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TOUT COMPRENDRE - Comment se déroulent les élections sénatoriales qui ont lieu ce dimanche?

L'hémicycle du Sénat le 17 décembre 2020 (illustration)

L'hémicycle du Sénat le 17 décembre 2020 (illustration) - THOMAS SAMSON / AFP

Ce dimanche le Sénat est renouvelé par moitié. L'équilibre politique du Palais du Luxembourg ne devrait pas être modifié. Mais chaque changement est à scruter de près pour une instance qui prend une place particulière depuis que les dernières législatives ont conféré une majorité relative au camp présidentiel à l'Assemblée nationale.

C'est bientôt le jour J pour les élections sénatoriales. Ce dimanche, 170 des 348 sièges, qui composent la chambre haute du Parlement sont remis en jeu. Traditionnellement peu suivie par les Français, du fait de son scrutin au suffrage universel indirect, cette échéance n'en demeure pas moins importante. BFMTV.com vous présente ses enjeux et son fonctionnement.

Ce dimanche les Français pourront rester chez-eux. Inutile de se rendre aux urnes. Les sénateurs sont désignés par les "grands électeurs". Soit un large système d'élus -au nombre environ de 162.000- composé essentiellement de délégués des conseillers municipaux. Le mode de scrutin est majoritaire ou proportionnel, en fonction du nombre de sénateurs à élire dans les départements.

Tous les membres du Palais du Luxembourg ne sont pas concernés. L'instance est renouvelée par moitié tous les trois ans. Sont concernés cette année: les circonscriptions dans les départements allant des numéros 37 (Indre-et-Loire) à 66 (Pyrénées-Orientales), mais aussi 6 collectivités ultra-marines ainsi que 6 sièges de sénateurs représentant les Français de l'étranger.

Autant le dire tout de suite: les sénatoriales, sauf immense surprise, ne vont pas boulverser les rapports de force du Sénat. La chambre haute a toujours été à droite depuis 1958 et la création de la Ve République, en dehors d'une période dominée par les socialistes entre 2011 et 2014. Cette tendance a peu de chances de s'inverser, d'autant plus au regard des dernières municipales, en 2020, durant lesquelles la droite s'est bien défendue. Ce qui lui assure de fait un nombre important d'élus locaux.

Le groupe Les Républicains, composé de 145 sénateurs, devrait donc conserver sa mainmise au Palais du Luxembourg, aux côtés de ses alliés centrises (57 élus). Ces derniers espèrent néanmoins rééquilibrer quelque peu le rapport de force au sein de la majorité. En ce sens, ils scruteront de près les résultats à Paris, où deux listes dissidentes ont été présentés en plus de celle défendue officiellement par LR.

En face, la gauche, composée d'une alliance entre les socialistes (64 élus), les communistes (15) et les écologistes (12), espère atteindre la barre symbolique des 100 sénateurs. Pour ce faire, il lui faudrait glaner 9 strapontins. Ce gain ne serait pas seulement symbolique, il lui permettrait de peser sur des votes qui se jouent à quelques voix.

Les macronistes, représentés par 24 élus, chercheront quant à eux à limiter la casse, alors qu'ils ne sont pas parvenus à un accord national avec leurs alliés d'Horizons et du MoDem - qui comptent tous deux 5 sénateurs - même si l'union a pu se faire dans la plupart des circonscriptions. L'ex-Premier ministre Édouard Philippe espère que quelques-uns de ses fidèles entreront au Palais du Luxembourg pour que son parti pèse davantage en vue de la prochaine présidentielle, en 2027.

Peu implanté localement, le Rassemblement national espère néanmoins remporter quelques sièges dans des bastions qui lui réussissent électoralement: la Moselle, le Nord et le Pas-de-Calais, département où Marine Le Pen est députée. Le parti à la flamme a perdu son dernier sénateur l'an dernier, lorsque Stéphane Ravier a rejoint Éric Zemmour durant la campagne présidentielle.

• Quel est le rôle du Sénat?

Le Sénat a pris une place particulière depuis les dernières élections législatives, en juin 2022. Cette échéance a abouti sur un changement majeur: le camp présidentiel ne détient plus qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale. En conséquence, le gouvernement cherche des accords avec les oppositions sur ses projets de loi. Jusqu'ici, il privilégie la droite. Or, celle-ci se montre davantage fiable pour l'exécutif au Sénat, où elle détient la majorité.

La réforme des retraites fait office de jurisprudence. Divisés à l'Assemblée nationale, les députés LR n'ont jamais été en mesure d'assurer leur soutien à l'exécutif, qui a finalement dégainé le 49.3. Avant de se ranger derrière le vote favorable du Palais du Luxembourg pour défendre la légitimité de son texte. Tout un symbole. Un autre: certains textes passent désormais au Sénat, avant d'atterrir à l'Assemblée. Chacun y trouve son intérêt. L'exécutif peut se prévaloir auprès des députés LR d'un projet de loi voté par leurs homologues sénateurs; ces derniers peuvent modifier la mouture du gouvernement.

Pour autant, n'allez pas croire que le Sénat est devenu le meilleur allié de l'exécutif. Ce serait oublier sa mission de contrôle du gouvernement et d'évaluation des politiques publiques. La chambre haute a ainsi fait montre de son indépendance à de nombreuses reprises ces dernières années et encore récemment. Les exemples de commissions d'enquête sont nombreux, que ce soit sur l'affaire Benalla, la gestion de la crise du Covid-19, le recours aux cabinets de conseils, ou le Fonds Marianne. Autant de cas où le Sénat a agi comme un contre-pouvoir.

Baptiste Farge