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Réforme des retraites: pour Élisabeth Borne, "le sujet n'est pas tellement de travailler 2 ans de plus"

Élisabeth Borne à l'Assemblée nationale le 7 février 2023

Élisabeth Borne à l'Assemblée nationale le 7 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP

La Première ministre affirme à nouveau sa détermination à faire aboutir le recul de l'âge de départ à la retraite, jugeant "ne pas le faire par plaisir". "Il faut beaucoup d'écoute et d'humilité", affirme encore la locataire de Matignon.

Faire le dos rond. Élisabeth Borne tente à nouveau d'arrondir les angles en plein examen de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale tout en maintenant sa détermination et en allant sur le terrain du bien-être au travail.

"Dans ma circonscription, pour un certain nombre de citoyens, le sujet, ce n’est pas tellement de travailler 2 ans de plus, c’est qu’ils ne sont pas heureux dans leur travail", juge la locataire de Matignon dans les colonnes du quotidien.

"Un sujet très sensible dans notre pays"

Si les Français restent massivement opposés à la réforme des retraites à 65% d'après le dernier sondage Elabe pour BFMTV, la cheffe du gouvernement voit dans ce rejet la question du bien-être dans la vie professionnelle.

"C’est un sujet très sensible dans notre pays (...). Il faut beaucoup d’écoute et d’humilité, d’autant que notre système est compliqué et mal connu", avance ainsi ce jeudi soir la Première ministre interrogée par les lecteurs de La Voix du Nord.

En pleine réforme des retraites, plusieurs membres du gouvernement ont insisté sur "le rapport au travail" à l'instar de Gabriel Attal, chargé du Budget qui a mis en avant la semaine de quatre jours expérimentée à l’Urssaf.

"Choquée d'entendre dire" que la réforme va pénaliser les femmes

Élisabeth Borne a également défendu l'impact de la réforme des retraites sur les femmes. Elles seront "un peu pénalisées" par le report de l'âge légal qui passera à 64 ans en 2030, selon les dires du ministre chargé des Relations avec le Parlement français Franck Riester.

"Je suis assez choquée d’entendre dire" cela. "Évidemment, je ne porte pas une réforme qui les pénalise. (...) Aujourd’hui, souvent, elles continuent à travailler mais elles sont pénalisées par des moindres rémunérations, et des temps partiels subis", a affirmé la Première ministre.

Selon l'étude d'impact du projet de loi, les femmes seront plus touchées que les hommes par le report de l'âge de départ à la retraite. En contrepartie, leurs pensions augmenteront un peu plus que celles des hommes grâce à cette réforme.

Des pénalités "dès cette année" sur l'emploi des seniors

La question de l'emploi des seniors est également l'un des points qui bloquent parmi les syndicats. Passé l'âge de 60 ans, le taux d'emploi chute très fortement à 35,5% et même à 20% après 64 ans d'après les chiffres du ministère du Travail.

Après avoir déjà confirmé que l'exécutif reprendra l'extension de l'index senior aux entreprises de plus de 50 salariés pour décompter leur présence en entreprise et évoqué des sanctions financières, Élisabeth Borne détaille le procédé choisi par le gouvernement.

Elles seront mises en place "dans les grandes entreprises, dès cette année, avec des pénalités si elles refusent de le remplir ou si l’index est mauvais et qu’aucun plan d’action n’est proposé".

"On doit changer de regard sur les seniors en entreprises, arrêter de se priver de leurs compétences et de leur expérience en leur dégageant du temps par exemple pour du tutorat. Il faut changer les pratiques", ajoute encore la Première ministre, sans avancer de pistes précises.

Cela sera-t-il suffisant pour convaincre? À 2 jours d'une nouvelle mobilisation ce samedi, plus de 4 Français sur 10 souhaitent que le mouvement se durcisse, sous la forme d'une mobilisation plus importante, de blocages ou encore de grèves reconductibles d'après l'institut Elabe.

Marie-Pierre Bourgeois