tape à nouveau sur "une partie de l'extrême gauche"

Gérald Darmanin est pourtant honni par les insoumis autour de qui s'est organisée l'union de la gauche à l'Assemblée nationale lors des dernières législatives. Le ministre de l'Intérieur a eu des mots durs à leur encontre pendant les débats sur la réforme des retraites, les accusant de "bordéliser" le Parlement ou de "terrorisme intellectuel" ce dimanche.

"La terreur existe pour des policiers et des gendarmes, une partie de l'extrême gauche est dans une forme de violence. Quand on coupe la tête, sur un ballon de foot, d'un ministre, ça n'apaise pas les esprits", a encore jugé le ministre de l'Intérieur sur BFMTV ce mardi matin.

"On tient le début d'une blague Carambar"

Autant dire que la proximité affichée de Fabien Roussel avec la place Beauvau fait grincer des dents au sein de La France insoumise. D'autant plus que le communiste a appelé à "parler à toute la gauche", jusqu'à Bernard Cazeneuve, l'ancien Premier ministre de François Hollande, ce lundi

"'Responsabilité', 'crédibilité' et 'espérance' avec Cazeneuve et Roussel. Il manque Darmanin et on tient le début d'une blague Carambar", a grincé le député insoumis Bastien Lachaud sur son compte Twitter.

Ce soutien nuancé à Gérald Darmanin n'est que le énième épisode de vives tensions entre LFI et Fabien Roussel. Après s'être affrontés sur le rôle des forces de l'ordre ou de la stratégie parlementaire sur la réforme des retraites, les communistes qui voulaient organiser une marche vers l'Élysée pour dire non à la réforme des retraites avec toute la Nupes ont essuyé un refus de LFI.

Marie-Pierre Bourgeois